Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

BAMBERGER Jean

dimanche 11 avril 2021

BAMBERGER Jean, 43 ans en 1944,

Jean Bamberger est né le 22 octobre 1900 à Burg Brebach, près de Schweinfurt, en Bavière. Les Allemands, au camp, indiquent que cette commune est située en Franconie, ( Franken) une région annexée à la Bavière. Il s’est marié en 1937 avec Ruth Flörsheim, née à Hambourg le 19 septembre 1912, donc âgée de 24 ans. Ils ont eu trois enfants, Judith, née en 1938, Rachel, née en 1939 et Jean, né en 1944. Ils habitaient en 1944 à Aix-les-bains, 42 boulevard Pierpont Morgan. Jean Bamberger était avocat. Il avait la nationalité française.

Il est arrêté le 2 juin 1944 vers 14 heures dans la rue. Une rafle de Juifs a lieu à la station de cars. Il est interné le jour même à la caserne Carnot à Chambéry. Il est ensuite transféré au camp de Drancy où il entre le 6 juin 1944 avec 20 Juifs arrêtés dans la région de Chambéry. La fiche de son carnet de fouille dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 191 francs, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Sur cette fiche, il est dit qu’il habite au 65, cours Gambetta à Lyon et non à Aix les Bains. A-t-il donné cette adresse pour éviter l’arrestation de sa femme et de ses enfants ? Ou bien, avait-il un rapport quelconque avec la ville de Lyon ?

Le 30 juin, il est conduit à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours est insupportable du fait de la chaleur de l’été. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la "rampe d’Auschwitz". Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont déclarés"aptes" (expression des nazis) pour le travail forcé. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés choisis pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car les camps deviennent, la dernière année de la guerre, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre.

Ainsi, Jean Bamberger entre, comme la quasi-totalité des hommes sélectionnés de ce convoi, au camp d’Auschwitz III situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. Il devient le déporté A- 16561. Il se trouve au bloc 30, Kommando 178.

Le 18 janvier 1945, il fait partie des 250 à 300 déportés du convoi 76 évacués du camp de Monovitz. Il effectue la première marche de la mort , une marche de 60 kilométres sur des routes enneigées, en plein hiver, jusqu’à la ville de Gleiwitz, un Kommando du camp d’Auschwitz. Le 20 ou le 21 janvier, 2451 déportés sont entassés dans des wagons à charbon que les hommes rentrés dénommaient "wagons découverts", car sans toit, donc ouverts à tous les vents, à la neige et au froid, sans recevoir de nourriture. Après six jours de transport, il arrive vivant avec 100 hommes du convoi 76 le 26 janvier 1945 au camp de Buchenwald. Comme tous les Juifs évacués au camp de Buchenwald, il est affecté au petit Camp, surpeuplé du fait de l’arrivée de déportés évacués des camps nazis avant leur libération. Il y est dit comptable, Jean a peut-être déclaré cette profession la pensant plus protectrice dans un camp que celle d’avocat.

Les archives d’Arolsen relatives au camp de Buchenwald évoquent son décès le 11 février 1945 à l’infirmerie. Il est dit être mort pour une raison inexpliquée ( !). Par contre, des témoignages conservés dans son dossier de déporté disent qu’il a été vu pour la dernière fois en mars 1945, est reparti le 7 avril et on n’a plus eu de trace de lui ensuite. Or, on sait que plusieurs convois d’extermination ont quitté Buchenwald avant l’arrivée des Américains dont peu ont réchappé.

La femme de Jean Bamberger, Ruth, est décédée en Israël en novembre 2005.


Photographie d’avant-guerre.- Source : DAVCC Caen
DVCC Caen AC21P 420833- Archives d’Arolsen- Mémorial de la Shoah.

Chantal Dossin

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