Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Famille ALBOHAIR

dimanche 11 avril 2021

Famille ALBOHAIR, Rajla, 30 ans, Samuel, 28 ans et leur fils Daniel, âgé de 3 ans

Rajla est née le 18/10/1913 à Radom en Pologne, et son mari, Samuel, le 15 février 1916 à Barcelone. Ils se sont mariés le 21 novembre 1935 à Paris. Samuel Albohair est commerçant. Ils ont un fils, Daniel, né le 02/06/1941 à Paramé dans l’Ille et Vilaine. Puis, en 1944, ils habitent rue du Pont Carpin, à Saint Martin d’hères près de Grenoble. Ces déplacements successifs sont le témoignage de la traque des Juifs. L’Isère faisant alors partie de la zone d’occupation italienne ils pensaient probablement y être plus en sécurité. Mais à partir de septembre 1943, la région passe sous occupation allemande. Samuel est dit, dans son dossier réfractaire au STO, ce qui constitue le prétexte à l’arrestation de toute la famille le 25 mai 1944. Les arrestations se multiplient dans ces régions de maquis, à la veille de la libération.

La famille entre au camp de Drancy le 3 juin 1944 avec 27 Juifs arrêtés dans la région de Grenoble. La fiche du carnet de fouille de Samuel Albohair dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 89090 francs, un bracelet en or massif et une bague avec pierre, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp.

Ils restent presque tout le mois de juin au camp de Drancy avant d’être déportés le 30 juin 1944. Ils sont conduits à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours dût être particulièrement insupportable pour cet enfant de 3 ans, dans les conditions que l’on connaît. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la "rampe d’Auschwitz" où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 398 hommes sur 654 sont déclarés ͧaptes ͧ au travail. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés désignés pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car Les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. Par contre, 272 femmes sur 495, donc plus de la moitié, ont été gazées à l’arrivée. C’était le plus souvent des femmes et leurs enfants en bas âge. Ainsi, Rajla et Daniel âgé de 3 ans ont inévitablement été gazés à l’arrivée au camp.

Samuel Albohair entre au camp d’Auschwitz III situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. Il devient le déporté A-16542. Il donne comme profession fabricant de sac.

Le 18 janvier 1945, il fait partie des 250 à 300 déportés du convoi 76 évacués du camp de Monovitz. Il effectue la première marche de la mort, une marche de 60 kilomètres sur des routes enneigées, en plein hiver, jusqu’à la ville de Gleiwitz, un Kommando du camp d’Auschwitz. Le 20 ou le 21 janvier, 2451 déportés sont entassés dans des wagons à charbon que les hommes rentrés dénommaient "wagons découverts", car sans toit, donc ouverts à tous les vents, à la neige et au froid, sans recevoir de nourriture. Après six jours de transport, il arrive vivant avec 100 hommes du convoi 76 le 26 janvier 1945 au camp de Buchenwald. Il subit encore plusieurs évacuations entre le 5 et le 9 mars et en avril 1945 à la suite desquelles il passe par le camp de Natzweiler où il travaille dans le Kommando de Bisnigen, d’où il repart en avril pour le camp de Dachau où il est libéré. Ce parcours n’est pas atypique. Un certain nombre de déportés ont connu ainsi plusieurs évacuations à partir des camps où ils avaient été transférés. Une infime minorité a survécu. Samuel Albohair en fait partie. Il est rapatrié le 22 mai 1945. Sa fiche médicale établie à son retour indique qu’il a perdu 12 kilos.

Samuel Albohair est décédé à Paris le 22 juillet 1997

Extrait de la liste de déportés enregistrés le 26 janvier à l’arrivée au camp de Buchenwald, la plupart évacués du camp d’Auschwitz

BAVCC Caen AC 21P 659668- Mémorial de la Shoah

Chantal Dossin

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