Le Collège Sévigné (Paris 5e) honore la mémoire de ses anciennes élèves Justes parmi les Nations dont Madeleine White-Steinberg [1]
Le 24 mai dernier le collège Sévigné a rendu hommage à deux Justes parmi les nations, ainsi qu’aux cinq élèves du collège déportés et morts à Auschwitz. C’est dans la salle Colson, celle-là même où furent remis, le 11 juin 2014, à titre posthume, à Jean-Louis Steinberg, son époux, le diplôme et la médaille des Justes pour son aide au sauvetage d’une poignée des 260 Juifs polonais transférés du ghetto de Varsovie au camp d’internement de Vittel (réservé aux Anglo-Saxons, ressortissants de pays ennemis), dans le faux espoir de partir en Amérique latine, et finalement ramenés un an plus tard en Pologne à Auschwitz via Drancy pour y être immédiatement exterminés.
Photo Collège Sévigné
Chorale des élèves de 5e qui a remarquablement interprété Nuit et Brouillard de Jean Ferrat et Oyf’n Pripetshok, berceuse yiddish.
Dans une salle, le public nombreux (élèves, professeurs et personnels du Collège, parents d’élèves, proches…) a écouté plusieurs prises de parole : Mme Berthout, maire du 5e arrondissement, Pierre-François Veil, président de Yad Vashem France, puis l’évocation des deux Justes : Jo Cardin-Massé, par Mme Massé, une parente, puis Madeleine White-Steinberg, par Maryvonne Braunschweig, secrétaire générale du Cercle d’étude, enfin les cinq élèves assassinés à Auschwitz, par Mme Charpentier, directrice du Collège et des proches des victimes.
Photo Collège Sévigné
Pierre-François Veil, président de Yad Vashem France
Derrière à sa droite le panneau avec la photo des deux Justes parmi les nations
- Les deux Justes parmi les Nations, anciennes élèves du Collège Sévigné
– Josèphe Massé née Cardin (1923-1992) ; élève du Collège Sévigné durant l’Occupation, « Jo » a participé à la protection de Pearl Golzmann, son amie du Collège, de son frère Henri, d’Yvonne Netter ; d’Anne Wellers et de ses fils, André et Michel. Elle a été reconnue Juste parmi les Nations, ainsi que ses parents, Albertine et Joseph Cardin, le 14 décembre 1992.
– Madeleine Steinberg née White (1921-2008), élève du Collège Sévigné durant les années 1930, Madeleine a contribué à sauver plusieurs Juifs (hommes et femmes), en provenance du ghetto de Varsovie, internés comme elle au camp de Vittel. Elle a été reconnue Juste parmi les Nations le 25 août 2013 et la cérémonie s’est donc tenue au Collège Sévigné le 11 juin 2014.
Photo Collège Sévigné
Maryvonne Braunschweig, au nom du Cercle d’étude, évoque Madeleine White-Steinberg
Sur le côté à gauche, on devine à l’arrière un chevalet avec une présentation des 5 élèves victimes et devant des chevalets, on aperçoit les plaques qui seront fixées dans l’entrée de l’établissement en mémoire des deux Justes et des victimes de la Shoah
- Les élèves juifs du Collège Sévigné morts en déportation
– Michel Sikora (1935-1943) ; élève du Collège Sévigné durant l’Occupation, a été arrêté avec ses parents, Jacob/Henri et Sonia/Sophie, le 16 avril 1943, sur dénonciation. Il a quitté Drancy par le convoi n°64 du 7 décembre 1943 et est mort assassiné à Auschwitz.
– Juliette Mowszowicz (1924-1943) ; élève du Collège Sévigné durant l’Occupation, a été arrêtée avec son père, Moïse, le 27 juillet 1942. Elle a quitté Drancy par le convoi n°59 du 2 septembre 1943 et est morte assassinée à Auschwitz.
– Claude Hirtz (1924-1942) ; élève du Collège Sévigné durant l’Occupation, a été arrêtée avec sa mère, Marguerite, et son frère, Lucien, le 13 août 1942. Elle a quitté Drancy par le convoi n°35 du 21 septembre 1942 et est morte assassinée à Auschwitz.
– Francine Bloch (1923-1944) ; élève du Collège Sévigné durant l’Occupation, a été arrêtée avec sa mère, Nelly, le 23 février 1944. Elle a quitté Drancy par le convoi n°69 du 7 mars 1944 et est morte assassinée à Auschwitz.
– Suzanne Sahel (1925-1942) ; élève du Collège Sévigné durant l’Occupation. Elle a quitté Drancy par le même convoi que sa camarade du Collège Claude Hirtz, et est morte assassinée à Auschwitz.
Collège Sévigné, des plaques pour d’anciens élèves morts en déportation
La cérémonie s’est poursuivie avec un magnifique concert de chants yiddish, a cappella, à deux voix, donné par Mesdames Anne et Joëlle Garcenot, deux sœurs, membres du trio Isajoan.
Le verre de l’amitié clôturait la cérémonie et a permis de faire plus ample connaissance avec les enfants du docteur Jean Lévy dont le père, prisonnier de guerre au camp de Vittel, fut l’âme de la résistance interne du camp et a encouragé quelques jeunes femmes qui, comme Madeleine White, ont été amenées à aider les Juifs polonais. Madeleine Steinberg a écrit à propos du Dr Jean Lévy : « C’était un homme remarquable, excellent médecin, et un résistant de la première heure, courageux et doué pour la vie clandestine. Quand les Polonais sont arrivés de Varsovie, il a su les aider aussi. C’est lui qui a permis à Hillel Seidman, à Felicja et à d’autres de rester à l’hôpital [au moment où les Allemands déportaient les Juifs polonais pour lesquels ils avaient formé un train spécial] c’est lui qui avait organisé le départ d’un bébé juif que Mme Skipwith et moi-même avons passé à une femme résistante après les barbelés. »
Photo Maryvonne Braunschweig
Les enfants du Dr Jean Lévy : Marc Lévy, son fils,
entre sa compagne à gauche sur la photo et sa sœur à sa droite
et plus à droite sa fille.
En partant, Mme Charpentier, directrice du Collège Sévigné, nous fait découvrir une plaque dans le hall d’entrée, posée au début des années 2000, à la mémoire des victimes du nazisme, et nous apprend qu’elle fut posée à la demande de Madeleine et Jean-Louis Steinberg qui l’avaient financée. Nous ne le savions pas.
Photo Maryvonne Braunschweig
Maryvonne Braunschweig