Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Isabelle Choko le 27 janvier 2020 à Auschwitz et Auschwitz-Birkenau

CR par Isabelle du 75ème anniversaire de la Libération des camps
lundi 6 avril 2020

Un compte-rendu par Isabelle Choko de la cérémonie du 27 janvier pour le 75ème anniversaire de la Libération des camps

Isabelle Choko le 27 janvier 2020 à Auschwitz et Auschwitz-Birkenau

le 75ème anniversaire de la Libération des camps

J’ai été invitée par notre Premier Ministre, Monsieur Edouard Philippe pour y assister en tant qu’ancienne déportée en ce lieu.
C’était évidemment un voyage très émouvant pour moi, mais également pour mon fils, Nicolas, qui m’accompagnait.
Parmi les invités il y avait un autre ancien déporté avec son épouse, Monsieur Henri
Zajdenwergier, de différents Chefs d’État et personnalités, ainsi qu’une grande partie du Cabinet du Premier Ministre. Celui-ci avait également invité les professeurs et les élèves du lycée de l’Hautil, Jouy-le-Moutier, vainqueur du Concours National de la Résistance et de la Déportation, ainsi que les journalistes.

À l’arrivée de l’avion sur place, à 10h du matin, nous attendaient les dignitaires polonais et l’un d’eux m’a remis un très beau bouquet de fleurs.
Le paysage sur la route qui menait à Auschwitz a été complètement transformé depuis mon dernier voyage, ainsi que le camp même, depuis l’année 2015.
Il y a de nouveaux villages, des maisons récentes, les routes beaucoup plus confortables et les souvenirs du camp bien plus respectueux.

À chaque étape, un autobus ou une voiture nous attendait et ainsi nous sommes passés du Musée d’Auschwitz 1, à la « Judenrampe » d’ Auschwitz-Birkenau, appelé également Auschwitz II. C’est là que je suis arrivée avec ma mère, après la liquidation du ghetto de Lodz en 1944. C’est à cet endroit qu’il m’est arrivée quelque chose d’incroyable.
Un monsieur qui nettoyait la gare, bien qu’il nous a été interdit de parler à quiconque, s’est approché de moi et tout en marchant me disait doucement « tu vois là-bas au bout du quai il y a la sélection, à gauche c’est la vie, à droite c’est la mort, alors fais attention va à gauche, va à gauche. Après un instant de réflexion, j’ai pris ma mère par la main et j’ai avancé aussi vite que possible pour que le maximum des personnes puisent m’entendre « allez à gauche, allez à gauche.

Il faut savoir que Birkenau est le plus grand de six camp d’extermination nazis en Pologne.
900.000 Juifs y ont été assassinés sur 1,1millions de victimes. Les Tziganes et les prisonniers de guerre soviétiques y ont été également assassinés.

La plupart des Juifs de France ont été déportés là-bas, dont Simone Veil.
C’est est un des principaux symboles de la Shoah avec les camps de Treblinka, Belzec, Sobibor, Chelmno et Majdanek.

Cependant, ce lieu a été longtemps négligé avant les efforts prodigués par Serge Klarsfeld et le soutien de la France. Le Président Chirac et Simone Veil l’ont inauguré
seulement le 27 janvier 2005, à l’occasion des cérémonies du 60ème anniversaire de la libération du camp.

La matinée du 27 janvier à Auschwitz 1 a été très bien organisée par la France, les allocutions de notre Premier Ministre ont été remarquables jusqu’à la Judenrampe à Auschwitz II. C’est là que je suis intervenue auprès des lycéens qui ont gagné le Concours.
Je leur ai demandé de me poser des questions étant donné qu’ils venaient de faire la visite du camp. Ils avaient l’air d’être très satisfaits par mes réponses.
Notre Premier Ministre était proche de nous, pratiquement durant tout le voyage.
Je dois avouer que la visite de l’après-midi à Auschwitz II, préparées par les Polonais manquait un peu de respect. En effet, tous les discours ont été prononcés en polonais et les traductions n’existaient qu’en anglais, hébreux et russe.
Les Français, pourtant invités, qui ne comprenaient pas ces langues n’ont pu saisir un seul mot pendant environ deux heures d’interventions, parfois passionnantes de Polonais et cela a été vraiment choquant à mon avis.

En ce qui me concerne c’était différent, car je parle parfaitement le polonais, confirmé d’ailleurs par ceux qui m’ont écoutée en étant vraiment contents de cet échange.

En conclusion, trois interventions, la mienne, celle du Premier Ministre et du Président du Congrès Juif Mondial se sont terminées par des souhaits très forts de combattre l’indifférence et défendre la paix, la liberté, la solidarité et le respect de l’être humain.

Isabelle Choko

Isabelle Choko, ghetto de Lodz, Auschwitz, Bergen-Belsen
Libération de Bergen-Belsen vécue par Isabelle Choko

Isabelle