Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Résistants fusillés et profanation à Egalayes

Marie Paule Hervieu
mardi 29 septembre 2020

Ce lieu de mémoire a été profané en 2017.

Résistants fusillés et extrême droite : une histoire longue, à épisodes récurrents

En travaillant sur les jeunes résistants juifs du 11e arrondissement, fusillés, et leur famille, avec la documentation rassemblée par Odette Szylit, je m’intéresse à la famille Hofman, famille juive d’origine polonaise, habitant dans le quartier de la Folie-Méricourt.
Le père, Pinchus, et son fils aîné Nathan, ont gagné la zone Sud, Avignon après que Vitès, la mère, et ses deux filles mineures : Fanny et Suzanne, aient été arrêtées, à l’été 42 (puis déportées par deux convois). Ils arrivent non loin de leur fille et sœur aînée, Esther, mariée, qui habite la Drôme et dont le mari A. Felzner est résistant. Père et fils s’engagent et combattent dans le maquis du Mont Ventoux [1], dépendant de l’Armée secrète (AS) [2]. Ils sont arrêtés par des soldats allemands renforcés par des volontaires français engagés dans l’Armée allemande, et fusillés à Egalayes (Drôme), le 22 février 1944.

En ce lieu de mémoire a été érigée une nécropole nationale, édifice public placé sous la sauvegarde de l’ONAC, elle est profanée (au sens figuré) à deux reprises, en février puis à l’été 2017, avec des inscriptions injurieuses, ce que condamne publiquement l’association «  Mémoire Résistance des Hautes Baronnies » . Parmi les 35 résistants fusillés, il y a 5 Juifs, de nationalités allemande, roumaine et polonaise (les deux Hofman), des Italiens, des Espagnols, donc la plaque commémorative est à l’image de la résistance armée en France occupée.
https://www.humanite.fr/rhone-alpes-nouvelles-degradations-au-memorial-deygalayes-640367

La profanation est bientôt attribuée à des membres de Jeune Nation, une organisation d’extrême droite qui ne tolère ni les Juifs, ni les étrangers. C’est un acte de vengeance, précédé d’une lettre de menace « Nous ne vous oublierons pas » adressée à Mémoire Résistance HB [3]. Ils s’étaient vus refuser l’année précédente, par le préfet des Hautes-Alpes, l’organisation d’un camp, à Salérans, (dédié à la réhabilitation du Maréchal Pétain, dans la propriété d’un prêtre catholique intégriste (de l’œuvre de Notre Dame de la Sainte Messe).

Le travail de mémoire de l’association continue, doublé par la recherche historique. Jacqueline Duhem le fait pour les massacres d’Ascq, c’est plus que jamais nécessaire en ces temps de « mémoire courte ».
Marie Paule Hervieu

Voir
La Tragédie du Maquis d’Izon- la_Bruisse, un maquis des Hautes-Baronnies
https://www.cercleshoah.org/spip.php?article307
L’Association pour la Mémoire de la Résistance et de la Déportation dans les Hautes Baronnies, La Tragédie du Maquis d’Izon-la-Bruisse

Autre attitude :
"Pour éviter que l’anniversaire de la mort de l’ex-SS Karl Münter ne devienne une journée du martyr pour les nostalgiques du Reich, les antifascistes allemands ont tenu une manifestation de soutien aux victimes d’Ascq "
https://www.lavoixdunord.fr/868442/article/2020-09-21/les-antifascistes-allemands-n-oublient-pas-le-massacre-d-ascq-un-apres-la-mort

[1Maquis à Izon-la-Bruisse

[2Armée secrète, rassemblement des forces des principaux mouvements de Résistance de la zone Sud créé à l’automne 1942.

[3Mémoire Résistance des Hautes Baronnies