Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Les Assassins sont parmi nous de Wolfgang Staudte, 1946

Die Mörder sind unter uns
mardi 11 août 2020

Premier film allemand après l’effondrement de 1945 et premier film de la DEFA, ce film parle de la culpabilité, des victimes et des bourreaux.

Dans Berlin en ruines, Hans, un ancien soldat allemand, noie son désespoir dans l’alcool. Les Trümmerfrauen s’activent pour déblayer les ruines. Une jeune femme allemande, Susanne, photographe, de retour d’un camp de concentration, veut travailler et vivre dit-elle au vieux réparateur de lunettes qui attend le retour de son fils. Elle a la surprise de voir son appartement aux vitres cassées occupé par un locataire peu sociable, usé, qui rentre complètement saoul tous les jours, au bout de la nuit.

En portant une lettre d’adieu destinée à la femme du capitaine Brückner, Susanne apprend que ce dernier est vivant. Au petit déjeuner il lit son journal, qui titre « 2 millions de gazés à Auschwitz ». Hans rencontre son ancien chef, vivant, bon père, bon mari, avec une famille idéale, un bel appartement avec des vitres, des ouvriers, une usine qui recycle des casques pour en faire des casseroles. Contrairement à beaucoup d’Allemands il a réussi sa reconversion en chef d’entreprise en temps de paix et ne regrette rien de son passé. Il rend à Hans son pistolet que celui-ci lui a laissé il y a quelques mois encore pour qu’il puisse se suicider s’il était pris par les Soviétiques.

Hans balade Brückner dans les ruines, il veut le tuer. Mais une femme a besoin d’aide pour sa fille qui s’étouffe. Hans, ancien chirurgien, réussit à l’opérer sur place. D’avoir sauvé une vie lui procure une joie intense et au petit matin, sobre, il avoue son amour à Susanne.

Noël. Hans se revoit en 1942, sur le front de l’Est, dans un village, où un ordre a été donné de rassembler les habitants. Un coup de feu a été tiré, des représailles vont s’abattre sur la population. Le docteur Hans Mertens intervient auprès du capitaine Brückner pour que ces gens soient relâchés, c’est Noël, il y a des femmes et des enfants. Brückner ne se laisse pas attendrir, les soldats chantent des chants de Noël autour du sapin sur fond de fusillades.

Berlin, 1945. Les ouvriers de l’usine sont réunis autour de leur patron, Brückner, qui leur fait des discours sur la paix et la reconstruction. Ils chantent des chants traditionnels de Noël. Hans a son pistolet. « Les assassins sont parmi nous. » Susanne a découvert le journal de Hans qui parle du massacre de 1942. Elle arrive à temps pour empêcher Hans de tirer sur ce nazi heureux de vivre, incapable du moindre remords.
« On ne peut faire justice soi-même. »

L’image finale montre le nazi sous les barreaux, criant « Je suis innocent », entouré des photos d’hommes, femmes, enfants avec en fond sonore, le bruit de fusillades.

Ombres et lumières. Des images expressionnistes des ruines en clair obscur rythment le film. La musique oscille entre vieux chants folkloriques et musique nazie.

Un programme de rééducation a été mis en place par les Soviétiques et les Américains.
La DEFA (Deutsche Film AG) est fondée sur les décombres de la puissante UFA en 1946 dans la zone d’occupation soviétique dans l’est de l’Allemagne à des buts de dénazification.
« Der Mann den ich töten werde » a changé de titre et de fin, le film prévoyait que le docteur tuait le capitaine nazi. L’administration militaire soviétique avait demandé ces modifications par crainte que d’autres personnes veuillent se venger, en faisant justice elles-mêmes.

https://www.arte.tv/fr/videos/025644-000-A/les-assassins-sont-parmi-nous/

La République fédérale d’Allemagne et la RDA ont été créées respectivement le 23 mai 1949 et le 7 octobre 1949.
NM