Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

BEDOUCHA Georges

samedi 4 décembre 2021

BEDOUCHA Georges, 29 ans en 1944, survivant

Georges Bedoucha est né le 21 août 1914 en Algérie, à Philippeville, nommée aujourd’hui Constantine. Il s’est marié à Oran le 1er avril 1936 avec Rosalie Akun. On ne sait pas à quelle date exactement ils s’installent en France. Ils ont trois enfants de 15, 14 et 4 ans. Ils habitent à Levallois-Perret, au 129 rue Danton, puis au 156 rue Jules Guesde. Georges Bedoucha est garçon coiffeur. En septembre 1939, il est mobilisé dans le 3ème régiment de zouaves. Il est démobilisé le 25 février 1941. Un an plus tard, il est arrêté à son domicile sur dénonciation par le Service des Affaires juives le 26 février 1944. En effet une lettre anonyme l’accusait d’être israélite et communiste. Il est alors interné à la prison de la Santé jusqu’ au 5 mai 1945, puis au camp des Tourelles jusqu’au 31 mai 1944. Ce camp d’internement, situé en plein Paris dans une ancienne caserne, interne sur décision administrative, sans intervention d’un juge, les étrangers " indésirables " sous la IIIème République, puis les communistes et enfin sous Vichy les Juifs étrangers puis les Juifs français, ce qui est le cas de Georges Bedoucha.

Le 17 avril 1944, un non-lieu est établi sur les deux chefs d’accusation qui avaient entraîné son arrestation. Au lieu d’être relâché, il est conduit au camp de Drancy le 31 mai 1944. Il reçoit le numéro matricule 23515. La fiche de son carnet de fouille dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme modique de 57 francs, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Le 30 juin, il est conduit à la gare de Bobigny avec 1156 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours sous une chaleur torride est épuisant. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la "rampe d’Auschwitz". Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 398 hommes sur 654 sont sélectionnés pour le travail forcé. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés choisis pour ce travail d’esclave, environ la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car Les camps deviennent, la dernière année de la guerre, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. Georges Bedoucha entre au camp d’Auschwitz III situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée " Buna ", d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. Il devient le déporté A- 16564.

Il réussit à survivre. Le 18 janvier 1945, il fait partie des 250 à 300 déportés du convoi 76 évacués du camp de Monovitz. Il effectue la première Marche de la mort , une marche de 60 kilomètres sur des routes enneigées, en plein hiver, jusqu’à la ville de Gleiwitz, un Kommando du camp d’Auschwitz. Le 20 ou le 21 janvier, 2451 déportés sont entassés dans des wagons à charbon que les hommes rentrés dénommaient "wagons découverts", car sans toit, donc ouverts à tous les vents, à la neige et au froid, sans recevoir de nourriture. Dans la mémoire des déportés, il s’agit du pire moment de leur déportation. Après six jours de transport, Georges Bedoucha arrive vivant avec 100 hommes du convoi 76 le 26 janvier 1945 au camp de Buchenwald. Il est affecté au Kommando de Langestein, situé dans une vallée isolée au pied de la colline du Zwieberge, à quelques kilomètres de la ville d’ Halberstadt. Les déportés y foraient des tunnels en forme de grille (Stollen) pour une usine souterraine. 454 Français y sont morts. Georges Bedoucha y est hospitalisé le 10 février. Mais il est vivant à l’arrivée des Américains et est rapatrié le 6 mai 1945. Il est noté sur sa fiche médicale qu’il a maigri de 15 kilos. Après la guerre, il exerce au salon Georges, 1 rue de l’Agent Bailly dans le 9ème arrondissement, puis à Montréal, au Québec.

Carte établie à l’arrivée de Georges Bedoucha au camp de Buchenwald le 26 janvier 1945( Arolsen Archives). Y figurent sa date et son lieu de naissance, sa profession, et son numéro matricule

DVCC Caen 21P 705433- Mémorial de la Shoah- Archives d’Arolsen

Chantal Dossin

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