Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Création du Cercle d’étude de la déportation et de la Shoah

Journée d’étude du 6 décembre 1997
samedi 6 décembre 2008

Discussion sur la nécessité de créer un cercle d’étude entre les participants : Hubert Tison, Annette Wieviorka, Charles Baron, Raphaël Esrail, Jacques Delbrel, Roland Brunet, le Colonel Mercier, Henry Bulawko, et du voyage des professeurs à Auschwitz 1994, Jacqueline Cancel, Françoise Bottois, Marie Paule Hervieu, Nicole Mullier.

Journée d’étude du 6 décembre 1997

(L’idée du Cercle d’Etude de la Déportation et de la Shoah a été lancée le 6 décembre 1996 au cours de la première journée d’étude organisée au lycée Edgar Quinet sur le négationnisme et l’enseignement de la Déportation et de la Shoah.)

Hubert Tison : Nous allons évoquer le Cercle d’Etude et considérer la journée d’aujourd’hui comme l’exemple d’une séance. Nous avons entendu des travaux d’historiens (les archives), des témoignages émouvants sur les ghettos, vu le film "20 ans après Auschwitz", par contre les expériences pédagogiques n’ont pas été abordées.

Le Cercle d’Etude, nous le voulons souple et bicéphale, l’Amicale d’Auschwitz et l’APHG travaillant de concert. Des collègues ont déjà manifesté leur intérêt et leurs souhaits et présenté des projets pédagogiques (collège d’Anduze notamment).

Annette Wieviorka souligne l’importance de créer des Cercles d’Etude interdisciplinaires avec la participation des professeurs de français, de philosophie, de langues, les documentalistes. On doit créer un lieu où l’on apprend. En effet, le travail des historiens se fait à côté des anciens déportés et ceux des ghettos. Il faut qu’il y ait des échanges. En commun on doit pouvoir s’enrichir réciproquement.

Hubert Tison : Le maximum de potentialités doivent être réunies dans le Cercle d’Etude, avec comme pivot l’APHG, qui, bien qu’association indépendante doit, avoir sur le sujet des relations privilégiées avec l’Inspection Générale et les IPR de l’Education Nationale.

La discussion s’élargit en évoquant le prix Charles Corrin et les difficultés rencontrées par des professeurs pour développer des initiatives au sein de certaines académies. Tel a été le cas de Françoise Bottois qui fit part des difficultés qu’elle a initialement rencontrées, dans l’Académie de Rouen. Par un travail personnel énorme, elle vient de créer une association d’élèves :
" N’oubliez pas les enfants d’Auschwitz " et de participer activement à l’écriture du livret du film (FR3) " Le passage du témoin ", dont on s’accorde à reconnaître les qualités pédagogiques. En trois ans, Françoise Bottois conjointement avec une ancienne déportée Denise Holstein, ont rencontré plus de 10.000 élèves de l’Académie de Rouen.

Annette Wieviorka, parle de l’évolution positive et des progrès, réservés à l’enseignement de la Shoah, depuis une quinzaine d’années. Néanmoins des difficultés apparaissent dès lors qu’un professeur veut entreprendre une innovation. L’administration préfère (en général) que rien ne bouge. Quant aux collègues plutôt individualistes, ils admettent mal les initiatives. Ceci n’est pas spécifique à notre actuel débat, mais propre à l’enseignement secondaire de notre pays.

Charles Baron (ancien déporté) parle de ses nombreuses rencontres avec les jeunes et leur intérêt par cette période notre histoire. Très récemment à Confolens, ville de 3500 habitants, il a participé à une exposition sur la Résistance et la Déportation qui a vu passer quelque 600 personnes et s’interroge sur le motif de ce réel succès.

Raphaël Esrail (secrétaire général de l’Amicale d’Auschwitz) rappelle comment est née l’idée de création de " Cercles d’Etude". Les participants aux voyages à Auschwitz souhaitaient se retrouver et continuer des relations de travail et personnelles. Pour l’Amicale, c’est aussi un moyen de poursuivre un dialogue avec les professeurs et d’entreprendre une analyse qualitative de tels voyages. En outre, chacun aspire à approfondir des questions historiques et pédagogiques et organiser un creuset d’échanges d’idées et d’expériences dans la pluridisciplinarité.

En un premier temps il suggère de créer un Cercle d’Etude " test " dans la région parisienne qui soit d’une qualité telle que ceux qui ne sont pas naturellement conviés à y participer en aient le désir. La plage des sujets abordés devrait être étendue avec une large place réservée aux expériences pédagogiques.

Jacques Delbrel souhaite que l’on soit concret et explique qu’étant enseignant dans un village de Dordogne, il n’a jamais vu l’Inspection Régionale ou l’APHG inciter à un travail de mémoire. En ce qui le concerne, il est disposé à un être un relais régional, mais demande pour commencer à recevoir des éléments concrets. Il est persuadé que, s’il en était ainsi, très vite des personnes se joindraient aux travaux.

Roland Brunet synthétise les différentes idées en montrant que l’Amicale et l’APHG veulent en quelque sorte créer une Université de la Résistance, de la Déportation et de la Shoah qui n’existe pas institutionnellement.

Pour cela, il faut d’abord faire connaître nos projets et demander à l’APHG de se mettre en rapport avec les associations professionnelles, celle des philosophes (dont il est président), celles des professeurs de langues, de lettres etc. afin qu’elles véhiculent l’information par l’intermédiaire de leurs moyens de diffusion. Il ne doute pas d’un résultat très positif.

Le Colonel Mercier, secrétaire général de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD), rappelle qu’elle réunit toutes les tendances de la déportation et de l’internement et que son Comité Consultatif étudie " Quelle mémoire de la Déportation et de l’internement veut-on pour qu’elle reste vivante dans la population française au cours des prochaines décennies, et dans quel concept de mémoire ? "

Les orientations de la FMD sont les mêmes que celles discutées ici pour le Cercle d’Etude. Je pense que Raphaël Esrail pourrait être pilote de ces Cercles pour toute la Déportation, la FMD mettant à disposition ses moyens matériels et humains et sa banque de données multimédias. Au regard des défis que sont l’oubli, la lassitude, il importe d’aller vite.

Jacqueline Cancel dit la qualité et la force des bibliothèques municipales dans leur capacité de diffusion de l’information et comme outil de transmission de la mémoire.

Hubert Tison fait part des lettres reçues à l’APHG à la suite de l’information du Cercle d’Etude dans " Historiens et Géographes ". Certaines sollicitent des informations, d’autres exposent leurs projets pédagogiques, d’autres affirment la volonté des rédacteurs d’être des relais dans leur région.

Hubert Tison dit également l’intérêt pour l’APHG de faire connaître dans sa revue des expériences pédagogiques parce qu’elles sont réclamées par de nombreux lecteurs. Par ailleurs il souligne les difficultés de moyens et de possibilités d’absence rencontrées par les professeurs. Et puis des stages MAFPEN sont déjà supprimés.

Raphaël Esrail en écho au Colonel Mercier rapporte la constatation d’une perception différente chez les adultes et les élèves du crime contre l’humanité et de la déportation résistante. Les déportés, lorsqu’ils interviennent en classe semblent trouver auprès des jeunes une identification du crime contre l’humanité avec celui qui est en face. On se met à sa place. Ce fait non exprimé se retrouve souvent chez les professeurs qui sont allés à Auschwitz-Birkenau, (Camps de Concentration/ Extermination ). Ils semblent plus entreprenants dans leurs actions de mémoire que ceux ayant visité d’autres camps de concentration.

D’une manière générale Raphaël Esrail pense qu’il y a lieu d’éviter de dissocier les déportations résistante et raciale.

Dans l’immédiat, il s’agit de rassembler les bonnes volontés et commencer à travailler dès que possible en se rappelant que les déportés d’Auschwitz ont 75 ans en moyenne et ceux susceptibles de travailler se réduisent dangereusement.

Henry Bulawko, président de l’Amicale d’Auschwitz, clôt cette séance particulièrement riche, où le travail de mémoire est tourné vers le passé mais aussi vers des préoccupations d’aujourd’hui.

Marie Paule, Monique et Maryvonne

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