Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

UNIK Charles

Convoi 76
mercredi 23 novembre 2022

Charles Unik, 36 ans

Charles Unik est né le 20 juin 1908 à Paris, dans le 5ème arrondissement. Il était fils de Moïse Unik et de Sarah Bruski. Il était horloger-bijoutier à Paris puis à Saint-Vallier où, le 2 janvier 1942, il se marie avec Jeanne Faure, née le 21 août 1920 à Crest. Elle était coiffeuse à Saint-Vallier où le couple est alors domicilié. Le 21 mai 1944, Charles Unik était allé à Buis-les-Baronnies voir son oncle Félix Faure, lui-même horloger et qui lui avait appris le métier. Félix Faure était résistant, peut-être Charles Unik l’ était-il aussi et était-ce là la raison de sa présence à Buis-les-Baronnies ? Il est alors arrêté, ainsi que son oncle, car, ce jour-là, vers midi, une dizaine de policiers en civil accompagnés d’autant de soldats allemands transportés dans un camion effectuent une opération de police à Buis-les-Baronnies. Ils cernent tous les hôtels de la localité et y contrôlent tous leurs occupants. Ils effectuent quatorze arrestations de personnes « de race juive », dit le rapport de police, pour la plupart déjeunant à l’hôtel du Lion d’Or de Buis. Félix Faure est libéré à Avignon, mais tous les autres sont incarcérés dans un premier temps à la prison Sainte-Anne d’Avignon, elles sont ensuite internées au camp de Drancy le 13 juin 1944 ainsi que 227 Juifs arrêtés dans cette la région autour de Marseille.

La fiche du carnet de fouille d’Elide Charles Unik dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 2133 francs, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Son numéro matricule est le 23892. Il se présente à l’entrée au camp avec Robert Franck avec lequel il semble avoir déjà lié connaissance. Le 30 juin, il est conduit à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours, par une chaleur torride, est particulièrement épuisant pour ces familles entassées dans des wagons à bestiaux plombés. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la "rampe d’Auschwitz" où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont déclarés " aptes " pour le travail . Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés désignés pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car Les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits "inaptes" au travail, sont gazés dès l’arrivée. Charles Unik, jeune et en bonne santé, entre au camp d’Auschwitz III situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG Farben-Industrie destinée à fabriquer du caoutchouc synthétique. Il devient le déporté A-16903. Il survit jusqu’à l’évacuation du camp le 18 janvier 1945. Robert Franck témoigne, dans un courrier adressé à la femme de Charles Unik en 1946, de son bon état physique au moment de l’évacuation du camp.

Il effectue la première marche de la mort , une marche de 60 kilomètres sur des routes enneigées, en plein hiver, jusqu’à la ville de Gleiwitz, un Kommando du camp d’Auschwitz. Le 20 ou le 21 janvier, 2451 déportés sont entassés dans des wagons à charbon que les hommes rentrés dénommaient "wagons découverts", car sans toit, donc ouverts à tous les vents, à la neige et au froid, sans recevoir de nourriture. Après six jours de transport, il arrive vivant avec 100 hommes du convoi 76, le 26 janvier 1945 au camp de Buchenwald. Son numéro matricule est le 122896. Il est toujours vivant le 3 mars 1945 lorsqu’il est envoyé dans le Kommando d’Escherhausen où les déportés travaillent pour la firme Stein, une succursale de Volkswagen. Travaux de construction supervisés par l’organisation Todt sous le sigle Hecht. Il est donc encore capable de travailler. Pourtant, il n’est pas rentré, peut-être victime d’une de ces dernières marches de la mort avant la libération du camp en avril 1945 ? Son épouse Jeanne Faure est décédée à l’âge de 93 ans, à Crest, le 12 août 2014.

DAVCC 21P545774- Mémorial de la Shoah. Arolsen Archives-Mémoire Résistance des Hautes Baronnies.

Fiche établie lors de l’affectation de Charles Unik au Kommando d’Escherhausen
Horloger

Lettre Frank sur le docteur Unik

Lettre de Robert Franck camarade de Charles Unik au camp. Il témoigne auprès de sa femme sans nouvelles de son mari.

Chantal Dossin

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