Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Prora, île de Rügen, une station balnéaire du "KdF" non achevée

« Station balnéaire KdF des vingt mille »
samedi 16 mai 2020

Prora un lieu de vacances gigantesque en projet pour les nazis, un camp pour des travailleurs polonais enfermés dans des baraquements, une zone interdite à l’époque de la RDA, dans l’île de Rügen aux bord de la Baltique.

Une vue panoramique, de bâtiments sur 4,5 km : une énorme caserne, avec des lieux de rassemblements de masse : http://www.berlin-web.de/prora/
Prora en 1937, Bundesarchiv

En 2018, une malle de documents relatifs aux plans de construction du complexe de vacances KdF-Seebad Rügen in Prora est découverte dans une cave à Cologne. Les documents sont aujourd’hui exposés dans le musée.
https://www.nordkurier.de/ruegen/prora-bauplaene-in-altem-ueberseekoffer-entdeckt-1238390902.html

Robert Ley chef du Deutsche Arbeitsfront DAF le Front allemand du travail qui remplace les syndicats, a imaginé le projet. Il est responsable du Kdf (La Force par la joie) "Kraft durch Freude" pour embrigader les sports et les loisirs, et a imaginé des villages de vacances et des paquebots de croisière dont le Wilhelm Gustloff, pour les ouvriers.

Prora devait pouvoir accueillir jusqu’à vingt mille personnes pour y passer des vacances.
https://www.proradok.de/fr/la-station-balneaire-kdf-des-vingt-mille-a-prora-sur-lile-de-ruegen/

Le nom officiel était „Kraft durch Freude-Seebades von Prora auf Rügen" ("station balnéaire KdF des vingt mille"). Son architecte était Clemens Klotz qui avait pour bras droit Adolf Leber. C’est le petit fils de l’architecte qui a découvert la malle.

Avec la guerre le projet est stoppé en 1939.
Le site n’a jamais servi pour le KdF, comme la Volkswagen (voiture pour tous), cela fait partie des mythes du IIIe Reich. Il a accueilli des blessés et des victimes des bombardements, des réfugiés de l’est. Après la guerre Prora a servi de lieu de cantonnement de l’armée rouge, puis, du temps de la RDA, l’île de Rügen était une station touristique, mais Prora était un lieu interdit, une caserne.

Le centre de documentation lance un appel :
"Les témoins de la construction de Prora, de l’exploitation du site et les personnes ayant participé aux voyages KdF, ou pouvant témoigner des conditions de travail et de la situation sociale pendant le national-socialisme, sont priés de nous contacter.
(post[at]prora.eu) "

Jürgen ROSTOCK, Paradiesruinen : Das KdF-Seebad der Zwanzigtausend auf Rügen, Ch. Links Verlag, 2006

Götz ALY, Comment Hitler a acheté les Allemands. Une dictature au service du Peuple, Paris, Flammarion, 2005

NM