Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Erwin Blumenfeld 1897-1969

Exposition au MAHJ musée d’art et d’histoire du Judaïsme
vendredi 16 décembre 2022

Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld, 1930-1950, très intéressante exposition du 13 octobre 2022 au 5 mars 2023, visible avec des élèves à partir de la troisième, histoire, français, langues, art, enseignement technique...

Erwin Blumenfeld né en 1897 à Berlin, mort en 1969 à Rome
Double portrait
dossier de presse, MAHJ.

Erwin Blumenfeld, Double autoportrait à la Linhof, appareil photo de 1938.

Les tribulations d’un juif berlinois au XXe siècle

  • liberté et propagande
    Berlin. À 10 ans, Erwin reçoit son premier appareil photo.

- Les Gitans. Saintes-Maries-de-la-Mer,1928-1932

- Le Dictateur. Amsterdam 1933 – Paris 1937
Après la prise du pouvoir de Hitler (non élu) en 1933, Blumenfeld à Amsterdam, réalise des photomontages Grauenfresse (Gueules de l’horreur), [1] « Le Minotaure ou Le Dictateur », avec tête de veau, larmes de sang.

Gueule d’horreur
Dossier de presse


Blumenfeld est en 1936 à Paris, photographe de portraits et de corps féminins, influencé par Man Ray, il expérimente dans sa chambre noire. Il utilise un procédé, la solarisation [2] qui dessine un contour noir autour des photos.
Il fait des photos pour Vogue France.

  • La guerre, errance de camp en camp, de la France 1939 au Maroc 1941

En 1939, Blumenfeld va à New York où il signe un contrat avec Harper’s Bazaar pour faire des photos de la mode parisienne. Il revient à Paris en août 39 et part rejoindre sa famille à Voutenay-sur-Cure (Yonne).
La « drôle de guerre », la famille vit à Vézelay. Il est refusé au CTE [3] trop vieux.
En mai, étranger indésirable, il est emmené par des gendarmes au camp de Monbard-Marmagne (Côte-d’Or), un centre de rassemblement des étrangers où il a le statut de prestataire. Après la chute de Paris en juin, il est délacé dans un camp à Loriol, puis vers Nîmes, Montpellier, Sète, Narbonne, Toulouse et Perpignan, avant d’être interné durant six semaines au Vernet d’Ariège, camp particulièrement dur.
Lena sa femme quitte Vézelay, traverse la France, leur fille Lisette est internée lors de ses 18 ans au camp de Gurs.

Le capitaine Schlosser, un gaulliste, qui dirige le camp de Catus-Cavalier, laisse ses prisonniers « prestataires » s’installer en ville. Avec la menace de l’arrivée de la Gestapo, Schlosser transfère ses prisonniers à Agen. Il rédige une lettre de recommandation pour Blumenfeld, un certificat de libération de son statut de prestataire.

La famille vit en résidence surveillée à Agen. Ayant obtenu ses visas d’entrée aux États-Unis, Blumenfeld est libéré. La famille s’installe à Marseille dans l’attente de billets de bateau. (cf Transit ).
Embarquement à destination de New York sur le Mont Wiso, avec escale à Alger, Oran, Casablanca, où les passagers restent en quarantaine. Puis départ du bateau depuis Casablanca et retour au port. Les passagers sont débarqués et internés au camp de Sidi El Ayachi,au sud de Casablanca. Avec l’aide de l’HIAS (Hebrew Immigrant Aid Society), il obtient un visa de sortie du territoire français, un visa d’entrée aux USA, et avec l’aide de la HICEM société d’aide qui oeuvre avec l’HIAS, les billets sur le SS-Nyassa, un navire portugais.
La famille parvient à embarquer pour New York où elle arrive le 9 août 1941. Blumenfeld se met aussitôt au travail, et réalise des photos de mode magnifiques, en expérimentant toujours dans sa chambre noire et passe à la couleur.

« Pour faire entrer l’art dans l’illustration par voie de contrebande, il faut peut-être que le photographe aime vraiment la photographie plus que le métier de photographe. » Commercial Camera, décembre 1948

Catalogue d’exposition, Nadia Blumenfeld-Charbit, Nicolas Feuillie et Paul Salmona (sous la direction de), Les Tribulations d’Erwin Blumenfeld 1930-1950, Coédition mahJ - RMN-GP, 2022

Sources : visite de l’exposition, et dossier de presse :
https://mahj.org/sites/default/files/2022-07/dp_erwin_blumenfeld.pdf

livret pédagogique :
https://mahj.org/sites/default/files/2022-11/DP_Blumenfeld%20DEF_0.pdf

Blumenfeld a rédigé ses mémoires mais n’a pas trouvé d’éditeur de son vivant. Le livre a été publié pour la première fois en français avec une introduction de David Rousset, après sa mort. Les titres dans les différentes langues sont tous des jeux de mots. Le titre allemand joue avec les mots Bild (image), Einbildung (Imagination) et Bildungsroman (roman de formation).

BLUMENFELD Erwin, Jadis et Daguerre, Paris, éditions Robert Laffont, 1re édition, 1975, Jadis et Daguerre, Paris, Robert Laffont, 1975, réédition Actes Sud, coll. « Babel », 2022
BLUMENFELD Erwin, Einbildungsroman. Erinnerungen, autobiographie en allemand, Frankfurt am Main, Eichborn Verlag, Die Andere Bibliothek, 1998
BLUMENFELD Erwin, Eye to I : The Autobiography of a Photographer, Londres, Thames & Hudson, 1999

" In Wahrheit war ich nur Berliner [4] "

https://erwinblumenfeld.com/

La France des camps : 1938 à 1946, Jorge Amat

Transit, film de Christian Petzold, 2018

Alfred Kantorowicz, Exil en France

Lore Krüger, photographe, résistante, exilée

NM

[1comme John Heartfield (Helmut Herzfeld dit, 1891-1968).

[2"La solarisation est produite en exposant le papier sensible ou la pellicule à une source lumineuse au cours de son développement. Il en résulte une inversion partielle des valeurs positives et négatives, tandis qu’un liseré vient souligner les contours."

[3Décret du 12 avril 1939 sur la création des CTE (Compagnies de Travailleurs Étrangers). Loi du 27 septembre 1940 sur la création des GTE (Groupements des Travailleurs Étrangers).

[4(En vérité, j’étais seulement un Berlinois.)