Simone et André Lyon, âgés de 46 et 54 ans
Simone Mayer, épouse Lyon est née le 5 février 1898, à Paris ; André est également né à Paris, le 19 décembre 1890. Ils se sont mariés le 25 mai 1926 à la mairie de Neuilly sur Seine. Ils sont Français d’origine. André Lyon était administrateur de société, est-il indiqué sur sa fiche d’entrée au camp de Drancy. Il semble qu’il était directeur de la société de parfum de luxe Vigny. Ils habitaient au 416, rue saint Honoré, où se trouvait le siège des parfums Vigny.
Entre 1940 et 1944, ils se réfugient, dans un premier temps, à Vaison-la-Romaine, puis s’installent à Buis-les- Baronnies. Leur présence à Buis pourrait être liée aux affaires de leur société de parfums ?
Le 21 mai 1944, vers midi, une dizaine de policiers en civil accompagnés d’autant de soldats allemands transportés dans un camion effectuent une opération de police à Buis-les-Baronnies. Ils cernent tous les hôtels de la localité et y contrôlent tous leurs occupants. Ils effectuent quatorze arrestations de personnes « de race juive », dit le rapport de police. Pour la plupart, celles-ci sont prises dans l’hôtel du Lion d’Or où elles s’étaient réfugiées. L’arrestation a été simplifiée du fait que ces personnes devaient venir prendre leur repas de midi à l’hôtel, cas probablement du couple Lyon. Toutes sont emmenées dans un camion à la prison Sainte-Anne en Avignon. Cette rafle reste l’une des plus importantes menées dans la Drôme par les nazis. Ils sont ensuite expédiés au camp de Drancy où ils entrent le 13 juin, dans un convoi de 67 Juifs venant de Marseille. La fiche du carnet de fouille d’André Lyon dit qu’il remet au chef de la police du camp la somme de 12303 francs, puisque chaque interné devait remettre argent et objets de valeur à son entrée au camp. Son numéro matricule est le 23928, celui de Simone suit, le 23929.
Le 30 juin, ils sont conduits à la gare de Bobigny avec 1153 internés destinés à être déportés vers le centre de mise à mort d’Auschwitz-Birkenau. C’est le 76ème convoi de déportés juifs parti de Drancy. Le voyage qui dure quatre jours, par une chaleur torride, est particulièrement épuisant pour ces familles entassées dans des wagons à bestiaux plombés. Le 4 juillet, le convoi entre à l’intérieur du camp de Birkenau sur la « rampe d’Auschwitz » où a lieu la sélection. Les travaux de Serge Klarsfeld ont permis d’apprendre que 223 femmes sur 495 et 398 hommes sur 654 sont déclarés « aptes » pour le travail. Ce sont généralement les plus jeunes. Le nombre de déportés désignés pour ce travail d’esclave, plus de la moitié, est beaucoup plus élevé que celui des transports précédents car Les camps deviennent, en 1944, un vivier de travailleurs pour l’industrie de guerre. L’autre moitié du convoi, les malades et les enfants, dits « inaptes » au travail, sont gazés dès l’arrivée.
Simone et André Lyon sont visiblement entrés au camp.
Alors que le frère de Simone, Raymond Mayer, les recherche éperdument en septembre 1945, écrivant à tous les services de recherche de déportés ; il recueille des témoignages disant qu’André aurait été vu dans un Kommando d’électricien au camp de Monowitz où était installée l’usine « Buna » d’IG Farben et qu’il aurait eu un matricule proche de 16800 ?
Quant à Simone, selon les témoignages, elle était au camp de femmes de Birkenau, bloc 30 où ont été internées une grande partie des femmes de ce convoi, elle aurait eu un numéro matricule proche de 8700 ? Elle y est vue jusqu’au mois de décembre, puis aurait été évacuée au camp de Bergen Belsen où elle aurait soigné des malades à l’hôpital, puis serait partie en mars 1945, vers Bromberg, un camp de concentration situé en Allemagne de l’Est. Son frère n’a pas réussi à retrouver sa trace.
Simone et André Lyon ne sont pas rentrés ; ils font partie des innombrables Juifs disparus, assassinés ou morts d’épuisement dans les camps nazis.
Sources DAVCC Caen aC21P 628958- 433264- Mémorial de la Shoah-Archives Arolsen- Mémoire Résistance HB
Chantal Dossin