"De sa captivité, en 1945, en Allemagne, Robert Antelme a tiré un récit exceptionnel où il porte à sa dernière limite, la réflexion sur la volonté exterminatrice des SS : il met en lumière la logique de supériorité et le mépris sur lesquels se fondent, plus ou moins ouvertement, tous les systèmes d’exploitation et d’asservissement.
L’Espèce humaine est une œuvre unique, bouleversante, d’une élévation de pensée absolue et d’une actualité redoutable.
« L’Espèce humaine était le premier, je dirai même le seul, livre qui fût au niveau de l’humanité, au niveau de l’expérience nue, vécue et exprimée avec les mots les plus simples et les plus adéquats qui soient. De ce fait-là, ce livre qui dans un sens était de l’anti-littérature, à juste titre parce qu’il ne voulait pas faire de la littérature sur la concentration, était un livre de pure littérature, c’est-à-dire qu’on ne pouvait plus rien écrire d’autre. » Edgar Morin"
... « le récit est au présent, à la première personne, celui qui parle est un homme, à bout de forces, pesant trente kilos, survivant dans l’environnement incomparable, sans doute inimaginable, et surement irreprésentable, d’un camp de concentration ; je suis une femme, de cinquante ans, du vingt-et-unième siècle, en parfaite santé, née longtemps après la guerre. » Anne Coutureau
Adaptation et interprétation : Anne Coutureau
Mise en scène : Patrice Le Cadre
Création sonore : Jean-Noël Yven
Production Théâtre vivant
du 5 au 15 janvier 2023, du jeudi au samedi à 19h - dimanche à 14h30
durée : 1h20
Théâtre de l’Épée de Bois - Cartoucherie de Vincennes
https://www.epeedebois.com/
Billetterie : https://www.epeedebois.com/un-spectacle/lespece-humaine/
Renseignements : 01 48 08 39 74
Plus d’infos : http://theatrevivant.fr/lespece-humaine/
Anne Coutureau
ANTELME Robert, L’Espèce humaine, Paris, Gallimard, 1957
« Il n’y a pas d’ambiguïtés, nous restons des hommes, nous ne finirons qu’en hommes ». Robert Antelme
"Nous sommes tous, au contraire, ici pour mourir. C’est l’objectif que les SS ont choisi pour nous.
Ils ne nous ont ni fusillés ni pendus mais chacun, rationnellement privé de nourriture, doit devenir le mort prévu, dans un temps variable.
Le seul but de chacun est donc de s’empêcher de mourir. Le pain qu’on mange est bon parce qu’on a faim, mais s’il calme la faim, on sait et on sent aussi qu avec lui la vie se défend dans le corps. Le froid est douloureux, mais les SS veulent que nous mourions par le froid, il faut s’en protéger parce que c’est la mort qui est dans le froid. Le travail est vidant - pour nous, absurde - mais il use, et les SS veulent que nous mourions par le travail ; aussi faut-il s’économiser dans le travail parce que la mort est dedans. Et il y a le temps : les SS pensent qu’à force de ne pas manger et de travailler, nous finirons par mourir ; les SS pensent qu’ils nous auront à la fatigue c’est-à-dire par le temps, la mort est dans le temps." (page 47) :
http://clioweb.free.fr/camps/antelme.htm
DURAS Marguerite, La Douleur, Éditions P.O.L, 1985