Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Les Juifs en Turquie, immigration et sauvetage

La Turquie, un refuge sous le nazisme
mercredi 4 avril 2012

Présents depuis l’antiquité, une mosaïque de communautés juives, ashkénazes, karaïtes, romaniotes, misrahim, sépharades, espagnols, italiens, marranes..., existe en Turquie.
En 1933, des intellectuels, artistes et scientifiques allemands et autrichiens fuyant l’oppression nazie pour des raisons raciales, politiques ou idéologiques, trouvent refuge en Turquie.
Pendant le nazisme des diplomates turcs sont intervenus pour sauver des Juifs.

Province de Malaga, F. Bellin

En 1492, les Juifs sépharades ou « Espagnols », sont chassés d’Espagne, puis du Portugal par les rois catholiques. Le Sultan Bayezid II demande de les accueillir.

migrations, musée juif d’Istanbul

Les sépharades apportent de nouvelles techniques dans l’Empire ottoman.

En 1493, David et Samuel ibn Nahmias, expulsés d’Espagne, installent à Constantinople [1] En savoir plus sur http://www.bordeaux-gazette.com/bordeaux-et-l-orient-express.html#C3ddU6Gy3lzAwcAV.99la première presse à imprimer en caractères hébraïques.

Des ashkénazes appelés « les Allemands », parlent yiddish, viennent de la Mitteleuropa et de l’Est de l’Europe depuis les croisades.
Suite aux grandes persécutions de 1391, des juifs s’installent en Turquie. À Andrinople (Edirne), Isaac Tsarfati (Sarfati), un juif ashkénaze, écrit au XVe siècle en ces termes aux juifs de Souabe, de Styrie, de Moravie, de Hongrie et des pays rhénans :
« Moi, Isaac Tsarfati, bien que d’ascendance française, je suis né en Allemagne où j’ai grandi aux pieds de mes vénérés maîtres. Je vous le dis, la Turquie est un pays d’abondance où, si vous le voulez, vous trouverez le repos. D’ici, la route vous est ouverte vers la Terre sainte. Ne vaut-il pas mieux vivre sous la domination des musulmans plutôt que des chrétiens ? Ici, chaque homme peut mener une existence paisible à l’ombre de sa vigne et de son figuier. [2]. La Turquie, proche de la Terre Sainte, est un empire tolérant par rapport à l’Europe chrétienne. »
L’Empire ottoman apparait comme un paradis multiculturel face à l’intolérance en Occident. Sous certains sultans les juifs ont des postes importants.
Des juifs italiens arrivent de Livourne et s’installent à Istanbul et Izmir-Smyrne. Avec les pogroms, perpétrés en particulier par des cosaques ukrainiens, au XIXe et XXe siècle, et les guerres, des juifs arrivent de Crimée, du Caucase, de Bessarabie, des Balkans.

 350 000 juifs sont établis dans l’Empire ottoman au début du XXe siècle. Des communautés venant d’Espagne, du Portugal, d’Italie, d’Allemagne, des Balkans, de Pologne.
Les juifs sont installés dans une douzaine de villes dont Istanbul, Edirne, Izmir, Safed, Salonique, Smyrne.
Les communautés sont organisées par origine autour de leur synagogue.
La majorité des juifs sont des travailleurs manuels, des artisans,qui travaillent dans les manufactures de textile, tabac, papier à cigarette de Salonique où les Arméniens et les Grecs ont des positions plus importantes. Une grande partie des juifs de l’empire ottoman est misérable, exerce de petits métiers comme porteur d’eau, portefaix, marchand ambulant et vit dans des maisons de bois pauvres à Balat par exemple, dans une seule pièce. Les épidémies sont fréquentes. Certains sont paysans.
Les sépharades « Turkinos » parlent le djudezmo (djudyo ), judéo-espagnol, ou ladino [3]. L’Alliance israélite universelle, AIU, créée en 1860 pour défendre les juifs persécutés et les valeurs des Lumières, fonde des écoles et des centres pour apprentis, forgeron, ébéniste, serrurier, où l’on y enseigne le français. Cela contribue à la formation du « judéo-fragnol » chez les sépharades. Les enfants juifs ne sont plus à l’école avec les Turcs et perdent l’usage de la langue turque. Des journaux paraissent en français. L’Alliance joue un rôle dans la politisation des juifs. Des conflits éclatent avec les rabbins.

En 1908 la turquisation du pays est mise en place par les « Jeunes turcs » nationalistes et des libéraux. Les non-turcs deviennent les ennemis.
En 1912, Salonique, la « Jérusalem des Balkans », est rattachée à la Grèce. Elle est ravagée par le Grand incendie en 1917.

17 romans en judéo-espagnols (Djudyo) publiés à Istanbul entre 1930 et 1933 du fonds d’Israël Salvator Revah sont numérisés et accessibles :
https://sites.google.com/site/sefaradinfo/Home/numerisation-1/fonds-i-s-revah

Des échanges militaires préparent l’alliance germano-turque. La première guerre se termine par la capitulation de la Turquie. La France et la Grande-Bretagne se partagent les territoires arabes. La guerre gréco-turque s’achève par des expulsions de Grecs et de Turcs, classés en orthodoxes et musulmans. La communauté juive est divisée selon les nouvelles frontières.
Le rebétiko nait alors, mélange de musiques et de chants d’Istanbul et d’Izmir, qui se retrouve en Grèce, autour d’Athènes où Rosa Eskenazi, juive sépharade née à Constantinople, représente ce genre. Sur les traces de Rosa Eskenazi, les chants de Yota Nega en grec, Mehtap Demir en turc et Savina Yannatou en ladino s’entremêlent [4] et
un film :
http://www.mysweetcanary.com/
En 1923, création de l’État national turc avec Ankara comme capitale
1928, réforme de l’écriture, la révolution de l’alphabet.
Les guerres des Balkans, les atrocités envers les Arméniens, [5] la proclamation de l’Islam religion d’État, des catastrophes... entrainent l’émigration de nombreux juifs (et de Turcs), après la fondation de la République en 1923, vers la France, Belgique, Suisse, Pays-Bas, Italie, Autriche, Allemagne, l’Amérique latine.
En 1933, les juifs allemands originaires de Turquie, sont touchés par les lois raciales en Allemagne.

 « Exil sous le croissant et l’étoile »

Un appel est lancé aux professeurs allemands, autrichiens, juifs et antifascistes. En 1933, des intellectuels, artistes et scientifiques allemands et autrichiens fuyant l’oppression nazie pour des raisons raciales, politiques ou idéologiques, trouvent refuge en Turquie.

Réfugiés allemands et autrichiens

Ces exilés ont contribué à mettre en place le travail de modernisation et de réformes de 1925 de Mustafa Kemal Atatürk (mort en 1938) et d’Inönü : laïcisation, alphabet latin, modernisation de la société, droit de vote des femmes...

Istanbul devient la « meilleure université allemande ». Cependant, les autorités ont demandé aux professeurs exilés d’apprendre le turc en trois ans.
Des réfugiés comme Ernst Reuter, Paul Hindemith, Werner Ludwig Lipschitz, directeur de l’Institut de biochimie d’Istanbul, Fritz Neumark, Alexander Rüstow, économiste, Gerhard Kessler, Wilhelm Röpke, ont aidé à construire le système universitaire et des laboratoires scientifiques entre 1933 et 1953. L’École supérieure d’agronomie et de médecine vétérinaire d’Ankara est bâtie sur le modèle allemand pour faire progresser l’agriculture et l’élevage en Anatolie. Otto Gerngross y est professeur de technologie agricole.
Eduard Zuckmayer a fondé une école de musique, la Gazi-Universität à Ankara où il fait le pont entre la musique orientale et occidentale.
La culture allemande a influencé le système financier, juridique, politique et artistique en Turquie.

Dans son rapport paru dans le livre Exil sous le croissant et l’étoile [6], Herbert Scurla, haut dignitaire nazi en mission à Ankara et à Istanbul en 1937 et en 1939, cherche à discréditer les intellectuels allemands réfugiés auprès des Turcs, les traitant d’«  Emigrantenbande »(clique d’émigrés).
Il classe les émigrés allemands en Vollarier, Nichtarier, Mischling, Volljude (juif intégral), hochgradiger Freimaurer (franc-maçon de la pire espèce). Les nazis retirent les passeports des exilés et annulent leur nationalité pour des raisons idéologiques et raciales. Scurla pense que ces Haymatloz, Heimatlos, (apatrides), n’auront plus leur place en Turquie, mais il sous-estime l’indépendance politique voulue par la Turquie d’Atatürk. Il se plaint du non-recrutement de certains professeurs. Les autorités turques ne veulent pas d’universitaires occupant des fonctions au NSDAP, craignant qu’on leur impose des gens pour leur aryanité et non pour leurs compétences [7]. Les professeurs du Reich qui sont détachés, « Einsatz » (en mission) en Turquie, doivent obéissance absolue aux nazis. Scurla constate qu’au lieu que ce soit les non-aryens qui n’ont pas de contrat, c’est celui des professeurs nazis qui n’est pas renouvelé.

 Le passeport turc

La Turquie est neutre [8] et en Turquie tous les citoyens sont égaux.
Istanbul est l’une des places les mieux informées sur le massacre des juifs.
Il faut aux réfugiés transitant en Turquie, un passeport, un visa de transit turc, un visa pour la Syrie qui dépend de la France et un certificat palestinien accordé par la Grande Bretagne. L’Agence juive (The Jewish Agency for Palestine) en Turquie avec Haim Barlas et Marianne Laqueur, vient en aide aux réfugiés.

 La Grande Bretagne refuse que la Turquie autorise les réfugiés à entrer en Turquie car elle est un pont vers la Palestine, elle accorde des visas de transit. La Grande Bretagne craignant de provoquer les Arabes, limite la délivrance de certificats palestiniens à un quota de 75 000 sur cinq ans selon le « Livre blanc » de 1939. Les Britanniques renvoient les gens sans certificat ou les internent à Chypre, à l’île Maurice ou en Palestine. La marine britannique contrôle la côte.

  Des juifs roumains essaient de fuir par la mer Noire.
Le Struma, un vieux rafiot, parti de Constanza avec 769 réfugiés roumains pour 150 places, en décembre 1941 est en panne, est mis à quai à Istanbul. Les réfugiés n’ont pas le droit de débarquer sans certificat palestinien. La communauté juive avec Simon Brod, ravitaille les occupants du bateau. Anglais, Bulgares, Turcs et Américains n’en veulent pas.
Après plusieurs semaines, le bateau quitte la côte turque et reçoit une torpille soviétique. Staline a ordonné de couler les bateaux neutres qui approchent de la mer Noire. Parmi les réfugiés juifs, David Stoliar est le seul rescapé. Les autorisations anglaises pour les enfants et les jeunes sont arrivées trop tard [9].
David Stoliar reçoit une invitation exceptionnelle des Anglais, à rejoindre la Palestine.
Histoire de David Stoliar :
http://einestages.spiegel.de/s/tb/28485/david-stoliar-der-einzige-ueberlebender-des-untergangs-der-struma.html

Action des diplomates turcs :
http://www.muze500.com/content/view/360/257/lang,en/

  L’Allemagne réclame à la Turquie les juifs allemands et d’Europe centrale réfugiés en Turquie. La Turquie ne livre pas les juifs qui sont sur son sol aux Allemands : « les juifs qui vivent en Turquie sont nos citoyens ».

 Les consulats peuvent délivrer des visas. Des diplomates turcs dans les pays occupés par les Nazis s’efforcent par tous leurs moyens de sauver de la déportation et la mort le plus grand nombre possible de juifs que l’on pouvait considérer comme sujets turcs. Ils fournissent des papiers, « le passeport turc », à leurs ressortissants et à d’autres pour qu’ils rentrent en Turquie. (Rückkehr ou rémigration en Turquie). Le problème est que des juifs turcs ont acquis la nationalité française et sont dénaturalisés par Vichy.

 De nombreux juifs orientaux, « israélites du Levant », turcs ottomans, Terkishe yidn, sont venus en France, surtout après la Première guerre, de Salonique, Istanbul, Izmir, Edirne et autres villes, à Paris [10], à Lyon, à Marseille, à Nice...
L’ambassadeur allemand à Ankara, von Papen, écrit à Paris que les juifs considérés comme turcs doivent être exclus de la déportation [11]. Mais Eichmann veut, en 1942, que tous les juifs soient déportés.
En Europe, des juifs turcs bénéficient d’une protection jusqu’en 1943, mais s’ils sont mis à la place de juifs français pour remplir les trains et si le consulat n’intervient pas, ils sont déportés. Les ordres de libération arrivent parfois trop tard. Pour certains policiers français, « un juif est un juif ».
Rudolf Levy, lui, a été protégé par ses papiers turcs à Berlin et à Hambourg, puis au Pays-Bas.

Médaille et diplôme des Justes parmi les Nations remise à Albert Routier, consul honoraire de Turquie à Lyon (Cf Guttstadt, p. 199), pour avoir sauvé de nombreuses familles juives.
« Il multiplie les interventions auprès des autorités compétentes, qu’elles se trouvent à Marseille puis repliées à Grenoble (Consulat général de Turquie sous la tutelle de Bedi Arbel), à Vichy (antenne de l’Ambassade de Turquie domiciliée à Paris. »
Il est dénoncé pour activité « débordante en faveur des Juifs, qu’ils soient citoyens turcs, anciens citoyens turcs ou juifs non turcs ». »
source :
http://www.chrd.lyon.fr/static/chrd/contenu/menu%20haut/ressources%20historiques/centre-documentation/lettre/CHRD_lettre-du-CDD_fev14.pdf

...« En février – mai 1944, en France, des diplomates turcs ont organisé le rapatriement en Turquie d’environ cinq cents juifs d’origine turque que les Allemands voulaient arrêter et déporter. Au total, sept convois partirent de la gare de l’Est à Paris avec à chaque fois un ou deux wagons pour les juifs turcs rapatriés. Le voyage jusqu’à Istanbul dura de douze à quinze jours à travers l’Allemagne, l’Autriche et l’Europe orientale occupée par les Nazis. »
http://www.crif.org/fr/actualites/Pierre-Weill-quand-la-Turquie-sauvait-des-juifs-des-griffes-des-nazis14854?
En 1943, les nazis saisissent des juifs turcs diamantaires des Pays-Bas sans se préoccuper de leur statut. Ils sont internés à Westerbork puis déportés à Sobibor. Certains ont réussi à avoir des papiers palestiniens et à être mis sur une liste d’échange.
Des juifs internés à Vittel, juifs d’échange contre des civils allemands « palestiniens », sont rejoints à Vienne par des juifs venant de Bergen-Belsen, et transitent par Istanbul pour aller en Palestine.
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article143

Des juifs ont été sauvés par des diplomates turcs.

noms de diplomates turcs ayant sauvé des juifs, musée juif d’Istanbul

Numan Menemencioglu, Behic Erkin, Saffet Arika n,Inayetullah Cemal Özkaya,
Firuzan Selcuk, Pertev Sevki Kantemir, Abdülhalat Birden, Kudret Erbey,
Galip Evren, Fuat Aktan, Ragýp Rauf Arman), Necdet Kent, Bedii Arbel, Mehmet Fuat, Carim, Cevdet Dülger, Fikret Sefik Ozdogan, Namýk Kemal Yolga,Irfan Sabit Akca, Selahattin Ülkümen, Burhan Isýn :
https://parolefrancojuive.wordpress.com/2011/05/12/les-diplomates-turcs-pendant-la-seconde-guerre-mondiale-des-justes-qui-ont-sauv-des-juifs/
A Drancy
Necdet Kent, consul turc à Marseille [12] :

médaille de Yad Vashem de Necdet Kent
  • Von Rhodos nach Auschwitz
    Le 23 juillet 1944, un dimanche, la déportation des quelque 2.000 hommes, femmes et enfants juifs a commencé. Dans le port de Rhodes, ils ont été embarqués sur des navires transportant du charbon. Les bateaux ont mis sept jours pour arriver à Athènes, car ils devaient embarquer aussi des Juifs de l’île de Kos. Le transport dura trois semaines jusqu’au camp d’Auschwitz
    https://www.juedische-allgemeine.de/juedische-welt/von-rhodos-nach-auschwitz/

Selahattin Ulkumen, Consul Général de Turquie à Rhodes (1943-44), a sauvé 42 juifs (turcs) a été honoré par Yad Vashem, le 26 Juin 1990, comme ‘’Hassid Umot ha’Olam’’ – Juste parmi les Nations.
(http://www.ulkumen.net)

Des opérations de sauvetage n’ont pas abouti à cause de la lenteur de certains fonctionnaires turcs et de l’attitude attentiste d’Ankara. Von Papen agit à Ankara en répandant du matériel de propagande antisémite. Un ultimatum est donné au gouvernement turc pour rapatrier ses ressortissants des pays occupés jusqu’au 1er janvier 1943. Le gouvernement ne répond pas, l’ultimatum est prolongé. Puis von Thadden propose de créer un camp pour juifs turcs. Des juifs d’origine turque n’ayant pas fait leur service militaire, sont refusés et déportés avec la mention « nationalité incertaine » ou s’ils ne sont pas allés en Turquie depuis 10 ans, perdent leur nationalité turque, et sont Staatlosen, sans nationalité.

 Un impôt est imposé aux non-musulmans.
Le pays connait une période de récession économique. En mai 1941, pendant l’avancée allemande dans les Balkans, les non-musulmans de 25 à 45 ans, considérés comme la 5 ème colonne, sont envoyés au service militaire du travail, dans des camps en Anatolie où ils cassent des pierres, construisent des routes.
Le Varlık Vergisi ou impôt sur la fortune, pendant la présidence d’Inönü, du 11 novembre 1942 au 15 mars 1944, allait toucher toutes les minorités non-musulmanes de Turquie, y compris les juifs et les convertis, les dönme ou Selanikli (ceux qui sont de Thessalonique). Il s’agissait d’un impôt décidé par le gouvernement, dont le montant était fixé à la tête du client, selon les estimations des fonctionnaires en place. Le pourcentage à payer (non discutable), était cependant variable selon les communautés (Roms (grecs), Arméniens, juifs, grégoriens, catholiques, orthodoxes, Arabes orthodoxes, Assyriens, protestants, etc.). Les biens de ceux qui n’arrivaient pas s’acquitter de l’impôt, étaient confisqués, puis vendus souvent au tiers de leur valeur. Si la vente des biens ne suffisait pas, on envoyait ceux qui ne pouvaient pas payer, dans un camp de travail à Aşkale, près d’Erzerum en Anatolie orientale, pour la construction du chemin de fer.
C’est impôt est aboli en mars 1944.

 Plusieurs organisations juives et leurs représentants sont établis à Istanbul, point de rencontre, pendant la guerre :
* Va’ad ha-Hatsala", rescue Committee, (Comité de sauvetage), 1939-1945, a des bureaux à Genève et à Istanbul. D’abord préoccupé par le sort des érudits, il parvient à faire passer des juifs en Palestine.
http://www.ushmm.org/wlc/fr/article.php?ModuleId=235
* Joel Brand, juif hongrois de langue allemande, membre du Comité d’Aide et de Secours de Rudolph (Rezsö) Izraël Kasztner, est envoyé à Istanbul par les autorités allemandes, représentées par Adolf Eichmann, afin de proposer à l’Agence juive d’échanger « un million de Juifs contre dix mille camions », mille tonnes de café et du savon, en mai 1944.
« Blut gegen Ware » (du sang contre des marchandises).
http://www.adl.org/education/dimensions_18_2/rescuers.asp
Le Juif qui négocia avec les nazis, Rudolph (Rezsö) Izraël Kasztner, juif hongrois

Numan Menemencioğlu, ministre des affaires étrangères de 1942 à 1944, pro allemand doit démissionner en 1944.
Le 23 février 1945, la Turquie déclare la guerre à l’Allemagne et au Japon.

 « Citoyen parle turc ! »
Rosie Pinhas-Delpuech raconte dans Suites byzantines, le contrôle qu’elle a dû subir enfant de sa connaissance du turc et son apprentissage de la langue à l’école de « Dame Nénuphar », « qui a légué son hôtel particulier à la jeune démocratie pour qu’elle en fasse une école publique, gratuite, laïque et obligatoire au service des enfants du pays »...

Avec la fondation de l’État d’Israël et la politique mouvementée de la Turquie, émaillée par des crises, il reste entre 25 000 et 30 000 juifs en Turquie.

Shoah, le film documentaire de Claude Lanzmann, 1985, est sous-titré en arabe, en farsi et en turc, dans le cadre du « Projet Aladin » en 2011. Il a été diffusé à la télévision turque le 27 janvier 2012.

Le sort des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, notamment dans le monde arabo-musulman- Histoire de l’antisémitisme dans le monde arabo-musulman- Histoire des Juifs dans le monde arabo-musulman- Histoire du fait religieux formation par le Mémorial de la Shoah 2019

 Médiagraphie

Bibliographie :
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http://www.bleu-autour.com/PDF%20en%20ligne/ENFANCE_JUIVE_DER.pdf
Jeudi 13 septembre 2012 à 19 h 30 au MAHJ :
http://www.mahj.org/fr/5_auditorium/rencontre-enfance-juive-en-Mediterranee-musulmane.php?niv=7&ssniv=1
SELEK Pinar, Résistance aujourd’hui
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SCHMIDT Mirjam, Türkinnen und Türken im Holocaust, 2000, in Haymatloz - Exil in der Türkei 1933-1945 : [eine Ausstellung des Vereins Aktives Museum und des Goethe-Institutes mit der Akademie der Künste, 8. Januar bis 20. Februar 2000] / [Kat. : Hrsg. : Verein Aktives Museum, Berlin. Red. : Sabine Hillebrecht]

Films et documentaires :
Desperate Hours - Turkey’s Rescue of Jews, Türklerin Yahudileri Hitler’den Kurtarması, Victoria Barret
Yılmaz KARAKOYUNLU, Salkım Hanımın Taneleri (Les Diamants de Mme Salkım), Doğan Kitap, 1990 sur l’impôt sur la fortune.
Les diamants de madame Salkım, film de Tomris Giritlioǧlu, 1999

témoignages :
http://www.youtube.com/watch?v=UO4XE_XsDps&feature=player_embedded# !
Le Passeport Turc(Türk Pasaportu), documentaire turc de Bahadır Arlıel, Cemal Noyan et Güneş Çelikcan, avec le soutien du « Projet Aladin », 2011, 91 min.
http://theturkishpassport.com/
extraits :
http://www.youtube.com/watch?v=RSJcOzio8hQ&feature=player_embedded

Maison des judeo-espagnols à Paris :
Une famille a pu rejoindre Istanbul grâce au passeport turc.
http://www.alsyete.com/
Site sur les diplomates turcs :
http://parolefrancojuive.wordpress.com/2011/05/12/les-diplomates-turcs-pendant-la-seconde-guerre-mondiale-des-justes-qui-ont-sauv-des-juifs/
Liens :
Deutscher Freiheitsbund : cercle de résistants allemands créé en Turquie par Gerhard Kessler, émigré en Turquie et professeur à Istanbul et Ernst Reuter
http://diwan-berlin.de/zeitschrift/?p=131
« Les Juifs sépharades de Turquie, une minorité sous presse » :
http://www.cairn.info/revue-outre-terre-2005-1-page-379.htm
Journal Şalom, bilingue turc et judéo-espagnol :
http://www.salom.com.tr/news/list/category/19-Judeo-Espanyol.aspx
Mario Levi :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mario_Levi

Le musée juif d’Istanbul, ouvert en 1992 lors du 500 ème anniversaire de l’arrivée d’Espagne des Juifs sépharades, se trouve dans l’ancienne synagogue Zulfaris, dans le district de Karaköy.
http://www.muze500.com/
(Photos autorisées prises dans le Musée juif d’Istanbul, collection personnelle).
Nicole Mullier, juin 2012

http://eduscol.education.fr/fileadmin/user_upload/histoire_geo/Images/M06_2014/Juifs_et_musulmans_dans_l_Empire_ottoman.pdf

  Le Projet Aladin

« Lancé en mars 2009, le Projet Aladin est une association internationale de droit français dont le but est de lutter contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme, et de promouvoir une culture de paix et de dialogue dans l’espace euro-méditerranéen et de mettre en valeur la diversité culturelle. Nous nous efforçons d’atteindre ces objectifs en facilitant la connaissance mutuelle par la mise en place de projets éducatifs et culturels. »

Dans le cadre du projet Aladin, conférence à Istanbul sur les universitaires réfugiés en Turquie
http://www.projetaladin.org/fr/des-femmes-fran%C3%A7aises-%C3%A0-auschwitz-le-9-f%C3%A9vrier-2014.html

Divers articles d’Esther Benbassa

Les Libertés aujourd’hui :
http://www.gitfrance.fr/

« Un 24 avril à Istanbul » - Soirée de retour de Turquie sur les commémorations du génocide arménien

Conférences à l’Institut français d’Istanbul consacrées au processus mémoriel de la Shoah en France, mars 2014 :
http://www.holokostlayuzlesmek.com/tr/

 Le Cercle d’étude, en turc

Tehcir ve Holokost İncleleme Halkası-Auschwitz Dostluǧu Derneği, Auschwitz ve Yukarı Silezya Toplama Kamplarına Tehcir Edilenler Dostluğu (bugünkü adıyla UDA, Union des Déportés d’ Auschwitz) ve Tarih öğretmenleri tarafından, toplama, tehcir ve Holokost tarihinin evresensel boyutunu geliştirmek, tehcir edilen nesillerin genç kuşaklara bayrak devrini temin ve İnsan Hakları savunmasının güncelliği konusunda düşünmeye teşvik etmek amacıyla kurulmuştur.
Toplama, tehcir ve Holokost tarihini öğrenmenin evrensel bir yarar getirdiğine inanarak dernek kendisini, ilgilenen herkese düşünme imkânları sağlamak ; bugün ve yarın, ırkçı, yabancı düşmanı, totaliter eğilimlere direnmek ; yaşanmış vak’aların inkâr ve unutulma ihtimaline karşı Holokostun hatırasını canlı tutmak amaçlarıyla görevlendirmiştir.

Littérature : en sephardische Sprache, die auch Ladino, Djudezmo, Djidio, Djudeo Espanyol, Judenspanisch, Spaniolit, Spaniolisch, Espanyolico, Hakitía oder Tetuani
poésie sépharade, Clarisse Nicoidski

Henriette Asséo, Annie Bellaïche-Cohen, Muriel Flicoteaux, Corry Guttstadt,
Xavier Rothéa, Sabi Soulam, Alain de Toledo, Mémorial des Judéo-Espagnols déportés de France, Paris, éditions Muestros Dezaparesidos, 2019.
https://muestros-dezaparesidos.org/boutique/memorial-des-judeo-espagnols-deportes-de-france/

N.M. mise à jour, juillet 2014, 22, etc.

[1Constantinople : officiellement Istanbul depuis le 28 mars 1930

[2cité in LEWIS Bernard, Juifs en terre d’Islam, Flammarion, coll. « Champs », 1989

[3Le ladino des textes sacrés ou judéo-espagnol calque, version résultant de la traduction littérale (mot-à-mot) de l’hébreu en espagnol, langue liturgique qui ne se parle pas. Au Moyen Orient, la langue parlée et écrite est le djudezmo ou judéo-espagnol vernaculaire.

[4Festival d’Ile de France

[6HALM Dirk, SEN Faruk, Exil sous le croissant et l’étoile, rapport d’Herbert Scurla sur l’activité des universitaires allemands pendant le III ème Reich, éd. Turquoise

[7« Scurla fait savoir à ses supérieurs que la Turquie ne voulait d’aucun universitaire allemand qui occupât des fonctions au sein du parti national-socialiste »...Exil sous le croissant et l’étoile, p 29

[8Un traité de non-agression est signé à Ankara entre l’Allemagne nazie et la Turquie le 18 juin 1941, par l’ambassadeur d’Allemagne en Turquie, Franz von Papen, et le ministre des Affaires étrangères de Turquie, Şükrü Saracoğlu.

[10« Judéo-Espagnols », « Juifs du Levant » (ou levantins), « Juifs orientaux »,« Juifs séfardis » cf. Le Bosphore à la Roquette

[11Cf. Mon enfance volée de Victor Pérahia

[12KULIN Ayşe, Dernier Train pour Istanbul, Éditions Ramsay, 2009

[13Talât S. Halman, Demir Özlü, Rosie Pinhas-Delpuech, Seda Arun, Zeynep Avci, Gaye Petek, Selim İleri, F. Tülin, Gültekin Emre, Nedim Gürsel, Enis Batur, Tarik Günersel, Patrice Rötig, Sara Yontan, Ahmet Insel, Ayşe Önal, Esther Heboyan, Haydar Ergülen, Ayşe Sarısayın, Yiğit Bener, Birsen Ferahlı, Şehnaz Hottıger , Selçuk Yildiz, Elif Deniz Ünal, Ayfer Tunç, Samim Akgönül, Sema Kiliçkaya, Elif Daldeniz, Murat Yalçin, Sevengül Sönmez, Şafak Pavey, Azad Ziya Eren et Moris Farhi.