BARSZCZ Rosa, 36 ans en 1944, survivante
Rosa Barszcz est née Grunwald le 19 février 1908 à Vienne, en Autriche. On ne sait pas à quelle date elle a émigré en France. Mais on sait qu’elle habite à Paris dans le 11ème arrondissement où elle fait la connaissance d’Aron Barszcz, né à Kutno en Pologne le 24/03/1898 et arrivé en France en 1928. Ils se rencontrent dans le restaurant tenu par la tante de la mère de Rosa, passage Basfroi. Ils se marient le 27 avril 1933. Ils s’installent rue Godefroy Cavaignac. Aron Barszcz est tailleur, Rosa est couturière. Ils ont trois enfants, Jacques, né en 1934, Germaine, née en 1935 et Lucien, né en 1941. La politique antisémite menée par les nazis et par le gouvernement de Vichy fait éclater cette famille. Aron Barszcz est arrêté le premier, lors de la rafle dite du 11ème, le 20 août 1941. Ce jour-là, dès 4 heures du matin, 2400 policiers parisiens et la Feldgendarmerie « bouclent » le 11ème, un quartier où la population juive est particulièrement nombreuse. Les stations de métro sont fermées. 4232 Juifs, des hommes essentiellement, sont arrêtés et internés au camp de Drancy le jour même. C’est la première grande rafle parisienne. Aron Barszcz est déporté par le 1er convoi Drancy-Auschwitz du 27 mars 1942. On sait qu’il décède le 18 août 1942 au camp d’Auschwitz. Rosa Barszcz reste avec ses trois enfants dans l’appartement familial rue Keller. Selon le témoignage de David Nathan, déporté dans ce convoi, elle échappe à la rafle du Vél’ d’Hiv’. Comment, nous ne le savons pas, mais depuis ce moment, elle se cache avec ses enfants, jusqu’au 22/11/1943 où l’on frappe chez elle dans la nuit. Elle décide alors de confier ses enfants à l’UGIF. Jacques et Germaine sont placés par l’UGIF dans deux familles de Couternes dans l’Orne jusqu’à la fin de la guerre. Ils y furent bien traités, tant par les familles qui les ont cachés et reconnues « Justes » en 2010, que par l’instituteur de l’école où ils étaient scolarisés.
Rosa Barszcz se cache chez sa tante qui vit au 5 du Passage Basfroi. D’après David Nathan vivant dans cet immeuble, c’est le prétexte à la rafle qui a lieu dans cet immeuble le 21 juin et qui aboutit à l’arrestation des Juifs qui y vivent, dont Rosa Barszcz. Le registre du dépôt de la Préfecture de police note que la rafle est opérée par le service IV B de la rue des Saussaies, donc par la Gestapo. Le 23 juin, ils sont internés au camp de Drancy. Le 30 juin, Rosa Barszcz est conduite à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.
Le voyage qui dure quatre jours est particulièrement insupportable du fait de la chaleur de l’été. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la « rampe d’Auschwitz » où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 sont déclarées « aptes » pour le travail. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés choisis pour ce travail d’esclave, environ la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car Les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits « inaptes » au travail, sont gazés immédiatement. Ainsi Rosa Barszcz entre au camp de femmes de Birkenau où elle devient la déportée A-8535.
En novembre 1944, elle est transférée avec 500 femmes au camp de Flossenbürg. On la retrouve ensuite au camp de Lippstadt [1], un Kommando de Buchenwald. Elle subit donc plusieurs évacuations avant d’être libérée par l’armée russe à Kaunas le 1er avril 1945. Ayant malgré tout survécu, elle est rapatriée en France le 3 mai 1945.
Liste de 300 femmes transférées de Birkenau au camp de Lippstadt, Kommando de Flossenburg. Y figure, au bas de la liste le nom de Rosa Barszcz
AVCC Caen- témoignage de David Nathan-témoignages sur site AJPN
Chantal Dossin