Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

La rafle de Nancy du 19 juillet 1942, un acte de résistance collective

par des policiers résistants
dimanche 25 mai 2025

La rafle de Nancy du 19 juillet 1942, un acte de résistance collective

L’échec de cette rafle programmée par les nazis à Nancy, au lendemain de la rafle du Vel’d’Hiv, est peu connu ou, du moins, oublié. Il est lié à une action collective, initiée par le chef du service des étrangers du commissariat de police de Nancy.

Edouard Vigneron, chef de ce service, reçoit de ses chefs, le 18 juillet1942, une liste établie par les Allemands avec 385 noms de Juifs étrangers à arrêter à Nancy. Il doit constituer des équipes de gardiens de la paix qui iront les arrêter le lendemain dans toutes les rues du quartier central de Nancy où habitaient beaucoup de ces Juifs étrangers.

Il réunit alors les policiers de ce service, Pierre Marie, son adjoint, François Pinot, Charles Bouy, Henri Lespinasse, Charles Thouron, Emile Thiebault. Cette équipe décide de dire non à l’organisation de la rafle préparée par les nazis. Edouard Vigneron convoque par téléphone ceux qu’il peut joindre ainsi. Il charge Pierre Marie d’envoyer les agents du service qui vont frapper à toutes les portes, et prévenir les familles juives de se sauver, leur fournissant de vrais faux papiers, voire parfois des billets de train. Charles Bouy et sa femme ont même hébergé pendant quelques jours deux familles qui ne savaient pas où se cacher avant de franchir la ligne de démarcation. (Ce sera le cas de Fanny Vischel, qui quitte Nancy le jour même). Les policiers connaissaient bien les adresses de ceux qui venaient régulièrement au commissariat renouveler leurs titres de séjour ou régulariser leur situation.

Ainsi, le 19 juillet, lorsque les policiers se présentent aux portes des logements, il n’y a plus personne. Au total, seuls 32 juifs sont arrêtés malgré tout, soit parce qu’ils n’avaient pas trouvé d’abri, soit parce qu’ils étaient dans l’impossibilité de se déplacer, comme Alter Vischel dont la femme, restée près de son mari très gravement malade, a été arrêtée, soit parce qu’ils n’avaient pas cru la police. Mais plus de 350 Juifs ont eu la vie sauve ce jour-là grâce cet acte de désobéissance civique mis en œuvre par ces ″policiers résistants″. Les Nazis sont obligés de constater l’échec de la rafle qu’ils avaient programmée et le train prévu pour le transport vers le camp de Drancy a été décommandé.

Mais Edouard Vigneron, suspecté, a été démis de ses fonctions et incarcéré à la prison de Fresnes. Aucun procès n’a pourtant été ouvert contre lui. Il a été réhabilité après la Libération et a reçu à titre posthume le 3 mai 1982 le titre de Juste parmi les Nations décerné par Yad Vashem à tous ceux qui ont sauvé des Juifs, au péril de leur vie. Pierre Marie, François Pinot, Charles Thouron et Charles Bouy, ont également reçu la médaille de ″Juste parmi les nations ″ de Yad Vashem.

Chantal Dossin

Cf Charles Cycanowicz du convoi 76, à venir
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