Kirsten Boie, Dunkelnacht, Oetinger Verlag, Hamburg 2021, 112 p.
Penzberger Nacht
Dans la nuit du 28 au 29 avril 1945, à Penzberg, une ville minière de Haute-Bavière, quatorze hommes et deux femmes, communistes ou sociaux-démocrates, sont abattus ou pendus pour "haute trahison" car Landesverräter ( traitres à la patrie) par des soldats d’un régiment de lanceurs et des "loups-garous".
L’action se situe peu avant la capitulation de l’Allemagne national-socialiste alors que les Américains sont aux portes de la ville de Penzberg.
L’ancien maire SPD, Hans Rummer, voulait reprendre la mairie, suite à l’annonce de l’"Action libre Bavière" [1] à la radio bavaroise, pour se rendre pacifiquement aux Américains.
Hans Rummer a empêché le dynamitage de la mine par les nazis et de l’usine hydraulique, libéré les travailleurs forcés et les prisonniers, mais le Gauleiter Paul Giesler a fait appel aux Werwolf Oberbayern. Une unité de la Wehrmacht, le schwere Werfer-Regiment 22 (régiment de lanceurs lourds) commandé par lieutenant Colonel Berthold Ohm, abat sept personnes qui voulaient démettre le maire nazi de Penzberg, Josef Vonwerden, près de la Bichler Strasse à 18h.
Une unité du Werwolf Oberbayern [2] (loups-garous de Haute-Bavière) arrive à Penzberg avec une centaine de membres du Volkssturm Munich - Freikorps Adolf Hitler, dirigée par le Brigadeführer SA Hans Zöberlein. Le lieutenant-colonel Hans Bauernfeind se rend aussi à Penzberg.
Les Werwolf Ferdinand Zila et Felix Achtelik, Selbertinger, Weißenbach, Rebhahn et Kopp, ont donné les noms d’antifascistes qu’ils connaissaient, considérés comme des résistants à Hitler.
Le tribunal volant
Le maire Vonwerden, le lieutenant-colonel Hans Bauernfeind "représentant spécial du Führer" et "président du tribunal volant", le chef de brigade SA Hans Zöberlein, et le chef de groupe nazi local Martin Rebhahn ont désigné neuf "traitres" dont Agathe Fleissner, une femme enceinte, qui sont pendus à des arbres ou abattus, Bahnhofstrasse, Gustavstrasse et Karlstrasse.
" Nous avertissons ! Traîtres et les criminels du peuple le paieront de leur vie..."l
Les victimes
- les assassinés
L’ancien maire SPD Hans Rummer (1919-1933), ses camarades de parti Johann Dreher, Michael Boos et Michael Schwertl, les membres du KPD Ludwig März, Rupert Höck, Paul Badlehner, Albert Grauvogel, Josef Kastl et Franz Biersack, les deux couples Agathe enceinte de 8 mois et Franz Xaver Fleissner et Johann et Therese Zenk, Gottlieb Belohlawek et Johann Summerdinger.
La terreur nazie sert de justificatif pour les Allemands qui sont restés passifs.
Les gens ne sont plus capables de penser par eux-mêmes, ils sont des Befehlsempfänger, des receveurs d’ordres.
Le 30 avril, les Américains prennent la ville.
Personne ne reconnait les faits.
Procès
Un procès en 1948 contre les Endphasenverbrechen (crimes de la phase finale).
Tribunal régional de Munich 1948
Verdict :
Le lieutenant Colonel Berthold Ohm, commandant du régiment de lanceurs lourds 22, à 15 ans de prison
Lieutenant Colonel Hans Bauernfeind, président de la cour martiale volante et représentant spécial d’Hitler à mort.
Hans Zöberlein, chef de l’unité des Werwolf Oberbayern à mort.
Martin Rebhahn, le chef de groupe nazi local, membre de la Werwolf à la prison à vie.
Ferdinand Zila, membre de la Werwolf à 3 ans et demi de prison.
Felix Achtelik, membre de la Werwolf à la prison à vie.
Sept accusés ont été acquittés.
Deux ont été condamnés à mort et deux à la prison à vie en 1948. Mais les peines de mort ont ensuite été commuées en peines d’emprisonnement à vie, lors de la création de la République fédérale d’Allemagne, la Loi fondamentale en 1949, abolit la peine de mort.
D’autres procès suivront. En 1951, le maire nazi Joseph Vonwerden est condamné à 3 ans de prison.
Des remises de peine sont accordées. Bauernfeind est acquitté.
https://www.stuttgarter-nachrichten.de/inhalt.neues-buch-von-kirsten-boie-dunkelnacht-erzaehlt-vom-ende-des-zweiten-weltkriegs
http://www.tenhumbergreinhard.de
Kirsten Boie écrivaine de livres pour enfants, a introduit des personnages, pour faire comprendre, aux jeunes auxquels elle s’adresse, la complexité des faits, comme la fille qui cache son père qui veut se rendre, le "Werwolf" dans les Freikorps, intoxiqué par les années nazies, celui qui ne croit plus à la victoire et aux armes secrètes.
Une politique inhumaine affecte tout le monde.
Qu’est-ce qui fait des meurtriers de masse ?
"Ce qui s’est passé une fois peut se reproduire", dit Kirsten Boie
NM
[1] Freiheitsaktion (FAB) est une action de résistance au national-socialisme.
[2] La Werwolf était un corps franc formé de volontaires nazis, créé en septembre 1944 par Heinrich Himmler pour mener un combat de harcèlement et résister derrière les lignes de front, contre les Alliés envahissant l’Allemagne.
