Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Jean Lebas, socialiste, résistant, déporté

ministre du Front populaire
lundi 21 mars 2022

Lebas, maire de Roubaix, ministre du travail de Léon Blum, ministre des P.T.T., résistant, déporté.

Jean Lebas, 1878-1944, Roubaix-Sonnenburg
CRPMS UNIVERSITÉ DE PARIS DIDEROT, UNIVERSITÉ DE LILLE, AFMD. - DT 59
« Déportations en héritage » - Lundi 21 mars 2022, 17h à 18h30.

Jean-Baptiste Lebas

La déportation d’un élu, ministre du Front Populaire : Jean Lebas, par Jacqueline Duhem, Agrégée d’histoire, membre de la Commission Historique du Nord et du Cercle d’Étude de la Déportation et de la Shoah. Modérateur Robert Vanovermeir, Professeur d’histoire, Vice-Président de l’AFMD.
Déportations en héritage, conférences (Nord. Pas-de Calais)

Jean-Baptiste Lebas, socialiste, maire de Roubaix, ministre du travail du Front populaire, réalise les réformes sociales [1].

" Il étendit l’œuvre des cantines pour les écoliers de la ville, créa la colonie scolaire (1920) et l’École de plein air (1921). Il fit bâtir des édifices scolaires spacieux, des dispensaires antituberculeux, un pavillon de cure, fit aménager un Parc des Sports et une piscine et assurer consultation de nourrissons, vaccination et inspection médicale scolaire. Dès 1920, il fut l’initiateur des premières Habitations à Bon Marché de France. En 1921, il créa le Fonds municipal de chômage." cf. Le Maitron

Dès août 1940, il appelle à la résistance, dans une brochure intitulée Le socialisme continue ! . Il fonde un réseau de résistance, « L’Homme libre  » et un journal du même nom [2]. Jean Lebas écrit dans L’Homme libre : « Il n’est pas question pour nous de reconstituer de parti politique, puisque le Parti socialiste n’est pas dissous. »
Il créé un Comité d’action socialiste (CAS). Il fait partie du réseau Ali.
Le 21 mai 1941, Lebas est arrêté par la Feldgendarmerie pour avoir hébergé un sergent anglais, conduit de prison en prison, en France, à Bruxelles et Berlin, [3]. Le 21 avril 1942, Jean Lebas, après un interrogatoire de quatre heures au tribunal-prison de Charlottenburg est condamné à trois ans de travaux forcés. Il est tranféré à la prison militaire Lehrter Straße utilisée par la Wehrmacht et la police, et la Gestapo après l’attentat du 20 juillet 1944. (La prison de Moabit est proche).

Rejugé par une cour martiale, Jean Lebas est condamné à mort et fait appel. Il subit sa peine à Sonnenburg-sur-Oder, une forteresse de travaux forcés pour les détenus [4] il travaille dans un atelier de ficellerie installé sous les combles d’un des bâtiments du centre de détention (Zuchthaus), 11 heures par jour. Il est mort en mars 1944 suite à un tabassage, ou exténué, mort d’épuisement.

Sonnenburg

En 1915, Lebas avait été arrêté par les forces d’occupation pour avoir refusé de leur livrer la liste des jeunes de dix-huit ans, qui devaient être envoyés comme travailleurs de force en Allemagne, et interné.

CNRD 2020. Juin 1940 : les premiers résistants français sont nordistes

La répression dans le Nord de 1940 à 1944 :
https://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1969_num_51_203_2716
Dès l’automne 1940 un jeune roubaisien Roger Vanovermeir en résistance
Jean Lebas, socialiste, résistant, déporté

Une conférence du Cercle

Jean-Baptiste Lebas, Conférence 28 septembre 2023

Jean PIAT, Jean Lebas : de la Belle Époque à la Résistance, Maison du livre, Roubaix 1994
Etienne FISCHER, Jean-Baptiste Lebas, le Combat pour la liberté, Reflets d’histoire-Almatée-Hachette, 2023

Sonnenburg

  • Centre de détention de Sonnenburg

Le centre de détention (Haftstätte) de Sonnenburg, anciennement camp de concentration, a été fermé pour vétusté, puis a fonctionné pour les opposants de 1933 à Hitler (Zuchthaus), puis comme bagne pour travaux forcés.
En 1933, la maison d’arrêt est aux mains de la SA. Les opposants politiques y sont incarcérés et torturés, dont Carl von Ossietzky [5].
En 1934 Sonnenburg devient un lieu de travaux forcés. De nombreux détenus sont Nacht und Nebel, décret de Keitel du 7 décembre 1941.
http://www.monument-mauthausen.org/spip.php?page=print&id_article=8829

C’est le lieu du plus grand massacre de détenus de la phase finale de la Seconde Guerre mondiale Au centre de détention de Sonnenburg massacre de plus de 810 détenus [6], en particulier de Soviétiques. Sonnenburg, aujourd’hui Słońsk est en Pologne près de Küstrin, pas loin de Berlin. Il n’y a eu pratiquement pas de poursuites après guerre. Les Polonais ont repris l’enquête en 2014.

KZ und Zuchthaus Sonnenburg - Historische Bilder der Roten Armee
https://www.memorialmuseums.org/denkmaeler/view/143/Martyriumsmuseum-Sonnenburg

COPPI Hans, MAJCHRZAK Kamil, (Hrsg.), Das Konzentrationslager und Zuchthaus Sonnenburg, Metropol, 2015

Un réseau belge du Nord : Ali-France :
https://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1994_num_76_306_4929

NM

[1Le salon Jean Baptiste Lebas à l’hôtel du Chatelet a été inaugré en 2016.

[2« L’Homme libre  » Jean Lebas et Augustin Laurent cofondent L’Homme libre en 1940, devenu La IVe République en 1941. Augustin Laurent crée Nord Matin, Journal de la Démocratie Socialiste en 1943. À la Libération, Nord Matin reçut les biens du Réveil du Nord, qui avait continué à paraître pendant l’Occupation sous contrôle allemand. Note Jacqueline Duhem.

[3à Loos, à Saint-Gilles près de Bruxelles, à Hambourg, puis dans les prisons de Berlin : Charlottenburg, Tigel, Lehrterstrasse

[4Sonnenburg, un enfer de tortures (Folterhölle) pour Carl von Ossietzky et Erich Mühsam. Un massacre par les SS a lieu fin janvier 1945, à l’approche des troupes soviétiques.

[5éditeur du magazine Die Weltbühne (La Scène mondiale) transféré ensuite au camp d’Esterwegen. Erich Mühsam, assassiné au camp de concentration d’Oranienbourg, écrivain anarchiste est passé aussi par Sonnenburg) ...

[631. Januar 1945 : Mehr als 810 Häftlinge des Zuchthauses Sonnenburg wurden ermordet.