Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux « Justes » de France. 21 juillet 2024
Joseph et Masza Akerberg, Rafle du 16 juillet 1942
En souvenir de mes grands parents, Joseph et Masza Akerberg, arrêtés à leur domicile à Paris lors de la rafle du Vél d’Hiv’ du 16 juillet 1942, déportés depuis Drancy par le convoi 33 et assassinés à Auschwitz, alors que mon père, Léon Akerberg, engagé volontaire en 1939 était prisonnier de guerre en Allemagne.
C’était hier, c’était il y a 82 ans.
Michèle Akerberg
Message de Patricia Mirallès, Secrétaire d’État auprès du ministre des Armées,
Il est des horreurs qui hantent sans fin la conscience humaine, et la rafle du Vel d’Hiv est de celles-ci. Il y a 82 ans. C’est une vie, et pourtant c’était hier. L’État français a écrit ce qui restera à tout jamais une page d’une noirceur insondable de notre histoire nationale.
« Il est 4 heures du matin. Ils sont venus nous chercher. Je vous dis adieu ». Ces mots, écrits par une adolescente de 16 ans à l’aube d’une tragédie, ces mots dont la simplicité ne dissimule ni l’amour ni la souffrance, nous touchent et nous glacent aujourd’hui encore.
Trois phrases qui, par-delà le temps passé, sont l’une des milliers de cicatrices que laissera dans la mémoire du peuple français ce jour de juillet 1942.
Le 16 juillet 1942, vers quatre heures du matin, alors que les victimes dormaient encore, les képis zélés du régime de Pétain ont commencé à frapper aux portes. Cela dura toute la journée, et encore le lendemain. Pour les familles qui étaient de l’autre côté, dans l’intimité déjà profanée de leur foyer, la mort les attendait.
Les enfants dormaient, les couples chuchotaient, un homme laçait ses chaussures pour aller ouvrir son commerce, une femme mettait la bouilloire sur le feu. Ce jour-là, ces gestes quotidiens furent les derniers pour 13 000 innocents qui allaient être précipités dans l’enfer concentrationnaire.
Les célibataires sont directement envoyés au camp de Drancy ; les couples sans enfant aussi. Les familles, 8 160 personnes, sont quant à elles parquées dans le Vélodrome d’Hiver. Les cris des spectateurs sont remplacés par les cris des victimes.
Innocents, ces hommes, femmes et enfants ont été pris dans l’engrenage meurtrier du nazisme, simplement parce qu’un jour ils étaient nés. Juifs, ils avaient confiance dans la France, dont les Lumières avaient autrefois éveillé l’Europe et donné à l’homme des droits universels.
Ces hommes, femmes et enfants, qui avaient gardé, comme le grand rabbin de France Jakob Kaplan après la promulgation de l’odieux statut des juifs, « une foi profonde en l’esprit de justice de la France éternelle », ont bel et bien été trahis.
La vérité, c’est que la collaboration avec l’ennemi, la trahison de l’essence même de la France, le régime de Vichy les a choisies délibérément. Dans nos campagnes les plus reculées jusqu’aux confins du Sahara algérien, les Juifs français furent les victimes d’une politique antisémite résolue, à l’initiative du régime.
La vérité, c’est que la police française s’est chargée d’arrêter les milliers d’innocents du 16 juillet. La vérité, c’est que pas un soldat allemand ne fut mobilisé ce jour-là. La vérité, c’est que l’État français est allé au-delà des exigences de l’occupant, et que ce crime fut commis en France, par la France et contre elle-même. Comme l’a dit le président Jacques Chirac il y a presque 30 ans, notre pays « ce jour-là, accomplissait l’irréparable ».
Et pourtant, au cœur de l’effondrement militaire, politique et moral, quand certains s’abaissaient dans la compromission, d’autres se sont élevés avec dignité. Face au mal qui rongeait la France et l’Europe, ils ont fait le choix de répondre par l’évidence du bien. Ces hommes et ces femmes qui refusèrent d’emprunter la voie que suivirent tant d’autres sont les « Justes » de France.
Ce sont eux qui, en accueillant un homme traqué, une famille pourchassée, ont sauvé les idéaux républicains, aux côtés de la Résistance. Ce sont eux qui ont incarné, avec un sens du devoir plein d’humanité, les valeurs et l’âme de la République. C’est grâce à leurs actions que les trois quarts des Juifs de France ont survécu.
Malgré les falsificateurs de l’histoire, n’oublions jamais l’alliance fatale entre le projet génocidaire nazi et le régime de Pétain. Cette collaboration de la haine qui a abouti à la Rafle du Vél d’Hiv’, à toutes celles qui ont précédé ou qui ont suivi, à l’assassinat de si nombreux Juifs et Tziganes, frères et sœurs dans la souffrance.
Les actes et discours antisémites et racistes sont plus nombreux lorsque l’ignorance et l’oubli sont à l’œuvre, car la haine de l’autre, tapie dans l’ombre, guette les fragilités de nos mémoires, de notre histoire, de notre culture.
Elle guette nos inquiétudes et nos faiblesses. Elle guette les dissensions de la fraternité républicaine que certains cherchent à aggraver. Et la haine précède souvent de peu la barbarie.
Aujourd’hui, face à l’histoire, face à nos responsabilités, affirmons ensemble que la lutte contre les crimes de haine, contre l’antisémitisme, contre le racisme, doit être la marque distinctive de notre époque.
Vive la République !
Vive la France !
Patricia Mirallès
Message qui sera lu le 21 juillet 2024 à Melun, Seine-et-Marne. Maryvonne Braunschweig, présidente de l’AFMD77, lira la liste des « Justes » de Seine-et-Marne.
Dans chaque chef-lieu de département le dimanche autour du 16 juillet, une cérémonie doit avoir lieu.
http://www.jacqueschirac-asso.fr/le-discours-historique-de-jacques-chirac-sur-la-rafle-du-vel-dhiv/
Rafle du Vél’ d’Hiv’, Raphaël Esrail
La Rafle du Vél’ d’Hiv’, 16 juillet 1942
La Rafle du Vél d’Hiv’ par Cabu
La Rafle du Vel d’Hiv, Paris, juillet 1942, Laurent Joly
Commémoration de la Rafle du Vél’ d’Hiv’ par Yvette Lévy
Pour une histoire des Justes
Les Justes : Chambon sur Lignon, Dieulefit, St Christophe des bois