Une fois de plus les professeurs d’Histoire viennent d’être soumis à des pressions d’organismes et d’individus se disant historiens qui veulent leur suggérer et leur dicter ce qu’ils doivent enseigner sur le génocide juif au cours de la Seconde Guerre mondiale. Comme si notre compétence d’historiens et la conscience de nos responsabilités d’éducateurs et de citoyens étaient déficientes.
En janvier 1993, ces manoeuvres d’endoctrinement et d’« intox » ont été accompagnées de procédés délictueux par usage de faux. Sur les génocides de la Seconde Guerre mondiale, nous disposons d’une abondante production scientifique et bien que la recherche puisse toujours se poursuivre et apporter de nouvelles précisions, ce domaine a été largement exploré. Les livres de synthèse, solides et sérieux sont accessibles à tous ceux qui veulent s’informer. Régulièrement des mises au point sont disponibles : « Historiens et Géographes » avait publié en 1979 celle de François Delpech et en 1989, François Bedarida une autre, Le nazisme et le génocide chez Nathan.
En mai 1990 dans une période de conflit où se mêlaient les passions racistes et xénophobes, les manoeuvres de partis d’extrême-droite et les polémiques universitaires locales, s’était tenue à Villeurbanne (Rhône) à l’appel du collectif villeurbannais « Liaison - Fraternité » qui regroupe 50 associations locales, une grande réunion publique. Devant un auditoire vaste et très divers, en présence d’élus, de toutes tendances, Bernard Comte avait prononcé une intervention faisant le point sur le génocide juif. Pour cela, il s’appuyait notamment sur les travaux de l’Institut du temps présent, de François Bedarida et de Pierre Vidal-Naquet. Mais son exposé comportait un deuxième point du plus grand intérêt pour les professeurs d’Histoire et qui constitue un apport original sur cette question : l’analyse des méthodes des négationnistes. C’est la raison pour laquelle nous publions cet exposé qu’il convient de replacer à sa date et dans son contexte. Il avait déjà été publié sous la forme d’une petite plaquette de l’association « Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme ». Nous remercions André Barthelemy, son président et Bernard Comte, de nous permettre de reprendre dans « Historiens et Géographes » ce texte auquel nous n’avons rien changé, à part quelques notes d’actualisation des informations.
Jean PEYROT
Les auteurs qui se proclament « révisionnistes » prétendent nier, sous prétexte de critique historique, la politique hitlérienne d’extermination des Juifs ; la dispute autour des chambres à gaz n’est qu’un aspect et un moyen de cette négation globale.
Ce qu’ils « révisent », c’est l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, pour en extirper la réalité monstrueuse qui la défigure au cœur de notre XXe siècle : l’entreprise que les Nazis appelaient la « solution finale du problème juif » en Europe, et qu’on hésite à nommer : Holocauste pour les Israéliens et les Anglo-Saxons, anéantissement (Vernichtung) pour les Allemands, extermination ou génocide pour les Français et Shoah pour la conscience juive...
Ce génocide perpétré de 1941 à 1945 est d’une part, un fait historique, étudié et analysé dans sa genèse, son déroulement, ses méthodes et ses résultats, grâce à des archives et des témoignages nombreux. A travers thèses, colloques et travaux qui forment une énorme bibliothèque, s’exprime le consensus de la communauté internationale des historiens : s’il y a débat sur certains points, comme la genèse de la décision, il n’y en a pas sur les faits, et le nombre des victimes, qui ne sera jamais exactement connu, est évalué par des fourchettes de plus en plus serrées.
Mais ce fait historique est aussi un secret - Les chambres à gaz, secret d’Etat (Kogon, Langbein, Rückerl), titre d’un livre -, secret qui devait rester enfoui sans laisser de traces. Himmler parlait de cette « page glorieuse de notre histoire, une page non écrite et qui ne le sera jamais ». Terrifiant secret, selon un autre titre. Secret qui cache une réalité inconcevable, qui a souvent paru trop impensable pour qu’on la croie possible et qui n’a pas fini de nous interroger, nous les Européens héritiers du judéo-christianisme et des droits de l’Homme.
Rappelons d’abord à grands traits les données historiques avérées, avant de présenter les thèses des révisionnistes et de montrer comment elles traduisent un refus de l’Histoire et une négation perverse de la vérité.
I . RAPPEL HISTORIQUE
– A - Genèse du génocide : National-Socialisme et antisémitisme
L’antisémitisme meurtrier des nazis constitue un élément central de leur vision du monde biologique qui oppose races supérieures et inférieures et assimile la « race » juive à un bacille qui corrompt et détruit le corps sain. Pour Hitler, éliminer les Juifs d’Allemagne et d’Europe est une opération d’hygiène ; il n’y a pas de « droits de l’homme », ni de valeurs universelles dans cette conception. De plus, pour Hitler, traumatisé par la défaite de 1918, la « juiverie internationale » est responsable des malheurs de l’Allemagne contre laquelle elle a coalisé les adversaires extérieurs (démocraties capitalistes) et intérieurs (le bolchevisme produit juif). Les nazis parlent fréquemment de « régler leur compte » aux Juifs.
La persécution des Juifs sous le IIIe Reich est amorcée dés 1933, par à-coups et sans programme continu et cohérent, car elle est soumise aux priorités du réarmement et de la conquête de l’espace vital. Les mesures de ségrégation, exclusion, expropriation, inspirées par la haine, se situent dans la perspective d’une émigration forcée. Elles s’aggravent après l’Anschluss avec la « Nuit de Cristal » (novembre 1938). Hitler lance devant le Reichstag (30 janvier 1939) sa fameuse « prophétie » annonçant qu’en cas de nouvelle guerre mondiale provoquée par la « juiverie internationale », le résultat n’en serait pas la bolchevisation de la terre et la victoire des Juifs, mais l’anéantissement de la race juive en Europe (il évoque donc une extermination physique, liée à une guerre mondiale qu’il voudrait éviter et qui mettrait obstacle à son entreprise de conquête de l’espace vital).
De telles formules ont fait croire que le génocide était déjà décidé et programmé. Un débat oppose historiens « intentionnalistes » (le génocide comme intention de Hitler dès Mein Kampf, 1925, dont il poursuit la réalisation en exploitant les circonstances favorables) et « fonctionnalistes » (le génocide n’est décidé qu’en 1941, lorsque les autres solutions pour débarrasser l’Allemagne des Juifs ont échoué et que Hitler reprend à son compte les initiatives de ses subordonnés débordés par le surpeuplement des ghettos polonais ; il est en quelque sorte le produit des circonstances). Peut-être les deux attitudes ont-elles coexisté : la recherche de solutions pour éloigner les Juifs après les avoir dépouillés (émigration, projet de transfert en Pologne orientale en 1939, puis à Madagascar), et le désir d’en faire des otages et des victimes qui paieront pour les obstacles qu’on oppose aux projets de Hitler.
La guerre
Dés 1939, c’est une guerre raciste qui comporte des massacres collectifs.
Hitler date du 1er septembre 1939 son ordre secret de procéder au meurtre des débiles et malades mentaux en Allemagne : 100 000 tués, jusqu’à ce que les protestations (venant des Églises notamment) l’amènent à arrêter l’opération en août 1941. Mais cela a permis de former des spécialistes de l’extermination par le gaz (dans des chambres fixes ou des camions) [T4].
Dans la Pologne occupée (octobre 1939), les Nazis entreprennent l’anéantissement des élites polonaises. Heydrich, nommé par Himmler chef du RSHA [Office Central de Sécurité du Reich = Police d’État (Gestapo et police criminelle) + police du parti S.D] crée des commandos d’intervention. « Einsatzgruppen », qui saisissent les archives, arrêtent et fusillent les hommes (16 000 civils tués en 6 semaines, dont peut-être 5 000 Juifs).
Triple action contre les Juifs soumis au Reich : expulsions (en Pologne, de la zone occidentale annexée vers le « gouvernement général » ; du Pays de Bade vers la France (Gurs) en octobre 1940), concentration (premiers ghettos polonais à Lodz, mai 1940, puis Varsovie, Cracovie et Lublin avec leurs Conseils d’ Anciens (Jüdenrate) sous contrôle allemand, refoulement des Juifs d’Allemagne vers la Pologne. Projets de concentrer les Juifs à la périphérie du Reich, dans une « réserve » en Pologne, ou de les déporter à Madagascar (projet de l’été 1940), mais ce n’est pas praticable.
La guerre contre I’URSS (juin 1941)
Elle transforme les données du problème :
C’est un pari de Hitler, qui a buté à l’Ouest et en Méditerranée sur la résistance britannique soutenue par les USA.
A la veille de lancer l’opération « Barbarossa », il réédite sa prophétie menaçante (30 janvier 1941).
La guerre à l’Est va être une guerre totale, à la fois nationale (conquérir l’espace vital) et idéologique (détruire le communisme) et raciale (contre l’ennemi juif).
De plus, elle va livrer aux Allemands des territoires où sont établis des Juifs par centaines de milliers.
La guerre va donc s’accompagner de méthodes plus expéditives pour terroriser et anéantir les Juifs de l’Est
Immédiatement derrière la ligne de front, des Einsatzgruppen sont lancés qui exécutent les cadres communistes et « l’intelligentsia judéo-bolchevik », et terrorisent la population juive : fusillades en séries (50 000 Juifs tués au fusil-mitrailleur en 7 semaines, juillet - août 1941).
Cependant les ghettos polonais sont surpeuplés, les administrateurs allemands s’en plaignent et commencent à mettre à part les Juifs « inaptes au travail » : faut-il les nourrir, les laisser mourir, ou les éliminer tout de suite ?
La décision
Une escalade en Russie mène à l’automne 1941 à la décision de procéder à la « solution finale » par extermination.
Fin août 1941, les Einsatzgruppen de Russie exécutent aussi femmes et enfants ; pour ces massacres de masse (Babi Yar, prés de Kiev, 33 000 exécutés les 29-30 septembre 1941 ; 500 000 au total au 2eme semestre 1941, chiffres connus par la comptabilité des unités).
On cherche des méthodes moins éprouvantes pour les bourreaux : des camions à échappement interne, des bouteilles de monoxyde de carbone.
Hitler décide de prendre (août - septembre 1941) deux mesures qu’il avait toujours repoussées : obligation pour les Juifs de tout le Reich de porter l’étoile jaune ; début de la déportation à l’Est des Juifs d’Allemagne, vers le « Gouvernement général » de Pologne (août septembre 1941).
On n’a retrouvé aucun ordre écrit de Hitler concernant l’extermination des Juifs, mais la décision n’a pu être prise que par lui, et très probablement à ce moment, étant donné les indices convergents :
. interdiction totale d’émigration pour tous les Juifs, à l’opposé de la politique précédente (octobre 1941) ;
. premiers convois de déportation d’Allemagne vers la Pologne et vers l’URSS occupée, où les Einsatzgruppen « traitent » les Juifs déportés (octobre - novembre 1941) ;
. installation du camp de Chelmno, (près du ghetto de Lodz) où la méthode des camions est utilisée (décembre 1941) avec un spécialiste S.S. qui a mené précédemment l’exécution des malades mentaux (Wirth).
. à l’Est, près de Lublin, début (octobre 1941) de la construction d’un camp à Belzec, avec une équipe qui a pratiqué, elle aussi. l’« euthanasie » (baraques étanches, moteur Diesel)
. cependant diverses méthodes d’exécution massive sont expérimentées dans les camps de concentration, contre des détenus incurables ou contre des commissaires politiques soviétiques faits prisonniers (à Sachsenhausen, à Auschwitz avec le Zyklon B).
Les mesures d’application
Construction des 6 camps d’extermination en Pologne.
Alors que les camps de concentration ouverts dès 1933 en Allemagne (Dachau, puis Buchenwald, Ravensbrück, une douzaine en tout) sont des « camps de la mort lente » par le travail épuisant, la faim, les mauvais traitements et les humiliations dégradantes, les six camps installés en Pologne en 1941-1942 sont prévus pour exterminer rapidement économiquement et en secret des masses d’êtres humains.
Deux de ces camps, Chelmno - Kulmhof et Auschwitz sont en territoire polonais annexé au Reich. Les autres sont dans la partie orientale appelée « Gouvernement général ».
4 camps construits pour l’extermination : Chelmno - Kulmhof (Lodz). Belzec, Sobibor (Lublin), Treblinka (Varsovie).
2 camps mixtes, où les installations d’extermination se greffent sur un camp de concentration : Maïdanek (Lublin) et Auschwitz - Birkenau (Cracovie).
Le 20 janvier 1942, la conférence de Wannsee présidée par Heydrich avec Eichmann, organise la participation des divers ministères et services du Reich à une « Solution finale » qui concerne l’ensemble des Juifs d’Europe (11 millions) : arrestation, transfert à l’Est où ceux qui ne seront pas éliminés « naturellement » seront « traités on conséquence ».
Dans l’Allemagne qui mobilise toutes ses forces pour une guerre totale, les moyens nécessaires à la réalisation de la « solution finale » ont priorité.
Pourquoi cette décision alors ?
Selon une des études les plus récentes, (Ph. Burrin), Hitler a compris dans l’été 1941, que son projet de victoire rapide contre l’URSS était en échec, et qu’il allait se retrouver dans la perspective d’une guerre longue, face à une coalition mondiale (l’URSS, si elle réussit à tenir, va s’allier à la Grande Bretagne ; les USA qui soutiennent cette dernière entreront tôt ou tard dans l’alliance). Pour Hitler, la « juiverie mondiale » qui inspire cette coalition ne doit pas triompher, et le sang allemand qui va être versé dans cette longue guerre doit être vengé par celui des Juifs, race corrompue et corruptrice.
D’autres interprétations sont différentes. Dans tous les cas, on doit faire la part de la vision stratégique de Hitler chef d’Etat et chef de guerre, du délire antisémite et raciste, de la psychologie d’un calculateur qui est aussi un obsédé, et des préparatifs et des expériences menés par les responsables S.S. qui ont reçu la mission de résoudre le « problème juif » : Himmler, chef suprême des S.S., de la Gestapo et de toutes les polices ; Heydrich, chef du RSHA (chargé par Goering en mai 1941 de « la solution globale du problème juif » dans toute l’Europe) ; Eichmann, chargé par Heydrich de l’exécution du plan. Et les « spécialistes » S.S. qu’ils dirigent (Höss, Wirth. etc.).
– B . L’EXTERMINATION
« L’opération Reinhard » (Fin 1941-automne 1943)
Elle doit résoudre, dans le cadre de Wannsee, la « question juive » dans le gouvernement général de Pologne occupée, où se trouvent plus de 2 millions de juifs, sous l’autorité du chef de la police et des SS de Lublin, Globocnik, directement soumis à Himmler, avec le personnel des centres d’euthanasie (Wirth).
Construction des 3 camps (novembre .1941 - été 1942) de Belzec, Sobibor. Treblinka.
Equipement en chambres à gaz, alimentées par moteurs.
Début de l’extermination massive en mars 1942 (Témoignage du S.S. Kurt Gerstein).
Ordre de supprimer les traces, donc de brûler les cadavres enterrés (été 1942). Décision de fermer les camps (fin 1942)
En novembre 1943, l’opération Reinhard est déclarée terminée, toutes les traces sont effacées. Estimation des victimes : 1,5 million.
À Auschwitz (Oswiecim) :
Au camp de concentration Auschwitz I, créé en 1940 avec Höss, est joint un camp d’extermination Auschwitz II-Birkenau avec ses chambres à gaz et ses fours crématoires, qui fonctionnera de février 1942 à novembre 1944 à un rythme croissant (24 000 Juifs hongrois exterminés en un jour en août 1944). Nombre des victimes juives estimé à 1 million.
A Auschwitz, la sélection à l’arrivée soustrait au gazage immédiat de 20 à 30% environ des déportés qui sont immatriculés et mis au travail (parmi lesquels une minorité survivra). Les déportés des « Sonderkommando » sont chargés de manipuler vêtements, objets et cadavres autour des chambres à gaz et fours crématoires.
Une organisation minutieuse, pour toute l’Europe dominée par les Allemands, préside aux opérations : arrestation - rafle des Juifs, concentration (Drancy), triage, transport et réception dans les camps d’extermination, par trains de 1000 déportés, de manière à assurer l’approvisionnement régulier des chambres à gaz en évitant les temps morts ou les surcharges. Comptabilité connue, train par train, pour les départs de France, de Belgique, et des Pays-Bas et partiellement reconstituée, pour les arrivées à Auschwitz, par les relevés d’immatriculation notés clandestinement par des détenus.
Le nombre total des victimes :
À Nuremberg, il a été estimé à 5.7 millions. On a souvent parlé de 6 millions.
Deux méthodes ont été utilisées par les historiens :
Par addition, à partir des comptabilités partielles conservées dans les archives allemandes et complétées par déduction (ex. le rapport rédigé par l’officier statisticien SS Korherr pour Himmler donnant, par pays, le chiffre des « évacués », soit 2 670 000 au 31 mars 1943, vérifié pour la France et la Belgique par les listes nominatives des déportés que nous avons).
Par soustraction, en comparant (notamment pour l’URSS et les pays baltes) les chiffres de la population juive des recensements d’avant-guerre (1939) à ceux d’après-guerre (1959), avec tous les calculs correctifs utiles pour tenir compte du mouvement naturel de la population sous toutes ses formes. Les calculs récents les plus convaincants sont ceux de R. Hilberg qui arrive au total de 5 100 000 victimes juives du génocide (cf tableaux I à III).
Le secret
Il a été voulu par les auteurs du génocide. Pas d’ordre écrit en clair, un langage codé [ Tarnname] : (« solution finale », « action spéciale », « traitement spécial », « évacuation », « hébergement », « réinstallation »...). Höss, commandant d’Auschwitz, avait prêté serment devant Himmler de garder le secret. Les camps, du moins leurs installations meurtrières (chambres à gaz) ont été détruits, leurs archives brûlées.
Il a été facilité par la terreur, par la complicité de ceux qui n’ont pas voulu voir ou savoir, et aussi par le caractère incroyable et impensable de l’événement. Jamais un Etat n’avait décidé et appliqué l’extermination entière d’un groupe humain pourchassé sur un continent entier.
Les réalités de la solution finale (arrestation, concentration, déportation, sélection, gazage, crémation des cadavres) n’ont pas été crues, à l’époque même où des témoins sérieux les faisaient connaître. Comme l’a écrit plus tard Raymond Aron, alors à Londres où les informations circulaient :
« Les chambres à gaz, l’assassinat industriel d’êtres humains, non, je l’avoue, je ne les ai pas imaginés, et parce que je ne pouvais les imaginer, je ne les ai pas sus ». Comme le dit Gerhart Riegner qui a recueilli les informations à Genève où il tenait le bureau du Congrès juif mondial : « Un être humain normal ne pouvait pas comprendre ».
La connaissance
– Pendant la guerre, des informations et des témoignages ont filtré, convainquant Gerhart Riegner, qui de Genève, transmet l’information à Washington et à Londres, où on en fait état dans les organes de presse. En novembre 1944, l’administration américaine a publié cinq relations qui lui étaient parvenues, rédigées dans l’été 1944 par des évadés d’Auschwitz - Birkenau, dont les Slovaques Vrba et Wetzler. Les Alliés ont été informés, comme le Vatican.
Après la « libération » des camps, de nombreux SS arrêtés ont témoigné au cours de divers procès, à commencer par Höss qui a rédigé une longue confession ; le Docteur Kremer a expliqué la signification des notes codées du journal qu’il a rédigé lorsqu’il a passé plusieurs mois à Auschwitz en 1942, et a assisté à une série « d’Actions spéciales » (« le comble de l’horreur ») ; l’officier S.S. Gerstein a rédigé en prison, avant de se suicider, plusieurs rapports sur sa visite à Belzec en août 1942, où il avait assisté au gazage de tout un convoi, après quoi il avait essayé d’informer la Suède et le Vatican ; Eichmann s’explique au procès de Jérusalem (1961).
On a exhumé à Birkenau plusieurs documents enfouis par des détenus, lettres ou cahiers évoquant les opérations de sélection, gazage et crémation ; les rares survivants des « Sonderkommando » en 1945 ont donné leur témoignage.
Les archives allemandes (armée, administrations, entreprises industrielles) ont conservé bien des documents concernant la fabrication des chambres à gaz, les livraisons de matériaux et les diverses activités liées à la déportation et au génocide.
Tous ces documents et témoignages ne peuvent évidemment être exploités qu’après étude critique, confrontation selon les règles de la méthode historique ; si des affirmations inexactes ont pu être avancées ici ou là, le travail des historiens depuis quarante-cinq ans a abouti à une connaissance, évidemment ni exhaustive ni achevée, mais réelle du génocide. L’étude critique des documents, la confrontation des diverses sources, continuent.
En France. on connaît les noms, les adresses et les âges des 76 000 Juifs déportés entre le printemps 1942 et août 1944, dont 2 500 ont survécu. (S. KLARSFELD, Le mémorial de la déportation des Juifs de France, Paris, 1978 et Additif au Mémorial., Paris, 1981).
F. BÉDARIDA, Le nazisme et le génocide. Témoignages, Presses Pocket, 1992.
Les victimes par pays
Cf. Hilberg
REICH Wilhelm, La psychologie de masse du fascisme, 1972, Payot, 341 p.
II . L’ENTREPRISE NEGATIONNISTE
– A. Les AUTEURS
Paul Rassinier (1906-1967)
Instituteur puis professeur d’histoire et de géographie. Il a été communiste puis socialiste. Favorable à Munich puis résistant ; arrêté en 1943 et déporté (Buchenwald, Dora) . Il publie Le mensonge d’Ulysse (1950), se lie à des milieux d’extrême - droite (cf. M. Bardèche Terre promise 1948), et à Rivarol. Il nie le « prétendu génocide » (« la plus tragique et la plus macabre imposture de tous les temps ») qui s’explique par un complot juif international, et calcule (Le Drame des Juifs européens) que plus de 3 millions de prétendus exterminés ont survécu, cachés en Europe de l’Est, puis enfuis ailleurs…
Cf. Le véritable procès Eichmann ou les Vainqueurs incorrigibles, Paris, les Sept Couleurs, 1962
Robert Faurisson
Universitaire, spécialiste de littérature française, docteur d’Etat (A-t-on lu Lautréamont ? 1972), maître de conférences à Lyon Il en 1973, auteur d’études critiques sur le texte de Rimbaud et sur celui des Chimères de Nerval. Ayant découvert Rassinier en 1960. il mène dans les années 1970 une « enquête » personnelle sur les chambres à gaz, conclut à leur non-existence. La presse fait connaître ces thèses en novembre 1978 (Le Matin. Libération). Le Monde publie (19 et 30 décembre 1978) un dossier qui s’ouvre sur un texte de R. Faurisson « Le problème des chambres à gaz ou la rumeur d’Auschwitz », auquel répondent plusieurs historiens. Émotion. Les enseignements de R. Faurisson sont suspendus, et il est mis à la disposition du Centre national de télé-enseignement (mai 1979). Polémiques et procès en série. Robert Faurisson publie Mémoire en défense contre ceux qui m’accusent de falsifier l’histoire (1980) puis Réponse à Pierre Vidal-Naquet (1982) après l’article de celui-ci « Un Eichmann de papier » (Esprit, septembre 1980), ainsi que de nombreux tracts et opuscules puis un périodique « Annales d’histoire révisionniste » (1987) aux éditions « La Vieille Taupe » de Pierre Guillaume.
Robert Faurisson sera condamné à Paris (juillet 1981) pour diffamation raciale, pour la phrase prononcée à Europe 1 le 16 décembre 1980, qui dit-il, résume toute sa pensée : « Les prétendues chambres à gaz hitlériennes et le prétendu génocide des Juifs forment un seul et même mensonge historique qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière, dont les principaux bénéficiaires sont l’État d’lsraël et le sionisme international et dont les principales victimes sont le peuple allemand - mais non pas ses dirigeants - et le peuple palestinien tout entier ».
Le « révisionnisme de Robert Faurisson consiste essentiellement à nier l’existence de chambres à gaz homicides, en déclarant n’avoir pas trouvé le moindre commencement de preuve de leur existence, et en affirmant accessoirement »Hitler n’a jamais ordonné ni admis que quiconque fût tué en raison de se race et de sa religion, je ne cherche à outrager ni à réhabiliter personne.« Réponse lui a été faite aussitôt par François Delpech, historien lyonnais (textes publiés dans »Historiens et géographes", mai-juin 1979 et Sur les Juifs, Presses Universitaires de Lyon, 1983), par G. Wellers, P. Vidal-Naquet et plus récemment M. Steinberg (voir Bibliographie).
L’école « révisionniste »
Elle est soutenue en France par « La Vieille taupe », librairie « anarcho-marxiste » devenue favorable depuis 1970 aux thèses de Rassinier (par hostilité à la fois au stalinisme soviétique, au capitalisme occidental et au sionisme ?), qui publie également : Serge Thion, Vérité historique ou vérité politique ? Le dossier de l’affaire Faurisson (1980) ;
W.Stäglich, Le mythe d’Auschwitz, 1986.
La thèse de doctorat d’Henri Roques sur les « Confessions » de Kurt Gerstein soutenue à Nantes le 15 juin 1985 et annulée par le ministre Alain Devaquet en juillet 1986, a été publiée par A Chelain, Faut-il fusiller Henri Roques ? Ogmios Diffusion, Paris, 1986)
L’économiste lyonnais Bernard Notin publie dans la revue « Economies et Sociétés » de l’Ismea, en août 1989, un article : « Le rôle des médias dans la vassalisation nationale » où il reprend des thèmes antisémites et « révisionnistes ». Il est sanctionné. La loi Gayssot, votée le 13 juillet 1990, prévoit la punition (peines d’amende et de prison) de ceux qui contestent l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité définis par le tribunal de Nuremberg. Mais de nombreux historiens désapprouvent le principe d’une telle loi, qui fait du législateur et du juge les arbitres de la vérité historique - premier pas en direction d’une « vérité d’Etat » (cf. Madeleine Rebérioux. « Le juge, le génocide et l’historien ». L’Histoire, n° 138).
Grande activité des révisionnistes en Grande-Bretagne et surtout aux Etats-Unis avec le périodique The Journal of Historical Review (1980). les publications de A. Butz, The Hoax of the Twentieth Century (1974) et de R.E. Harwood « Did Six Millions really die ? », Historical Review press, Richmond).
Congrès internationaux à Los Angeles depuis 1979.
– B - LES THESES
P. Vidal-Naquet les résume (Les Assassins la mémoire, p. 334) :
. Il n’y a pas eu de génocide. L’arme du crime, la chambre à gaz homicide, n’a jamais existé.
. La « solution finale » consistait à refouler les Juifs vers l’Est européen - là d’où ils étaient venus.
. Les victimes juives du nazisme ont été peut-être un million selon Rassinier (surtout dues aux bombardements alliés), environ 500 000 selon Faurisson, tuées en combattant ou « pour faits de guerre » puisque le sionisme mondial avait déclaré la guerre à Hitler en 1939 (!) À Auschwitz ont péri au maximum 50 000 déportés, surtout du typhus. On a utilisé le gaz pour exterminer les poux.
. Le génocide est une invention de la propagande alliée, principalement juive et sioniste, un « bobard de guerre » repris après la guerre au bénéfice d’lsraël.
Les « révisionnistes » prétendent donc rétablir la vérité, dégonfler le mythe et détruire le mensonge forgé par les vainqueurs à Nuremberg et admis depuis par une « histoire officielle » aveugle ou complice. En provoquant des polémiques dans les médias, ils cherchent à accréditer l’idée qu’il y a deux écoles historiques sur ce sujet, la leur « révionniste », celle de leurs adversaires « exterminationniste ») qui se prêtent à la falsification ; en fait ils veulent même faire croire qu’ils sont les seuls à faire de l’histoire critique. Qu’en est-il ?
C - DE L’ANTI-HISTOIRE
– Il arrive aux « révisionnistes » de poser de bonnes questions, d’apporter des remarques critiques utiles sur un témoignage fragile, sur un document mal interprété. Mais ces rares éléments positifs sont pris dans une démarche générale aberrante.
Leur « méthode », si l’on peut dire, est perverse : elle associe l’hypercritique à la fabulation, l’ergotage sur les détails et sur les mots à l’ignorance massive du contexte, et cherche à faire apparaître comme conclusion d’une démonstration ce qui est postulat affirmé au départ.
L’hypercritique à la recherche de la « preuve » décisive, permet de disqualifier tous les témoignages et les documents gênants : les témoins Juifs sont suspects ; l’exagération ou l’erreur d’un témoignage sur un point de détail suffit à la discréditer entièrement : Les témoignages datant de la guerre sont propagande ou rumeur, ceux d’après la guerre sont intéressés ; les aveux et dépositions des SS à leurs procès ont été extorqués ou dictés par les vainqueurs. En décidant que deux témoignages qui se contredisent sur un point s’annulent entièrement, et que ceux qui s’accordent sont peu fiables (copiés l’un sur autre, ou émanant tous deux d’une source commune, donc d’une pression extérieure), on disqualifie radicalement tous les témoins.
Quant aux documents nazis, on prend au sens littéral les expressions du langage codé (ex. « évacuation » qui désigne en réalité « liquidation » sans tenir compte des informations qu’on a sur ce codage ; les affirmations directes (les discours secrets de Himmler parlant de « extermination du peuple juif », de « tuer » aussi les femmes et les enfants) sont minimisées. Comme les paroles de menace, de haine ou de xénophobie prononcées du côté allié sont prises, elles, au sens le plus fort, on obtient un bilan équilibré entre deux propagandes de guerre toutes deux excessives.
Enfin les lieux et les objets (chambres à gaz et leurs annexes, fours crématoires) perdent tout caractère meurtrier, devenant locaux d’épouillage et de désinfection et crématoires pour les cadavres des victimes du typhus. Il ne subsiste donc « aucune preuve » puisqu’on ne veut pas les voir.
Une argumentation technique subtile et acharnée prétend démontrer l’impossibilité matérielle du meurtre en masse par les gaz : problèmes d’étanchéité ou de ventilation, de sécurité, de nombre, etc. : des experts sont évoqués pour de sinistres reconstitutions imaginaires, à grands renforts de « démonstrations » théoriques invérifiables. Ainsi ce dont on n’a « aucune preuve » est présenté d’autre part comme impossible ou invraisemblable. Sur ces aspects « techniques », une étude critique très documentée a été publiée à New-York en 1989 en réponse aux négateurs : Jean-Claude Pressac, Auschwitz. Technique and Operation of the Gas chambers, NY., The Beate Klarsfeld Foundation.
Une imagination fabulatrice se déploie, au contraire, pour attribuer un sens banal aux documents (ex. le Dr Kremer assistant aux « Sonderaktionen » d’Auschwitz parle de « l’horreur » de « scènes épouvantables » : c’est qu’il a assisté à exécution de quelques détenus condamnés à mort : quand il parle d’ « enfer » et de « camp de l’extermination », c’est à cause du typhus qui sévit). Donc tout s’explique sans génocide, par les circonstances de la guerre.
Enfin ces « démonstrations » sont menées avec myopie, le nez sur le détail qui prête à contestation, en ignorant massivement le contexte d’ensemble. La question des chambres à gaz est traitée en « oubliant » les massacres des Einsatzgruppen qui les ont précédées, les opérations d’euthanasie qui en ont été la préface et surtout le délire meurtrier et le mépris de la vie humaine qui sont au centre de la mentalité nazie. De même, les listes nominatives et les statistiques sur les disparus sont écartées au profit de spéculations hasardeuses fondées sur des sources contestables.
Toutes ces pratiques sont contraires à une saine méthode historique. Les écrivains révisionnistes ignorent le métier d’historien - non qu’il faille un label universitaire, diplôme ou agrément officiel, pour faire de l’histoire, mais parce que cela suppose l’application de règles de méthode qui ne sont pas seulement celles de la critique littéraire ou de la discussion technique d’experts.
Il est inutile d’insister sur l’esprit dans lequel sont menées ces « enquêtes » qui prétendent chercher la vérité et dénoncer le mensonge : conclusions préfabriquées, qui dictent le choix des « preuves » et des « arguments » ; obsession du complot, de l’escroquerie géante et de la falsification à l’échelle mondiale dont les « révisionnistes » sont les seuls à apercevoir la fausseté ; intentions sous-jacentes troubles ou trop claires : l’antisionisme obsessionnel qui refuse l’idée que les Juifs aient été victimes (sinon d’eux-mêmes), les hantises soit anticommuniste (Staline seul despote totalitaire) soit antilibérale (le capitalisme responsable de tous les maux) qui poussent à banaliser le nazisme. La singularité liée au génocide doit disparaître, pour montrer que « le vrai crime, c’est la guerre elle-même, avec son cortège d’horreurs volontaires comme le terrorisme sous toutes ses formes, horreurs involontaires comme les épidémies de typhus qui ont ravagé les camps » (R. Faurisson).
Il s’agit donc bien de « négationnisme » passionné et maniaque, sans valeur démonstrative. Mais le scandale causé par la publication de ces thèses, les procès et les condamnations donnent prétexte à leurs auteurs pour se poser en victimes de la répression et de la censure. Ils mettent leurs adversaires au défi de répondre par des documents et des arguments aux documents et arguments qu’ils produisent.
La majorité des historiens refuse d’engager la discussion pour ne pas accréditer l’idée d’un débat scientifique entre deux écoles historiques : on ne peut mener en effet un débat scientifique avec celui qui nie qu’il fait jour en plein midi. Cependant pour Pierre Vidal-Naquet, s’il n’est pas question de discuter avec les révisionnistes, on peut et on doit discuter sur les révisionnistes : expliquer ce que sont leurs procédés et leurs postulats, rappeler ce qu’est la « vérité historique », qui n’est pas une vérité mathématique, et sur quoi elle est fondée. Et il reste, bien sûr, à continuer à faire avancer la véritable connaissance historique, en confrontant les documents et les témoignages.
– CONCLUSIONS : CHERCHER LA VERITE... ENTRETENIR LA MEMOIRE.. ARMER LA VIGILANCE
Il ne s’agit ni de persécuter des chercheurs qui mèneraient des enquêtes originales, ni d’imposer une version « officielle » et dogmatique de l’histoire, mais de rappeler ce qu’est l’histoire, et ce que signifient les tentatives d’élimination de la mémoire du génocide.
L’histoire se fonde sur la libre recherche, sur le doute méthodique et la révision permanente des acquis précédents - ne serait-ce que parce qu’on pose de nouvelles questions aux mêmes documents. Il n’y pas « d’historiens officiels » et l’histoire d’État, comme toutes les hagiographies, est une déviation à combattre.
Mais l’histoire a ses règles de méthode, sa déontologie, et toute découverte ou interprétation nouvelle est soumise à l’appréciation de la communauté scientifique internationale. S’en exclure et prétendre avoir raison seul contre tous en forgeant ses propres instruments d’enquête sans contrôle n’est pas de bonne méthode. Les négations obtenues par ces procédés peuvent être qualifiées de falsifications. Quant à ceux qui suspendent leur jugement sous prétexte qu’ils ne sont pas historiens et renvoient dos à dos deux « écoles historiques » (exterminationnalistes et révisionnistes), ils refusent la vérité et se rendent complices, consciemment ou non, du mensonge.
La tentative pour éliminer le génocide en le niant est aussi intolérable moralement qu’inadmissible intellectuellement :
C’est nier la singularité du national-socialisme ; certes il y a d’autres totalitarismes, et le goulag n’a pas fini de livrer ses secrets. Mais l’extermination des Juifs, paroxysme (avec celle des Tziganes) du délire raciste né sur le terreau du vieil antisémitisme, plaie de l’Europe chrétienne, a aussi une autre signification. Sous prétexte de race, c’est au peuple témoin de la force de la loi et de l’éthique, témoin de l’universalité des valeurs, que s’en prend le nazisme. Nier le génocide, c’est une manière d’évacuer les questions que pose à l’Europe, le destin du peuple Juif (aux chrétiens et aux amis des Droits de homme notamment).
C’est chercher à détruire la mémoire d’un forfait monstrueux commis au centre de l’Europe, qui questionne la conscience occidentale et incite à la vigilance face aux mystiques fusionnelles (la nation, le peuple, le chef) et aux morales fondées sur l’obéissance et la soumission (des exécutants).
En France où l’on apprend progressivement comment le régime de Vichy a composé avec le vainqueur au point de contribuer à la réalisation de la solution finale, la mémoire doit être conservée, et la connaissance transmise. Il faut combattre le négationnisme.
Villeurbanne, 30 mai 1990
Bernard COMTE, historien, Lyon II et IEP Lyon, Historiens et géographes, N° 339, février - mars 1990, p 141 - 150
POUR EN SAVOIR PLUS...
Sur ce sujet la bibliographie est immense.
Excellente synthèse, sûre et simple : F. Bédarida. Le Nazisme et le génocide. Témoignages, Presses Pocket, 1992 (avec bibliographie).
La somme sur le génocide : R. Hilberg. La Destruction des Juifs d’Europe. Fayard 1988 coll de poche Folio-Histoire. Gallimard. 2 vol.
Eugen KOGON, Hermann LANGBEIN, Adalbert RÜCKERL, Les chambres à gaz, secret d’Etat, Francfort, 1983, Paris, Ed. de Minuit, 1984.
Deux synthèses collectives, avec des historiens de tous les pays :
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. L’Allemagne nazie et le génocide Juif Gallimard / Le Seuil, 1985.
F.Bédarida. La Politique nazie d’extermination. Albin Michel. 1989.
Travail récent Philippe Burrin, Hitler et les Juifs. Genèse d’un génocide. Seuil. 1989 (sur la période avant 1942).
Deux réponses parmi d’autres à R. Faurisson :
G. Wellers. Les chambres à gaz ont existé, Gallimard. 1981.
M Steinberg Les yeux du témoin et le regard du borgne. Le Cerf. 1990 (sur le Journal de Kremer à Auschwitz).
Analyses du négationnisme :
P Vidal-Naquet. Les assassins de la mémoire, la Découverte. 1987.
https://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu04010/les-historiens-face-au-negationnisme.html
Parmi les témoignages, le film Shoah (1985), les ouvrages de Elie Wiesel, Primo Levi, Rudolf Vrba, cités dans la brochure de F. Bédarida et André Frossard, Le Crime contre l’humanité, livre de poche, 1987.
Dossier sur les chambres à gaz, à propos des travaux de J-Cl. Pressac dans L’Histoire, n° 156, juin 1992.
François Delpech : « La persécution nazie et l’attitude de Vichy » - Historiens et Géographes,n° 273. Mai-juin 1979, p. 591-635.
Bernard Comte : Une utopie combattante. L’école des cadres d’Uriage - 1940-1942, Fayard 1991.
Bernard Comte : participation au rapport de la commission René Rémond, Paul Touvier et l’Eglise, Fayard 1992.
Daniel Letouzey
PRESSAC Jean Claude, Les crématoires d’Auschwitz, CNRS, 1993
La méthodologie PRAX : Prévenir le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie sur Internet
http://www.revue-texto.net/docannexe/file/1739/valette_rastier.pdf
Pologne
Audrey Kichelewski, Judith Lyon-Caen, Jean-Charles Szurek, Annette Wieviorka dir., Les Polonais et la Shoah. Une nouvelle école historique, Paris, CNRS éditions, 2019