Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

CARCASSONNE Edouard et Gilberte, convoi 76

lundi 17 octobre 2022

Édouard et Gilberte Carcassonne, 38 et 34 ans.
Seule Gilberte est survivante.

Édouard Carcassonne est né le 3 janvier 1906 à Marseille. Il est fils de Samuel Carcassonne, commerçant, et de Mathilde May, sans profession. Selon sa fiche de Drancy, il est représentant de commerce. Il se marie le 12 février 1930 à Marseille avec Gilberte Elias, née le 21 juillet 1909 à Nîmes. Ils habitent au 29, rue des Minimes à Marseille. Ils ont un fils, Samuel, né le 8 août 1932 à Marseille.

En 1944, ils se sont réfugiés à Buis-les-Baronnies, un village situé dans la Drôme, à proximité des maquis nombreux dans ces régions montagneuses. Ils sont pensionnaires à l’hôtel du Lion d’or. Le 21 mai 1944, vers midi, une dizaine de policiers en civil accompagnés d’autant de soldats allemands transportés dans un camion effectuent une opération de police à Buis-les-Baronnies. Ils cernent tous les hôtels de la localité et y contrôlent tous leurs occupants. A l’hôtel du Lion d’or, ils effectuent quatorze arrestations de personnes « de race juive », dit le rapport de police, dont Édouard et Gilberte Carcassonne. Leur fils Samuel qui, au moment de la rafle faisait un tour à bicyclette dans Buis, revient juste au moment où ses parents sont embarqués dans un camion. Sa mère crie en provençal, que les Allemands ne comprennent pas, ‘’Sauve-toi ‘’. Ce qu’il fait, échappant ainsi à l’arrestation.

Cette rafle est l’une des plus importantes menées dans la Drôme par les nazis. Les 14 Juifs arrêtés ce jour-là sont internés à la prison Sainte-Anne à Avignon, puis emmenés au camp de Drancy où ils entrent le 13 juin 1944. Leur fiche du carnet de fouille dit qu’ils remettent au chef de la police du camp la somme de 3320 francs, une chevalière et une bague en or, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son arrivée au camp. Ils reçoivent les numéros matricule 23912 et 23913. Le 30 juin, ils sont conduits à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy.

Le voyage qui dure quatre jours, par une chaleur torride, est particulièrement épuisant pour ces familles entassées dans des wagons à bestiaux plombés. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la "rampe d’Auschwitz" où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont déclarés " aptes " pour le travail. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés désignés pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car Les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits "inaptes" au travail, sont gazés dès l’arrivée.

Édouard et Gilberte Carcassonne, encore jeunes et en bonne santé, entrent au camp.
Pour Édouard Carcassonne, ce sera Auschwitz III situé à une dizaine de kilomètres d’Auschwitz près du village de Monowitz. Y était installée l’usine surnommée « Buna », d’IG-Farben ; il survit jusqu’à l’évacuation du camp le 18 janvier 1945. Il effectue alors la première marche de la mort, une marche de 60 kilomètres sur des routes enneigées, en plein hiver, jusqu’à la ville de Gleiwitz, un Kommando du camp d’Auschwitz. Le 20 ou le 21 janvier, 2451 déportés sont entassés dans des wagons à charbon que les hommes rentrés dénommaient "wagons découverts", sans recevoir de nourriture. Après six jours de transport, il arrive vivant avec 100 hommes du convoi 76, le 26 janvier 1945 au camp de Buchenwald. Son matricule est le 123497. Il survit encore jusqu’au 10 mars 1945 où, selon les documents de l’infirmerie du camp de Buchenwald, il décède, à 3h45 du matin, d’une pneumonie. Ces décès des déportés évacués dans les conditions dantesques des marches de la mort se multipliaient aux lendemains de leur arrivée au camp de Buchenwald.

Gilberte Carcassonne entre, elle, au camp de femmes de Birkenau. Son numéro matricule est le A-8433. Plusieurs femmes témoignent l’avoir connue à Birkenau jusqu’au mois de septembre 1944, date à laquelle elles ont été transférées au camp de Ravensbrück d’où elles ont été déplacées peu après leur arrivée vers le camp de Malchow, un Kommando de Ravensbrück. Elles y ont été libérées par l’Armée rouge en mai 1945. Gilberte Carcassonne est rapatriée par Lille le 23 mai 1945.

Elle retrouve son fils Samuel qui s’est marié à Mirabel aux Baronnies le 24 août 1970 avec Marguerite Algrenati. Il est décédé le 21 avril 2006 à Créteil.


Rapport effectué le 21 mai 1949 par le service de recherche faisant état du parcours de déportation de Giberte Carcassonne

Sources DAVCC Caen aC21P 628958- 433264- Mémorial de la Shoah-Archives Arolsen- Mémoire Résistance HB

Chantal Dossin

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