Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Eva Szipesi, née Diamant, juive hongroise, 12 ans

samedi 20 novembre 2021

Eva Szepesi-Diamant, née à Budapest, déportée à 12 ans, a survécu à Auschwitz.

Eva Diamant est née en 1932 à Budapest. Ses parents avaient un magasin de mode pour homme. Son père est envoyé en 1942 dans un camp de travail, en Bielorussie, sa mère doit fermer le magasin. Après l’occupation de la Hongrie par les Allemands, en mars 1944, la famille doit porter l’étoile jaune, le 5 avril 1944. Eva ne va plus à l’école, ses anciennes amies l’insultent. Sa mère l’envoie, avec des faux papiers, en Slovaquie, avec "Tante Piri", une cousine de sa mère, elles traversent une forêt frontalière. La jeune fille de douze ans est cachée chez diverses personnes.

Eva est arrêtée à l’automne 1944 et emmenée dans une maison de retraite juive Nové Mesto nad Váhom, puis dans le camp de rassemblement de Sered, dans l’ouest de la Slovaquie. Elle est déportée par le dernier transport à Auschwitz, dans un wagon à bestiaux. Un soldat qui avait promis de la protéger, "joue" avec elle dans le train.

Arrivée à Auschwitz, le 2 novembre 1944, elle dit qu’elle a 16 ans sur les conseils d’une surveillante slovaque, elle doit se déshabiller, on lui coupe les tresses, on lui tatoue le numéro A 26877. Elle nettoie des munitions. Elle connait la persécution, le froid, la faim, la soif, la boue, la saleté, la peur et les appels, debout.

Le 18 janvier 1945, tous les prisonniers capables de marcher ont été envoyés dans la "Marche de la mort". Seuls les très malades et quelques enfants restent au camp, dont Eva, laissée pour morte dans la baraque des malades. Pendant les dix derniers jours qui suivent l’évacuation, il n’y avait pas d’électricité, pas d’eau, pas de soupe à l’eau, et des tas de cadavres s’entassaient dans le froid glacial. Elle ne s’en souvient pas. "Je cherche ces dix jours que j’ai perdus."

Le 27 janvier 1945, l’Armée rouge libère Auschwitz. Un soldat russe à bonnet de fourrure la trouve. Seuls quelques centaines de prisonniers sont encore en vie, la plupart d’entre eux meurent dans les jours qui suivent la libération. Eva vit. Elle a 13 ans. Elle fait partie des 400 enfants survivants.

Après un séjour dans un sanatorium, elle se rend à Budapest, le 18 septembre 1945. Tout le monde est mort. Sa mère et son frère ne l’ont jamais rejointe en Slovaquie. Le voisin a volé les meubles de la famille. Il ne veut pas les rendre. Un oncle et une tante la retrouvent. Elle suit une formation de couturière. Elle se marie et quitte la Hongrie en 1954 pour Francfort-sur-le-Main.

Elle ne parle pas pendant cinquante ans. Elle a été invitée à une interview par la Shoah Foundation. Ses filles Judith et Anita l’ont convaincue de se rendre à Auschwitz pour une commémoration du 50e anniversaire de la Libération, elle a témoigné. Depuis, elle a témoigné dans les classes et a accompagné les élèves sur les lieux de mémoire.
La peur est toujours là.

Les témoins disparaissent, restent les archives d’Arolsen, des enregistrements, des expositions.
Quand les documents doivent parler : https://www.faz.net/aktuell/

Eva Szepesi (unter Mitarbeit von Babette Quinkert) : Ein Mädchen allein auf der Flucht. Ungarn-Slowakei-Polen (1944–1945), Metropol-Verlag, Berlin 2011,

https://die-quellen-sprechen.de/Eva_Szepesi.html

https://www.fnp.de/lokales/wetteraukreis/bad-vilbel-ort112595/angst-szepesi-weicht-10664239.html

Lily Ebert, un soldat américain lui donne un petit mot : « Bonne chance et sois heureuse »

Helen Epstein : "Die Kinder des Holocaust" (Les enfants de l’Holocauste, C.H. Beck).

NM