Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Route Dora Schaul à Brens (Tarn)

La résistance allemande en France : le TA
mardi 4 septembre 2018

Dora Schaul, antifasciste allemande, femme, communiste, juive, résistante qui a dit non, a été internée au camp de Brens, camp d’internement pour femmes du régime de Vichy jusqu’en 1944.

Dora Schaul, née Davidsohn, 1913-1990.

De Berlin, la famille est partie à Essen. Ayant trop hésité à partir en exil, ils seront déportés à Majdanek. Dora Davidsohn, a émigré en 1933 à Amsterdam avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir, puis à Paris en 1934 avec Alfred Benjamin [1], communiste allemand. Ils ont impliqués dans des actions antifascistes. Ils sont sans papiers et Dora fait des petits boulots. Ils vivotent de l’argent du Secours rouge international.

En 1939 Dora, qui s’est présentée à la préfecture de police, ennemie et indésirable, est internée à la Petite Roquette, puis transférée en octobre 1939 au camp de Rieucros [2] (Lozère), puis transférée à Brens (Tarn) en 1942 (Alfred Benjamin épouse alors Dora) dont elle s’évade le 14 juillet 1942. Elle échappe à la grande rafle du 26 août 1942 en zone " libre" par des policiers et des gendarmes français [3]. Elle rejoint la résistance à Lyon à la MOI, puis au TA, travail allemand du PCF [4] sous le nom de Renée Gilbert, elle jette des tracts, colle des papillons "laissez la France libre", "Ne tirez pas". Se faisant passer pour une Alsacienne, elle travaille au foyer des soldats. Puis, sous le nom de Renée Fabre, aux services postaux de la Wehrmacht, elle peut transmettre les mouvements des troupes allemandes à la Résistance. Quand la Gestapo s’installe en face, elle fait une liste avec les noms des collaborateurs de Barbie. Elle doit se cacher et retranscrit les diffusions radio du Comité Allemagne libre.
Ellle est retournée à Berlin en 1946 et plus tard, a épousé Hans Schaul [5]. Ils sont inhumés au carré des communistes à Berlin (Est) Friedrichsfelde.

http://apsicbr.free.fr/

  • Camps de Femmes, de l’historienne Rolande Trempé, avec les témoignages de Fernande Valignat Cognet, Dora Schaul Davidson, Reina Melis Wessels, Michel Del Castillo, Angelita Bettini Del Rio, Camille Planque Alvarez, Raymonde David Fitoussi, Colette Sanson Lucas, Janina Socha, Steffi Spira, Ursula Katzenschein, Université Toulouse Le Mirail, 1998. DVD 2006
    Internées politiques, françaises, antifascistes hollandaises, allemandes et espagnoles, polonaises, juives ou encore femmes d’Europe centrale.
    Michel Del Castillo a été interné avec sa mère à Rieucros.
    Michel Del Castillo, Tanguy, Julliard, 1957
    Michel Del Castillo, Les portes du sang, Seuil, 2003
    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/45113_1
    Les juifs de Lacaune : "les réfugiés juifs, qui ne sont pas dénoncés mais protégés, sans être pour autant intégrés et restent d’étranges étrangers."
    Chronique de la source rouge, Berthe Burko-Falcman

https://camp-rieucros.com/

Brochure Dora Schaul. Résistante allemande en France. Inauguration de la route Dora Schaul, 12 mars 2006, à Brens (Tarn)

"Ils ont été environ 3 000 Allemands antinazis à combattre aux côtés de la Résistance en France".

Dora SCHAUL, Resistance – Erinnerungen deutscher Antifaschisten Angehöriger der französischen Resistance und der Bewegung »Freies Deutschland« für den Westen. Dietz Verlag : Berlin 1973/Röderberg, Frankfurt 1975
Brochure Dora Schaul. Résistante allemande en France. Inauguration de la route Dora Schaul, 12 mars 2006, à Brens (Tarn)
BADIA Gilbert (dir.), Les Bannis de Hitler. Accueil et lutte des exilés allemands en France (1933-39), Presses universitaires de Vincennes, 1984, 411 p.

BONTE Florimond, "Les Antifascistes allemands dans la Résistance française", Éditions sociales, Paris, 1969

BRES Evelyne et Yvan, Un maquis d’antifascistes allemands en France, 1942-1944, Les Presses du Languedoc, éd. M. Chaleil, Montpellier, 1987
LEO Gerhard, Un Allemand dans la Résistance. Le train pour Toulouse, éd. Tirésias, 1997 (résistant à Toulouse, à Castres et dans un maquis de Corrèze).
(Gerhard LEO : „Deutsche im französischen Widerstand – ein Weg nach Europa“, DRAFD Information [6] – August 1999)
Association pour perpétuer le souvenir des internées des camps de Brens et Rieucros
La stèle du camp de Brens (inauguration du 14 septembre 1969) dans les années quatre-vingt était à peine visible, au milieu des ronces dans une haie.

Gedenktafel, Dora Schaul, Dammweg 73, Berlin-Plänterwald, Berlin-Est
photo Wikipedia

le TA

Le travail allemand : Travail antifasciste allemand, organisation spéciale de la résistance avec des germanophones chargés d’infiltrer des services civils allemands, débaucher des soldats.
La Résistance allemande en France, réalisé par Jean-Pierre Vedel, 2006.
Kurt Hälker a fait la connaissance de soldats allemands qui étaient en contact avec les TA (Travailleurs allemands), avec des antifascistes allemands et avec des membres de la Résistance.) Kurt Hälker, Arthur Eberhard, Hans Heise ont fondé un comité Freies Deutschland für den Westen (L’Allemagne libre pour l’Ouest).

Au mois d’août 1944, Peter Gingold dans le cadre du TA, arpente les rues de Paris, brandissant un drapeau blanc, puis du côté de Metz, Thionville, au Luxembourg, puis en Allemagne, afin d’inciter les troupes allemandes à se rendre.
Peter Gingold, "Jamais résignés". Résistance par le "Travail allemand"

GINGOLD Peter, Jamais résignés. Parcours d’un résistant du XXe siècle, L’Harmattan, /(Coll. Graveurs de Mémoire, 22 euros, 190 p., mai 2013
http://clioweb.canalblog.com/archives/2013/06/09/27366796.html

La Parade, La Borie et La Tourette

Karl Heinz,
A Badaroux, le nom de Karl Heinz est inscrit sur le monument. Enfant adopté il fait partie des jeunesses hitlériennes. Lorsqu’il veut se marier, il découvre qu’il est juif. La Gestapo lui fait un procès. Sur le point d’être déporté, il fuit en France. La Gestapo se venge sur des proches. Karl Heinz est tué les armes à la main aux côtés de résistants français à Badaroux.

A Pentecôte 1944, 61 morts français, espagnols, allemands, autrichien, belges, tchèque et yougoslave du maquis Bir Hakeim (AS) de La Parade sur le Causse Méjean, fusillés à La Borie le 28 et le 29 mai dans le ravin de la Tourette à Badaroux (Lozère). Max Dankner a eu la vie sauve en se cachant sous un tas de branches.
http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article187062

[1Interné en mars 1933, puis au KZ d’Esterwegen, libéré à condition d’émigrer en Palestine, Alfred Benjamin part en France, épouse Dora, interné à Chanac, il s’évade et trouve la mort dans un accident en essayant de passer en Suisse

[2camp ouvert par décret par Albert Lebrun, Albert Sarraut, Edouard Daladier après les accords de Munich.

[3Témoigner entre histoire et mémoire, Fondation Auschwitz (Belgique)" Les rafles de l’été 1942 en zone libre. Un crime de l’État français", un film de Antoine Casubolo Ferro, 2009

[4TA : récupérer des informations dans les rues, travailler dans les administrations allemandes pour collecter des informations pour la résistance.

[5Hans Schaul, brigadiste, interné en France dans divers camps dont le Vernet, au camp de Djelfa en Algérie, instructeur en URSS, revient en Allemagne en 1948.

[6DRAFD : association des anciens résistants allemands en France)