Cercle d’étude de la Déportation et de la Shoah

Près de Minsk, en Biélorussie, un endroit de la Mort

Maly Trostenets (allemand Maly Trostinez ; russe Малый Тростенец, Maly Trostenez ; biélorusse Малы Трасцянец, Maly Traszjanez)
dimanche 1er juillet 2018

Un endroit terrible, un lieu de mort, du côté de Minsk, ein „Schreckensort“, ein „Ort des Todes“

Vernichtungsort Malyj Trostenez
exposition à Vienne(Autriche)
Ausstellung : Vernichtungsort Malyj Trostenez. Geschichte und Erinnerung
14.6. bis 27.10.2019 im Haus der Geschichte
10.000 juifs autrichiens tués. Au total, 60.000 personnes assassinées.

D’après Vassili Grossman

  • À Minsk, en Biélorussie (Témoignages recueillis par Vassili Grossman).

"Dès le 15 juillet 1941, les Allemands procédèrent à l’enregistrement des Juifs de Minsk et constituèrent un Judenrat, que l’ancien fonctionnaire soviétique Mouchkine fut contraint de présider. Du 15 au 31 juillet, les Juifs durent s’entasser dans les limites du ghetto, ceint de barbelés, où la surface attribuée à chaque personne adulte était d’un mètre carré et demi. Les Allemands procédaient à des descentes sauvages dans les maisons du ghetto, la nuit, pour voler les Juifs puis les tuer avec une indicible barbarie. Un Germano-Russe, Gorodetzki, ancien combattant blanc de la guerre civile, fut nommé commandant du ghetto. Les hommes du ghetto furent soumis au travail forcé dans des casernes et dans un camp, rue Chirokaïa. Dès août 1941, les rafles se succédèrent au sein du ghetto. Le plus souvent, les nazis procédèrent à l’assassinat des Juifs demeurés à leur domicile, pendant que ceux qui étaient requis pour le travail forcé se trouvaient sur les chantiers. La première grande Aktion fut déclenchée le 7 novembre 1941, quand 12 000 à 13 000 Juifs furent emmenés en camion et fusillés dans des fosses du village de Toutchinka.

Juifs de Minsk



Après ce pogrom, les nazis créèrent un quartier de « spécialistes », donnant aux Juifs l’illusion qu’une qualification pourrait les protéger. Un nouveau pogrom eut lieu cependant dès le 20 novembre : 7 000 Juifs furent assassinés. Les Juifs tentèrent en vain de dissimuler dans des caves et dans des pièces camouflées.
Dès le 10 novembre 1941, un convoi de Juifs allemands fut transféré dans le ghetto de Minsk. Ils furent rejoints par des milliers d’autres Juifs venant d’Allemagne, d’Autriche et de Bohême. Un ghetto spécial fut créé pour ces Juifs occidentaux, qui partagèrent le sort des Juifs de Minsk et furent assassinés dans les mêmes conditions.




Une nouvelle Aktion eut lieu le 2 mars 1942, où 8 000 Juifs furent massacrés, dont les enfants d’un orphelinat et les pensionnaires d’un asile pour handicapés.
Le pogrom ultime eut lieu du 28 au 31 juillet 1942 : 25 000 Juifs furent assassinés dans les pires conditions de barbarie, les Allemands ayant recours à dix camions à gaz dans lesquels les victimes étaient contraintes de monter. Les corps des Juifs asphyxiés furent brûlés dans le camp d’extermination de Maly Trostenets, proche de Minsk.
Des scènes, dignes de l’enfer de Dante, eurent lieu sur la place du Jubilé où les nazis participèrent à un festin orgiaque, tout en poursuivant leurs crimes barbares, en s’attaquant tout particulièrement aux jeunes filles et aux enfants juifs.
Un important mouvement de résistance, dirigé par des militants communistes, en particulier Michael Gebelev et Hersch Smolar [1], se développa dans le ghetto. Les résistants distribuèrent des journaux clandestins, et organisèrent des filières d’évasion hors du ghetto, vers les maquis de partisans. Ils bénéficiaient de l’aide secrète des dirigeants successifs du Judenrat, Mouchkine puis Joffé.
Les derniers Juifs [2] du ghetto de Minsk, biélorusses ou allemands, furent assassinés par fusillades ou camions à gaz lors de l’ultime Aktion des 21 et 23 octobre 1943."

Extrait du Compte rendu du Livre Noir par Jean Luc Landier, dans Guerre et génocide des Juifs à l’Est de l’Europe Petit Cahier 2e série N°23
Guerre et génocide des Juifs à l’Est de l’Europe
EHRENBOURG Ilya et GROSSMAN Vassili, (sous la dir.), Le Livre noir , trad. du russe par Yves Gauthier, Luba Jurgenson, Michèle Khan, Paul Lequesne et Carole Moroz, sous la dir. de Michel Parfenov, éd. Solin Actes sud, 1999, 1 136 p.

Des mémoriaux

  • ein „Schreckensort“, ein „Ort des Todes“
    Mémorial Maly Trostenets (Wiki Commons)

Quelques monuments et mémoriaux ont été créés, à Minsk, en souvenir des victimes du ghetto, des partisans, des soldats soviétiques. Le président de la République allemande, Frank-Walter Steinmeier a visité "l’endroit de la mort", dans la forêt de Blagowschtschina au sud de Minsk, en Biélorussie, le 29 juin 2018.
Il a inauguré une nouvelle partie du Mémorial à Maly Trostenets, sur les lieux du camp d’extermination.
https://www.tagesspiegel.de/politik/bundespraesident-in-belarus-steinmeier-besucht-ort-des-todes/22752766.html

La "Shoah par balles" à l’Est : massacres de masse

Die Größte Aktion du 28 au 31 juillet 1942

en Pologne, Bielorussie, Ukraine.
Photo de la forêt de Blagowschtschina.

4 jours de massacres, Massenerschießung von Juden à Maly Trostenets : 10 000 Arbeitsunfähige (inaptes au travail), femmes, enfants, vieillards du Sonderghetto II de Minsk sont assassinés dans la forêt de Blagowschtschina par des hommes de la Sipo et du SD, de l’ORPO, des Ukrainiens du bataillon de protection et de la Wehrmacht. Les camions à gaz [3] utilisés sont de la marque Diamond et un plus grand est de la marque Saurer. L’"Éradication" du Ghetto II a lieu avant l’arrivée de "transports" de Theresienstadt et Vienne.
Les Allemands ont installés dans le kolkhoze Karl Marx, le Wehrdorf (village fortifié) Klein Trostenieze, avant d’en faire en 1942, un camp d’extermination.

Des partisans, des civils biélorusses et des prisonniers de guerre soviétiques ont été exécutés à Maly Trostenets. Une opération 1005 par les hommes du Sonderkommando 1005 a été menée en 1943 pour effacer les traces des exécutions de masse et brûler les cadavres.
La "Shoah par balles" à l’Est : massacres de masse

Médiagraphie

CHAUVET Didier, Un camp de la mort nazi oublié en Biélorussie : Maly Trostenets, Paris, L’Harmattan, 2015, 155 p.
GOTTWALDT Alfred, « Logik und Logistik von 1300 Eisenbahnkilometern », KOSAK Kuzma : « Das Ghetto von Minsk. » in BARTON Waltraud, Ermordet in Maly Trostinec - Die österreichischen Opfer der Shoa in Weißrussland, New Academic Press, Wien, 2012.
EPSTEIN Barbara, The Minsk Ghetto, 1941-1943 Jewish Resistance and Soviet Internationalism, University of California Press, 2008.
EHRENBOURG Ilya, GROSSMAN Vassili, (sous la dir.), Le livre noir, éd. Solin Actes sud, 1999.
GERLACH Christian, Kalkulierte Morde. Die deutsche Wirtschafts- und Vernichtungspolitik in Weißrußland 1941 bis 1944, Hamburg, Hamburger Edition, HIS Verlag, 1998, 1232 p.
https://www.hsozkult.de/publicationreview/id/rezbuecher-200
KOHL Paul, Das Vernichtungslager Trostenez. Augenzeugenberichte und Dokumente, IBB – Internationales Bildungs- und Begegnungswerk, Dortmund, 2003
LANGEBACH Martin, LIEVER Hanna, (Hg. v.), Im Schatten von Auschwitz, Spurensuche in Polen, Belarus und der Ukraine : begegnen, erinnern, lernen, BpB 2017
Assassinés à Auschwitz mais aussi à Kulmhof, Belzec, Treblinka, Kamjanez-Podilskyj, Blagowschtschina et autres lieux :
http://www.bpb.de/veranstaltungen/dokumentation/259923/im-schatten-von-auschwitz-
RENTROP Petra, Tatorte der „Endlösung“. Das Ghetto Minsk und die Vernichtungsstätte von Maly Trostinez, Berlin, Metropol, 2011.
BENZ Wolfgang, DISTEL Barbara, Der Ort des Terrors, vol 9, CH Beck, Munich 2009.

https://www.zeit.de/2014/34/konzentrationslager-trostenez-weissrussland/komplettansicht

"En 1963, la Cour fédérale de Coblence a jugé des charges liées à des meurtres de masse perpétrés à Maly Trostenets à l’encontre de onze membres de la police de sécurité de Minsk. Sur la base de documents de chemin de fer de l’époque, le tribunal a déterminé que seize transports avaient atteint le camp de Maly Trostenets." Cf. Wikipedia

Edouard Strauch, chef de la Sipo et du SD à Minsk, Georg Heuser, le chef de la Gestapo, Adolf Rübe, dernier chef du ghetto.

Les lieux de terreurs que nous ne devons jamais oublier :

Mémorial Station de métro Wittenbergplatz Berlin, photo U. Schmoll

[1Hersh SMOLAR, Le ghetto de Minsk, préface de Masha Cerovic, Johan-Frédérik Hel-Guedj (Traducteur anglais États-Unis), Postface de Piotr Smolar, Payot, 2022, 360 p.
« Mauvais juif » de Piotr Smolar

[2Le 21 juin 1943, la direction nazie prend la décision d’éliminer complètement tous les occupants des ghettos dans les territoires occupés.

[3chambres à gaz mobiles