ACHIMOFF Rodolphe, 65 ans en 1944
Rodolphe Achimoff est né le 25 décembre 1878 à Doumiatone, peut-être ville ukrainienne ? Il habitait au 2 rue bleue dans le 3ème arrondissement. Son rapport d’arrestation nous livre des indications sur son état-civil : Il avait été naturalisé français, il était chef comptable, marié, et avait une fille, Renée, née en 1904. Il nous indique également les conditions de son arrestation : le 9 juin, il est arrêté dans la cantine israélite de la rue Richer par des inspecteurs de la SEC ( voir rapport ci-dessous).
Cette section d’enquête et de contrôle, créée par le gouvernement de Vichy, est la police du Commissariat général aux questions juives chargée d’appliquer la politique antisémite de l’État Français. Elle est constituée de collaborateurs notoires qui travaillent en liaison avec la Gestapo. Ce jour-là, les 9 et 10 juin, quelques jours après le débarquement des troupes alliées en Normandie, ces policiers arrêtent une quarantaine de personnes à Paris ; en particulier sur la voie publique ou dans les lieux publics dans les quartiers juifs parisiens. Les cantines juives sont un des terrains de chasse de ces inspecteurs qui savent y trouver les derniers Juifs vivant encore à Paris.
Rodolphe Acjmoff est conduit le 11 juin au camp de Drancy où il reste donc près de 3 semaines. Sur la fiche de son carnet de fouille il est dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 1130 francs et 10 cents américains papier. Chaque interné devait ainsi remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp.
Le voyage qui dure quatre jours est insupportable du fait de la chaleur de l’été. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la « rampe d’Auschwitz ». Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 256 hommes sur 654 sont gazés à l’arrivée au camp, notamment les plus âgés. Étant âgé de 65 ans, Il est probable que Rodolphe Achimoff ait été assassiné à son arrivée au camp le 4 juillet ou qu’il soit décédé pendant le trajet.
Rapport d’arrestation d’un inspecteur de police de la SEC le 9 juin 1944
Sources : BAVCC Caen AC21P- Mémorial de la Shoah. Archives Nationales-AJ /38
Chantal Dosssin