Action de résistance des Tsiganes au camp de Birkenau
Le camp des Tsiganes (Zigeunerlager), appelé le camp des familles.
Le camp tsigane ou « camp des familles », Familienlager de Birkenau (section BIIe du camp) comporte 32 baraques. Les enfants sont souvent filmés pour la propagande nazie autour de la balançoire et des bacs de sable. Mais certains de ces enfants ont servi de cobayes pour les « expériences » pseudo-médicales.Le « camp des familles » de Birkenau fournissait en effet du « matériau » aux « docteurs » du Troisième Reich, tout particulièrement à Mengele qui y fit des « recherches » sur la transmission des couleurs de l’iris, sur les cas d’hétérochromie (yeux vairons), sur la gémellité... Mais Mengele ne se limita pas à ses expériences de génétique ; il s’intéressa aussi à la stérilisation des Tsiganes, et, prolongeant les entreprises de Ritter, il tenta de mettre au point une technique de stérilisation pouvant être utilisée à grande échelle. Pour cela il fit des
« expériences » in vivo ; par exemple, des injections d’eau de mer dans les ovaires qui provoquèrent d’atroces souffrances, des séquelles à vie, voire, très souvent, la mort. Ces pratiques ne furent pas réservées aux seules Tsiganes, mais cette population fut, en proportion, la plus touchée par ce phénomène.
Ainsi ce « camp des familles » semble avoir eu comme objectif à long terme la disparition des Tsiganes puisqu’ils n’auraient pas pu avoir de descendants. À plus brève échéance, en imposant des conditions matérielles dégradantes ce « camp des familles » transformait les Tsiganes, considérés comme catégorie « raciale pathologique », en « intouchables » miséreux.
"il y avait beaucoup de Tsiganes qui sont arrivés à Auschwitz avec l’uniforme de la Wehrmacht, parce que pendant longtemps, ils avaient servi dans la Wehrmacht. Certains étaient même gradés, caporaux ou sergents. Les chefs de blocks étaient des Tsiganes, anciens de la Wehrmacht. Apparemment, les Tsiganes étaient moins maltraités que nous. Ils n’allaient pas travailler et je sais qu’ils avaient pour les enfants, une sorte d’école, de jardin d’enfants.
Nous, nous étions tondus immédiatement à notre arrivée, eux, non, ils avaient gardé leurs cheveux. Ils avaient pu garder leurs vêtements aussi. Ils étaient en vêtements civils. Ils n’avaient pas le costume rayé. Au niveau de la nourriture, ils avaient pratiquement la même nourriture que nous, c’est-à-dire insuffisante, mais comme les Tsiganes ne travaillaient pas, il me semblait que la nourriture les gonflait plus qu’elle ne les nourrissait. Le soir, des fois, des orchestres tsiganes jouaient, ils avaient leurs instruments. De la belle musique !" Ernest Vinurel
Liquidation du camp des Tsiganes à Auschwitz-Birkenau
Insurrection des Tsiganes le 16 mai 1944
Avertis de la « liquidation » du camp tsigane, par le Polonais Tadeusz Joachimowski, secrétaire du camp, le 16 mai 1944 une action de résistance a lieu dans le camp des Tsiganes.
Le soir, les baraques sont encerclées par une soixantaine de SS armés de mitraillettes.
Quand l’ordre est donné de sortir des baraques, ils n’obéissent pas. Ils sont armés d’outils, de bêches, de haches, de pieds de biche et comptent se saisir des mitraillettes des SS quand ceux-ci pénètreront dans les baraques.
Les SS abandonnent car ils savaient que parmi les Tsiganes se trouvaient des soldats de la Wehrmacht provenant du front russe et qui avaient été déportés fin 43 à Birkenau.
Mais l’esprit de résistance ne peut s’étendre à tout Birkenau. Aussi, un certain nombre de Tsiganes sont envoyés dans d’autres camps comme Buchenwald ou Ravensbrück, pour les exterminer par le travail.
Il reste autour de 2900 Tsiganes, des enfants, des femmes, des malades, des vieillards, qui sont gazés dans la nuit du 2 au 3 août 1944.
Nuit du 2 au 3 août 1944.
Rudolf Höss écrit dans « Le commandant d’Auschwitz parle » qu’il ne fut pas facile de les faire rentrer dans les chambres à gaz. Filip Müller, du Sonderkommando témoigne : « De toutes part, les gens hurlaient, nous sommes des Allemands… De la chambre à gaz montaient des cris jusqu’à ce que le gaz fasse son effet. « Nous voulons vivre ».
Le BIIe est vide.
Mémoires tsiganes, l’autre génocide
Les Tsiganes dans l’Europe occupée : entre persécutions et génocide
Mémorial des Sinti et Roma à Berlin
NM