Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

De Bacalan à Saint Astier

l’usine d’aviation s’enterre ; les maquisards et la bataille de Saint Astier
mercredi 22 mars 2017

L’usine d’avion SNCASO repliée à Saint-Astier, en Dordogne, est sous la surveillance des Allemands. 21 otages sont fusillés aux Quatre-Routes le 20 août 1944.

Bordeaux, place des Quinconces, les chevaux de la fontaine des Girondins, 1941. Enlevés durant l’Occupation, ils ont retrouvé leur place en 1983.

les chevaux en 1941

Les usines SNCASO, à Bacalan, un des hangars :

Garage Moderne. Hangar SNCASO. Photo JB Mullier
Garage Moderne. SNCASO

Après le bombardement par les Alliés des usines SNCASO, à Bacalan, dans la banlieue de Bordeaux, les usines d’aviation se replient dans les carrières, à Saint Astier, en Dordogne.

L’entrée des carrières de la S.N.C.A.S.O (Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest)

L’entrée principale de l’usine souterraine
collection personnelle

Les travailleurs masculins et féminins de la SNCASO qui ont été mutés, sont gardés par des vieux allemands. Une résistance larvée s’installe. Le travail se fait au ralenti, les grains de sable et sabotages entravent la production.

L’usine souterraine d’aviation

Saint Astier
collection particulière

Comme en Allemagne, les usines s’enterrent. Dans la carrière, bureaux, réfectoire, système de ventilation, entrée principale, entrée secondaire, carrière, 1944, pièces détachées d’avion, réfectoire.
chassis ailes Laté 63, 1945.

un exemple d’usine souterraine, tunnels dans la carrière de Langenstein
Photo UH
La carrière 1944-45
collection particulière, photos Max Mullier

Les maquis et la retraite allemande sanglante :
C’est une région accidentée avec beaucoup de forêts, il y a donc des maquisards en Dordogne.
Les Allemands sont concentrés dans les Blockhaus près de la Carrière. Les canons et les négociateurs dont monsieur Le Lorrain ont abouti à la reddition des Allemands occupant la carrière.
Des résistants se sont saisis de 80 Allemands. Craignant des représailles, la population a fui aux alentours.
"Il faut partir", disent des gens de chez Dumaine, un pépiniériste. Les gens du hameau ont traversé l’île en barque pour se mettre à l’abri. Ils partagent le peu de victuailles qu’ils ont emporté.
Le pont a sauté à Libourne, il faut repartir à pied et en barque.

Le 12 juin 1944, des Allemands arrivent aux Quatre routes et abattent des paysans dans leur champ.
Une colonne arrive de Périgueux.
Des soldats ukrainiens ( ?) rampent dans les fossés pour rejoindre les Quatre-Routes. D’autres volent des bicyclettes, tout ce qui peut rouler. Les maquisards attaquent la colonne allemande qui se repliait depuis Périgueux. Des avions passent en rase-motte au dessus de la population.

Lors de la bataille de Saint Astier le 20 août 1944, vingt et un habitants de Saint-Astier sont fusillés au lieu dit Les Quatre-Routes. Parmi les fusillés, des ouvriers de la la SNCASO, Société Nationale de Construction aéronautique du Sud-Ouest, le curé Lafaye arrivé à bicyclette avec son drapeau blanc pour essayer de sauver des otages et son interprète, un Lorrain.

Les maquisards regroupés en trois compagnies : compagnie Cyrano, compagnie Lelong, compagnie Labadie, partent vers Bordeaux.

Périgueux [1] est libéré le 19 août.

La colonne allemande continue sur Montpon. Le Bataillon Violette la suit et engage le combat au Pizou le 22 août 1944.
Violette après quelques pertes, regroupe son bataillon et rejoint le régiment Rac pour investir Angoulême.

Des F. F. I. montent du Midi : le corps franc Pomiès, la colonne Soulé (Armagnac-Bigorre) et le corps franc de Lannemezan.Ils sont rejoints par les F.T.P. du commandant Louis, la compagnie Valmy du groupe Alsace-Lorraine, le régiment Bir-Hakeim (F.F.I. de la Charente), les 1er et 2e bataillons Rac, les groupes Charentais du commandant Bernard. Ils prennent Angoulême le 1er septembre.

La carrière de nos jours :

La carrière. Photo JB Mullier
Saint Astier aujourd’hui, photo JBM

La Brigade Rac armée secrète Dordogne-Nord, Capitaine Fred ( Alfred Dutheillet de Lamothe), Imprimerie Fabrègue,1977, 498 p.

La Brigade Rac (pseudo de Rodolphe André Cézard (FFI) ) est un groupe de maquisards du sud-ouest de la France, organisée en 3 bataillons, qui a participé à la Libération de Périgueux, Angoulême, Saintes en 1944 et de Royan en 1945, devenue alors le 50e RI.
http://resistancefrancaise.blogspot.fr/search/label/Brigade%20Rac

A Périgueux, une stèle sera inaugurée et le rond-point de la Beauronne sera rebaptisé au nom de la brigade RAC grâce aux efforts de Jean-Paul Dufour qui est entré dans le bataillon Violette pour ne pas aller au STO.

Gironde
Opération Frankton : une opération britannique est menée contre des navires allemands. Deux Royal Marines parvinrent à regagner l’Angleterre, les 6 autres ont été fusillés, contrairement aux lois de la guerre.
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/operation-frankton
Commando sur la Gironde (The Cockleshell Heroes), GB, par José Ferrer, 1955, 97 min.

Mémorial Frankton au Verdon

[1Michael Hambrecht, chef de la Gestapo de Périgueux, arrêté à Stuttgart en janvier 1945, est condamné à mort.
Des exactions ont été commises à Périgueux et en Dordogne par des criminels, auxiliaires de la Gestapo. La Phalange nord-africaine en Dordogne - Histoire d’une alliance entre la pègre et la Gestapo, Patrice Rolli, Éditions l’Histoire en partage, 190 p.