Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

BAEHR Albert

convoi 76
dimanche 11 avril 2021

BAEHR Albert, 54 ans en 1944

Albert Baehr est né le 9 octobre 1889 à Paris. Ses parents, Eugène Baehr, né en 1843, et Eugénie, née en 1851, habitaient au 41, rue de la Chaussée d’Antin où ils tenaient un commerce « Le corset merveilleux ». Le 7 juillet 1914, Albert Baehr se marie à Nancy avec Madeleine Rebecca Michel, fille d’Alfred Michel, né en 1866 à Louvain en Belgique, dentiste réputé à Nancy. Albert Baehr est mobilisé en 1914 et obtient la croix de guerre et la Légion d’honneur. Trois enfants naissent après la guerre, Michel, né en 1915, Pierre, né en 1917 et Claude, né en 1919 . La famille habite à Paris dans le 9ème arrondissement, 14 villa Said. Albert Baehr est industriel. Selon son fils Michel, il est un père sévère, mais plein d’affection pour ses enfants. Il les élève dans la plus complète ignorance de la religion juive.

Mais Le 12 décembre 1941, la traque des Juifs commence. Deux des enfants Baehr, Pierre et Michel sont arrêtés. Ce jour-là, 689 Juifs sont arrêtés à Paris à leur domicile par la Feldgendarmerie, la SIPO-SD et la police française. Ce sont tous des hommes de nationalité française et pour la plupart issus de milieux aisés. Ils sont d’abord rassemblés à l’École militaire. La rafle est organisée à titre de représailles contre les actes de sabotage et les attentats dont sont victimes des soldats allemands. En fin de soirée les hommes sont transférés en bus à la gare du Nord, prennent le train pour Compiègne et effectuent les 4 derniers kilomètres les séparant du camp de Royallieu à pied, sous une pluie drue. Ils finissent par arriver au camp à 2 heures du matin, épuisés. Pierre, ainsi que la plupart des détenus arrêtés sont déportés quelques mois plus tard, le 27 mars 1942, dans le premier convoi de déportés parti de France pour Auschwitz. Les Archives du Musée d’Auschwitz donnent la date de décès de Pierre Baehr au camp, le 25 avril 1942, 1 mois après son arrivée. Michel, malade, se trouvait à l’infirmerie au moment du transfert des détenus. Il est emmené en mai 1942 au camp de Drancy où il reste 11 mois. Il apprend que son épouse étant aryenne, il ne serait pas déporté. Et le 19 novembre 1942, il quitte le camp de Drancy.

Albert et Madeleine Baehr, probablement suite à ces évènements, fuient à Nice où ils passent l’année 1943, vivant dans un meublé au 34 boulevard Gambetta. Ils y sont arrêtés le 13 septembre 1943. En effet, de septembre à décembre 1943, Alois Brunner, arrivé le 10 septembre, lorsque la région est occupée par les Allemands, fait arrêter, avec une équipe de délateurs, 2142 Juifs qui seront ensuite déportés. Ils sont très vite transférés au camp de Drancy où Albert et Madeleine Baehr entrent le 17 septembre 1943. La fiche de leur carnet de fouille dit qu’ils remettent au chef de la police du camp la somme de 106 francs, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée à Drancy. Ici, le parcours des deux époux se sépare. Madeleine est déportée le 7 décembre 1943 dans le convoi 64, quelques mois après son arrivée au camp de Drancy. Pour quelle raison Albert et Madeleine Baehr sont-ils traités différemment ? Albert est envoyé, probablement dès 1943, au camp Levitan, le premier des trois camps parisiens ouvert en juillet 1943 ; Y sont triés et emballés le mobilier, la vaisselle de milliers de foyers juifs. Ceux que les nazis dénomment demi-juifs ou conjoints d’Aryens, mais aussi ceux qui possèdent un « savoir-faire » y sont internés et se voient épargnés un temps par la déportation. Probablement le cas d’Albert, qui avait monté, à Nice, une entreprise d’emballage. Mais ces « pas tout à fait juifs » deviennent déportables lorsqu’il s’agit de remplir les derniers trains de déportation. Ainsi Albert Baehr réintègre le camp de Drancy le 22 juin 1944 ainsi que 41 autres internés des camps parisiens. Le 30 juin, il est conduit à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours est insupportable du fait de la chaleur de l’été. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la « rampe d’Auschwitz ». Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 398 hommes sur 654 sont sélectionnés pour le travail forcé. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés choisis pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car Les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre.

Albert Baehr, entre donc, comme la quasi-totalité des hommes sélectionnés, au camp d’Auschwitz III situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. Nous ne connaissons pas son numéro matricule. Mais nous savons, selon les témoignages de ses compagnons retranscrits dans son dossier de déporté qu’il était en bon état au moment de l’évacuation en janvier 1945 ainsi qu’à Gleiwitz, alors que la marche de la mort d’Auschwitz à Gleiwitz qui se déroula au cœur de l’hiver polonais fut particulièrement meurtrière. Il fut donc évacué de Gleiwitz vers un autre camp. Une carte dans les archives d’Arolsen indique bien qu’il a été « re-routed ».donc ré acheminé. Mais sans indiquer d’autres précisions. Son fils Michel, dans le témoignage qu’il a laissé, dit qu’il est mort , épuisé par une longue marche, et alors tué d’une balle sur la route. Sans préciser la source de ce fait.

Madeleine fait partie de ces millions de disparus assassinés d’une manière ou d’une autre à Auschwitz.

Photographie d’avant-guerre Sources : DAVCC Caen AC21P420347-Mémorial de la Shoah-Archives Arolsen- témoignage de Michel Baehr (site internet de geneanet)

Chantal Dossin

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