Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Historiens et géographes

la revue de l’Association des Professeurs d’Histoire et de géographie (APHG)
mercredi 5 juillet 2000

recensement d’articles publiés par la revue de l’APHG sur la déportation et la Shoah de 1945 à 1998

Articles sur la déportation et la Shoah

Dans la revue Historiens et Géeographes,
la revue de l’Association des Professeurs d’Histoire et de géographie (APHG) de 1945 à 1998

Le recensement des articles parus dans le bulletin devenu la revue "Historiens et Géographes" (du N° 103-104, de novembre 1945 au N° 319 de juillet- aout 1988), opéré à partir de la Libération montre que cette publication obéit à la règle énoncée par Henry Rousso sur les phases de réactivation de la mémoire et du témoignage [1].

Dans une première période qui va des années d’après-guerre au début des années 70, la référence est affaire d’acteurs-témoins et plus encore d’historiens spécialisés. Les deux figures principales sont Henri Michel à la tête du Comité d’histoire de la seconde guerre mondiale de 1951 à 1979, structure rattachée au CNRS et Olga Wormser-Migot mais aussi Jules Isaac pour ses publications sur les Tsiganes, Que sais- je publié aux PUF en 1953 et Genèse de l’antisémitisme paru en 1956, Michel de Bouard Mauthausen, 120 000 morts et plus et Marie Granet.

La revue d’histoire de la seconde guerre mondiale avec ses rubriques produit d’un travail en commissions spécialisées (Déportation à partir de 1951, Occupation et Résistance, Histoire de la captivité) et les livres de la collection "Esprit de la Résistance" font l’objet de compte-rendus réguliers, qu’ils se présentent comme ouvrages d’histoire et / ou de mémoire.

Des témoignages peuvent faire l’objet de numéros spéciaux de la revue d’histoire comme par exemple "Tragédie de la déportation 1940-1945, témoignages des survivants des camps de concentration allemands" (compte- rendu dans le bulletin, de l’association des professeurs d’histoire et géographie de l’enseignement public de mars 1955) ou "La condition des Juifs" (articles de Vermeil, Billig, Borwicz, Poliakov, Mazori ou " Les camps de concentration " (1962).

La revue de l’APHG publie des analyses positives, nuancées des ouvrages publiés par des historiens, des acteurs et des victimes, y compris l’abondante production de la maison d’édition du parti communiste, les Editions Sociales. Elle participe à l’organisation du concours national de la Résistance qui y ajoute la Déportation, par le biais essentiel de son principal animateur, l’inspecteur général Louis François. Par contre dès 1957, ce dernier fait un compte- rendu très critique de l’ouvrage de Paul Rassinier Le Mensonge d’Ulysse.

François Delpech

Le tournant s’opère en 1971 avec la conférence d’un assistant d’histoire, François Delpech, sur "L’antisémitisme et son évolution, notamment en France, à l’époque contemporaine" présentée devant les professeurs de la Régionale de Lyon.
C’est le travail de cet historien qui va s’ajouter aux productions renouvelées d’Henri Michel, à l’édition de la thèse d’Olga Wormser-Migot, Essai sur les sources de l’histoire concentrationnaire nazie, INRDP 1968 et à la publication en 1972 du livre de Robert Paxton La France de Vichy. Le Comité d’histoire de la seconde guerre mondiale fait alors paraître, avec l’aide de ses correspondants départementaux, des cartes de la souffrance et de l’action.
L’essentiel reste cependant la parution dans le N° 273 de la revue de l’APHG, en Mai-Juin 1979, d’un long texte de F. Delpech sur "La persécution nazie et l’attitude de Vichy " coexistant avec la lettre de Louis Mexandeau au ministre Christian Beullac "trouvant très regrettable que les brochures éditées par l’Institut national de la recherche pédagogique sur l’antisémitisme et la déportation soient épuisées depuis 15 et 10 ans… "
L’analyse en 44 pages de François Delpech [2] se décompose en caractères et étapes de la persécution nazie, La persécution des juifs et l’attitude du gouvernement de Vichy, Travaux et controverses, le point sur les questions controversées et documents annexes.
http://aphgcaen.free.fr/cercle/delpech.htm

Il se prolonge par le colloque d’Orléans (29-30 avril 1979), le colloque de Rennes sur " L’enseignement du génocide juif " ( compte- rendu publié en octobre 1981) ajoutés aux colloques organisés par le CDJC sur "L’Etat, les églises et les mouvements de résistances pendant la persécution des Juifs en France (10-12 mars 1979) et le colloque programmé par F. Furet et R.Aron sur " la seconde guerre mondiale et l’holocauste".

Les relations établies avec la FNDIRP se traduisent par une information sur ses publications : " La déportation " tirée à 90000 exemplaires et " L’impossible oubli" à 300 000. Lorsque se multiplient les travaux d’historiens dont ceux de Georges Wellers, de Robert Paxton et de Michael Marrus, la revue "historiens et géographes" rend compte en mars 1985 d’un colloque sur " la participation des juifs à la libération du territoire national " organisé l’année précédente par l’Institut d’ Histoire du temps présent.

Henry Bulawko, président de l’amicale d’Auschwitz écrit en mars 1985 un premier article sur le 40ème anniversaire de la Libération sous le titre "Auschwitz, un défi à l’humanité", il écrit de nouveau après le colloque de l’Amicale de liaison des anciens résistants juifs sur " La résistance juive , où en est son histoire ? "
Il fait enfin le compte- rendu du livre d’Adam Rayski Nos illusions perdues parues chez Balland en 1985.

Le 40 ème anniversaire de la victoire qui est aussi celui de la Libération des camps, permet de faire le point après la disparition du Comité d’Histoire de la seconde guerre mondiale, avec son réseau de 156 correspondants, alors qu’Henri Michel est devenu président du Comité international, élu en l970 et réélu en 1975 et 1980.
Pendant ses 35 années d’existence, le Comité aura établi 120 000 fiches sur la déportation concentrationnaire et 150 000 fiches sur l’action de la Résistance, plus des cartes départementales de la souffrance et de l’action.
Parallèlement la revue s’est transformée en Revue d’histoire de la seconde guerre mondiale et des conflits contemporains.
La mort d’Henri Michel en 1986, auquel la revue "Historiens et géographes" rend un long hommage par le rappel de ses publications et des documents accumulés par le comité qu’il présida, donne la mesure de ses travaux et rappelle l’échec de son projet de Musée national de la Résistance et de la Déportation alors que des musées régionaux ont été créés.

Par un effet de conjoncture (attentats de caractère antisémite, diffusion de thèses négationnistes), la revue s’associe à la table ronde organisée par l’IHTP, le 30 juin 1986, dont rend compte Aleth Briat dans le N°310, et la question de l’enseignement de la Déportation et de la Shoah est devenue une priorité puisque dans les recommandations touchant à l’utilisation des manuels, il est noté " l’horreur des camps d’extermination et le génocide ne doivent pas être traités comme des phénomènes marginaux. "

Dans la période qui va de 1989 à 1998, des expériences pratiques sur les voyages dans les camps d’Auschwitz ou de Mauthausen, le recensement des musées de la Résistance et de la Déportation, les divers concours de la résistance, des annonces comme les journées d’étude avec l’Amicale d’Auschwitz, des comptes- rendus de colloques comme Les échos de la mémoire du 15/6/1990 où il est question de négationnistes, peuvent être recensées.

Les comptes-rendus de voyages sont l’occasion de s’interroger sur la Mémoire des déportés : mémoire souffrante au début, puis mémoire militante face au négationnisme, et mémoire historique aujourd’hui.

Le N°328 juillet-août 1990, le PAE de Maryvonne Braunschweig, Enquêtes autour d’un film de Louis Malle sur les Déportés d’Avon, complétées par des études de films comme l’Oeil de Vichy, des séries de séquences pédagogiques, d’analyses de livres comme l’Ami retrouvé ou les livres de Primo Levi.

Le n° 333 d’octobre 1991 relate des visites de camps avec des lycéens d’une part et des professeurs d’autre part, à Auschwitz et Mauthausen. Il y a là un dossier complet. Dans ce numéro le directeur du Centre de recherche sur l’Allemagne contemporaine, Jean Bariety répond aux accusations de la presse qui, à propos de l’affaire de Carpentras, accuse les historiens français de ne pas faire de recherches sur le nazisme, le système concentrationnaire et l’extermination.

Dans le N° 339 de février- mars 1993 un article sur Le génocide nazi et les négationnistes de Bernard Comte, membre d’un collectif de Villeurbane, avec une préface de Jean Peyrot, rend compte systématiquement de la genèse du génocide et de l’action d’extermination. Les thèses des négationnistes y sont analysées. Cet article nous invite à transmettre " mémoire et connaissances ".

La place du témoin prend de l’importance dans la revue : le n° 335, de février 1992 relate une journée d’étude à la Sorbonne, de l’APHG et la FNDIRP, du 24/ 11/1990, sur le témoignage des déportés dans les établissements scolaires. " Rien ne remplace l’émotion d’un témoignage vivant ".

Dans le n° 342 de décembre 1993, Jean Peyrot dans son éditorial rappelle le devoir de mémoire et l’organisation de rencontres entre témoins, combattants et déportés et des professeurs d’histoire " dans les classes et hors des classes ".

Puis il est question de musées, comme celui de Besançon où une place importante est réservée à la déportation et à la solution finale, ou celui d’Izieu réalisé après le procès Barbie.
Donna Evleth, une Américaine a fait une étude des musées en France de la Deuxième guerre au moyen d’un questionnaire, et plus d’un quart s’intitulent "Musées de la Résistance et de la Déportation".

Le Struthof, le seul camp de concentration en France est présenté dans le numéro 347 sur l’Alsace de février 1995.

A l’occasion de l’anniversaire de la "libération" des camps, dans le N° 348 de mai-juin 1995, Annette Wieviorka rappelle le retour des déportés, avec la découverte progressive des camps par les Alliés, des camps ordinaires et des usines de morts. En France rien n’est prévu, et en particulier pour les survivants juifs.

Dans le N° 362, de juin-juillet 1998 sur le Civisme, à l’article C comme commémoration, Hubert Tison rappelle l’intérêt d’un travail interdisciplinaire qui a été mené en 1994 sur l’histoire de son lycée (Jacques Decour) pendant l’occupation et sur l’histoire des professeurs et élèves morts pour la France à l’occasion de l’anniversaire de la Libération.

Le devoir de Mémoire, c’est de former des citoyens pour que les horreurs d’hier ne se reproduisent plus.
Aujourd’hui c’est l’expression "travail de mémoire" qui est utilisée.
Histoire, mémoire et politiques mémorielles, H. Rousso et S. Ledoux

Marie Paule Hervieu, Nicole Mullier.

[1(1 Henry Rousso, Le syndrome de Vichy , Paris, Seuil 1987)

[23 F. Delphech "Sur les Juifs, Etude d’Histoire contemporaine " Presses universitaires de Lyon


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